Augustin Potier († 1650) est le fils cadet de Nicolas Potier (v. 1541 – † 1^er juin 1635), seigneur de Blanc-Mesnil, second président à mortier au parlement de Paris, chancelier de Catherine de Médicis, et d’Isabeau Baillet, issue d’une longue lignée de magistrats¹. Il est le frère de Bernard Potier, seigneur de Silly, conseiller au parlement de Paris, décédé en 1610 ; du secrétaire d’État Nicolas Potier, seigneur d’Ocquerre ; d’André Potier, seigneur de Novion, président à mortier au parlement de Paris ; et le frère cadet de l’évêque de Beauvais, René Potier (1574-1616), à qui il succède dans la charge épiscopale en 1617, charge qu’il conserve jusqu’à son décès².

Par conviction anti-gallican, Augustin Potier, aux côtés d’Henri d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, ou de Léonor d’Estampes de Valençay, évêque de Chartres, prend une part importante au débat qui oppose, au début des années 1630, le clergé séculier au clergé régulier, à la suite des réformes entreprises par l’évêque de Belley, Jean-Pierre Camus de Saint-Bonnet (1584-1652), qui s’est attaqué, en particuliers, aux dérives disciplinaires des ordres mendiants.

Les ordres réguliers ont sollicité l’aide de Richelieu, qui la leur accorde, dans le contexte de la la publication du Petrus Aurelius de l’abbé de Saint-Cyran. En compagnie de Charles de Montchal, archevêque de Toulouse, et d’Henri d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, il fait part à Richelieu, le 31 mai 1632, de la position du clergé séculier, malgré la permanence de dissensions, concernant la querelle qui les oppose à la Compagnie de Jésus³. Dans une lettre datée du 11 juin 1632, adressée à Henri d’Escoubleau de Sourdis, Richelieu a informé le clergé séculier que le nonce apostolique, Alexandre Bichi, ainsi que le père général des jacobins, refusaient les propositions des évêques, posant comme condition sine qua non à tout accord l’ajout de la formule « juxta decreta concilii Tridentini, et sub bene placito summi pontificis »⁴. Richelieu ne parvient pas à convaincre les évêques, l’archevêque de Bordeaux montrant que les joutes oratoires et les disputes relevaient avant tout d’un gallicanisme exacerbé⁵.

Augustin Potier reprend la plume le 29 mars 1633 et, s’adressant à Henri d’Escoubleau de Sourdis, évoque les principaux protagonistes des débats : la lettre est présente dans les papiers de Richelieu⁶. Il y corrige le projet de circulaire officielle du clergé séculier à propos du Petrus Aurelius de l’abbé de Saint-Cyran, alors que Richelieu publie vers la même époque (1633), chez Sébastien Cramoisy, un texte rédigé dès le mois d’avril 1632 pour soutenir les réguliers, Lettre à M. l’évêque de Belley sur le sujet des Religieux – 11 avril 1632 – [sic], avec la réponse dudit sieur évêque de Bellay.

Il est par la suite grand aumônier d’Anne d’Autriche (1643) et, à ce titre, se pose en rival de Mazarin aux fonctions de principal ministre. Voir aussi Joseph Bergin, The Making of The French Episcopate (1589-1661), New-Haven & London, Yale University Press, 1996, p. 686-687.

Textes 596, 597, 598, 599, 862, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Voir Michel Popoff (pub.), Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, t. 1, p. 39, 176, 179-180 [↩]
2. Ibidem. [↩]
3. L’archevêque de Toulouse, l’archevêque de Bordeaux et l’évêque de Beauvais à Richelieu, 31 mai 1632, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 243, voir le texte 597. [↩]
4. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 307. [↩]
5. Henri d’Escoubleau de Sourdis à Richelieu, 15 juin 1632, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, La correspondance du cardinal de Richelieu… l’année 1632, ouvrage cité, p. 266., voir texte 598. [↩]
6. Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 163-166, voir texte 599. [↩]