Henri d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, à Richelieu, Paris, 15 juin 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f° 196. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 266.
Voir aussi les textes 779, 843, 862.
Monseigneur,
J’ai communiqué à MM. de Toulouse et Beauvais, la lettre dont il vous a plu m’honorer sur le fait des réguliers, laquelle les a un peu surpris, estimant que ce qu’ils avaient concerté avec les pères jésuites devait être arrêté sous votre bon plaisir. Mais maintenant, ils doutent que ces bons pères n’aient dessein que de se servir, contre votre intention, de votre autorité pour gagner toujours quelque chose sur celle de l’église, la clause sub bene placito estant absolument captieuse, et nous renvoyant, ou aux indults, <…>, ou à un agrément du Pape, qui ne viendrait jamais, ou si tard qu’il serait inutile.
Pour ce qui est de juxtu decreta concilii tridentini, ils ont opinion que ce n’est que pour éluder la proposition que vous avez faite de cet accommodement, n’y ayant point de doute qu’ils ne doivent pratiquer le concile de Trente. Mais comme il est relatif à plusieurs conciles provinciaux et nationaux, et que nous sommes dans un royaume où il y a des pratiques particulières, et même des conciles qui expliquent les décrets de celui de Trente, et que toutes nos difficultés n’arrivent que dans cette explication, en quoi, seule, ces déclarations peuvent être utiles. Si on y met ces mots, c’est rendre l’effet desdites déclarations inutile, si ce n’est qu’ils y veulent ajouter ces mots, et conciliorum provincialium Gallia statuta, comme plus particulièrement vous verrez par l’écrit que je vous envoie. Ce qui vous fera bien juger la difficulté qu’ils font n’est qu’une jalousie, ou je me trompe, de M. le cardinal de La Rochefoucauld, lequel voyant que sa belle proposition, laquelle je vous envoie, appuyée de l’avis de docteurs qui disent maintenant avoir été surpris, est inutile, tâché d’éluder la résolution, que nous avions prise sous votre autorité avec lesdits religieux, après dix jours de continuelles conférences. M. de Beauvais écrit plus particulièrement de cette affaire à M. Boissard, lequel vous en informera, s’il vous plaît, et tous ensemble vous envoyons M. Meusnier, docteur de Sorbonne, lequel est très instruit de toute l’affaire, comme ayant assisté à toutes les conférences qui ont été faites sur ce sujet, et pourra proposer les divers expédients par lesquels ces nouvelles difficultés peuvent être résolues. C’est, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur,
Sourdis, archevêque de Bordeaux
À Paris ce 15e juin 1632.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (11 mars 2023). Texte 598, année 1632, 15 juin, l’archevêque de Bordeaux à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 16 septembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqgf