Charlotte-Marguerite de Montmorency est le fille du connétable de Montmorency et de sa seconde épouse, Louise de Budos. Née le 11 mai 1594, célèbre pour sa beauté, elle entre très jeune au service de Marie de Médicis. Henri IV ne tarde pas à la remarquer (1609). Il fait rompre ses fiançailles avec le marquis de Bassompierre et la marie au prince de Condé. La princesse, surveillée et enfermée, est placée par son époux sous la protection de l’Espagne mais ne peut se résoudre au sort qui lui est fait. Elle présente aux archiducs Isabelle-Claire-Eugénie et Albert une requête particulièrement vive contre son mari, qui refuse son retour en France. Henri de Bourbon doit même prendre la fuite et se réfugier à Milan.

En 1610, Madame la Princesse rentre à Paris, suivi par Condé, que la Reine mère couvre de distinctions. Mais jaloux de Concini, avide de pouvoirs, Monsieur le Prince entre en dissidence. Marie de Médicis le fait emprisonner en 1616. En 1617, comme son mari, la princesse de Condé est enfermée à la Bastille, puis transférée avec lui au château de Vincennes. Tous deux se réconcilient alors. Ils ne sont libérés qu’en 1619.

Durant leur captivité naît leur première fille, Anne-Geneviève de Bourbon, plus tard duchesse de Longueville. Louis, duc d’Enghien, ne naît quant à lui que deux ans plus tard, en 1621. En 1629 naît encore Armand, prince de Conti.

Mais Monsieur le Prince décide de quitter son épouse, emmenant avec lui leur fils aîné qu’il fait élever en Bourgogne, par les jésuites. Charlotte-Marguerite conserve cependant la jouissance de l’hôtel de Condé à Paris et fréquente la cour, bénéficiant de l’amitié de la Reine.

Réservée, elle évite de se mêler des querelles et cabales qui agitent l’entourage royal. Elle ne sort de sa réserve qu’en 1627 pour intercéder en faveur de son cousin, Montmorency-Bouteville, dont elle recueille la veuve, Élisabeth de Vienne, et leurs trois enfants, François-Henri de Montmorency-Bouteville, futur duc de Pinay-Luxembourg, né en janvier 1628, Marie-Louise de Montmorency-Bouteville, marquise de Valençay en 1641, et Élisabeth-Angélique, future duchesse de Châtillon puis de Mecklembourg, tous trois élevés aux côtés du duc d’Enghien et de la future duchesse de Longueville.

En 1632, elle tente encore de sauver son frère, le duc Henri de Montmorency. Richelieu et Louis XIII restent inflexibles : Madame la Princesse se retire alors dans son domaine de Chantilly, confisqué par le Roi mais où elle a l’autorisation de demeurer, et se consacre à l’éducation de sa fille et de son fils cadet.

En 1643, Anne d’Autriche la choisit pour marraine du Dauphin et lui restitue le château de Chantilly. Elle semble peu affectée par le décès de son époux en 1646, et voit ses enfants opérer des choix politiques radicalement différents. En 1648, le duc d’Enghien devenu à son tour prince de Condé, auréolé de la victoire remportée à Rocroi deux ans plus tôt, reste fidèle à la Régente et à Mazarin, la duchesse de Longueville, qu’Anne d’Autriche n’apprécie guère en raison de sa suffisance, et son frère, le prince de Conti, passent à la Fronde.

Madame la Princesse demeure fidèle à la Reine qu’elle suit à Saint-Germain en 1649. Peu de temps avant de mourir, elle assiste cependant au revirement de son fils aîné, qui rejoint le camp des rebelles, avant d’être arrêté, sur ordre de Mazarin, et emprisonné avec Longueville et Conti, tandis que sa fille doit s’exiler. La princesse douairière de Condé doit se retirer à Chantilly, d’où elle parvient à s’échapper le 27 avril 1650, pour plaider, d’ailleurs en vain, la cause de ses enfants emprisonnés auprès du parlement de Paris et du duc d’Orléans. Malade,

Malade, la princesse douairière de Condé décède le 2 décembre 1650, au château de Châtillon-sur-Loing, où l’a recueillie Élisabeth-Angélique de Montmorency-Bouteville¹.

Sur le témoignage de Madame de Rambouillet, son amie la plus proche, Tallemant des Réaux, qui lui consacre une Historiette, lui prête des amours contrariés avec le cardinal de La Valette². Ce dernier la désigne en effet tendrement, avec sa fille, sous le sobriquet de « Roses vertes », dans sa correspondance avec le comte de Chavigny³.

Textes 104, 335, 417, 677, 681, 711, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Sophie Vergnes, Les frondeuses : une révolte au féminin (1643-1661), Seyssel, Champ Vallon, 2013, p. 479. [↩]
2. Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 67-74 [↩]
3. Voir en particulier le courrier que le cardinal de La Valette adresse au comte de Chavigny le 4 février 1636, translation publiée en ligne, texte 677. [↩]