Henri II de Montmorency (1595-1632), duc de Damville (1612) puis duc de Montmorency (1613),  est le fils du connétable Henri I^er de Montmorency de Montmorency († 1614), maréchal de France, et de seconde épouse, Louise de Budos.

Dès 1597, son père obtient la survivance à la fois du gouvernement et de la lieutenance générale en Haut et du Bas-Languedoc en sa faveur, puis la survivance du gouvernement de Narbonne en 1599¹.

Il épouse d’abord, en 1609, Jeanne de Scépeaux, fille de Guy de Scépeaux, comte de Chemillé, duc de Beaupréau, et de Marie de Rieux de Châteauneuf, avant que le mariage ne soit annulé. À dix-huit ans, en 1613, il épouse Marie-Félice des Ursins, parente de Marie de Médicis et nièce du pape Sixte Quint.

Vers la même époque, sans doute en 1612, il est fait amiral de France et de Bretagne et devient vice-roi de la Nouvelle-France le 6 novembre de la même année, charge qu’il conserve jusqu’en 1625.

Orphelin de père, il jouit très jeune d’un pouvoir quasi-absolu en Languedoc, d’une grande popularité, faisant étalage d’un train de vie volontiers ostentatoire. Maître des états provinciaux, le duc de Montmorency est un gouverneur tout puissant dans une province éloignée du pouvoir central et limitrophe de l’Espagne.

Il tâche cependant d’entretenir de bons rapports avec Paris, de préserver son indépendance, de garantir les particularismes locaux, et évite de prendre part aux querelles de cour. Il est fait chevalier des ordres du Roi en décembre 1619.

En 1620, Marie de Médicis, en exil à Angoulême, tente, en vain, de l’attirer dans sa faction. Louis XIII récompense le gouverneur du Languedoc en lui conférant le collier de ses ordres.

La même année, il se range aux côtés de son souverain pour combattre les protestants et dirige le siège de Montpellier face au duc de Rohan.

Mais la loyauté dont le duc de Montmorency a l’intelligence de faire preuve n’empêche pas son implication involontaire dans les cabales orchestrées par la future duchesse de Chevreuse. Le 16 septembre 1625, il remporte, en tant qu’amiral, la victoire navale de l’île de Ré, mais la place est confiée à Toiras, qui lui est inférieur en grade. Bien qu’il mette à la disposition du Roi une flotte et des troupes entretenues à ses frais, bien qu’il soit prêt à prendre La Rochelle avec quelques contingents supplémentaires, Montmorency n’est pas écouté. Richelieu, de surcroît, l’oblige à se défaire de sa charge d’amiral, moyennant cependant plus d’un million de livres de dédommagement. Mécontent du sort qui lui est réservé, le duc de Montmorency se rapproche de Gaston d’Orléans. En 1627, l’exécution de François de Montmorency-Bouteville, son cousin, ajoute à son amertume. Il est cependant promu lieutenant général des armées du Roi le 16 octobre.

L’année suivante, il reprend pourtant la guerre contre le duc de Rohan, participe au siège de Privas et, à l’issue de la paix d’Alès, reçoit Richelieu en son château de La Grange-des-Prés, près de Pézenas. Puis au cours de l’été 1628, Louis XIII augmente de deux cent mille livres la charge fiscale pesant sur le Languedoc pour financer le siège de La Rochelle. Les états protestent. L’attachement de la province à ses franchises régionales apparaît de manière plus éclatante encore le 3 mai 1629 lorsque les états du Languedoc, à leur tour, expriment leur désapprobation. Au début du mois de juillet, un conseiller d’État, Viguier, et deux trésoriers de France, arrivent sur place en tant que commissaires du Roi, chargés de lever cinq cent mille écus pour l’armée. Le 18, Richelieu lui-même séjourne à Montpellier pour y établir les élus. Désormais, le Languedoc engage la lutte contre le pouvoir central, le conflit dure deux ans. Le duc de Montmorency tente de négocier. Le projet d’installation des élus est remis, des commissaires royaux chargés de l’assiette et de la répartition de l’impôt doivent leur être substitués, tandis que les états perdent le contentieux financier. Malgré toutes ces difficultés, Henri de Montmorency reste fidèle au Roi et s’engage auprès de lui lors de la campagne d’Italie, en Savoie et en Piémont. La duchesse retrouve la cour à Lyon. Le gouverneur du Languedoc s’illustre lors de la bataille de Veillane, et, pendant la maladie de Louis XIII, offre une retraite sûre à Richelieu.

Après la journée des Dupes, le duc de Montmorency est enfin récompensé : il est nommé maréchal de France le 11 décembre 1630 ; on promet le rétablissement en sa faveur des titres de connétable et de grand chambellan. Le 23 décembre 1630, Richelieu et Marie-Félice des Ursins sont parrain et marraine du prince de Conti, second fils de Condé. Mais en 1631, deux nouveaux commissaires royaux arrivent en Languedoc pour superviser les opérations de recouvrement de l’impôt, il s’agit de Robert Miron et de Michel Particelli d’Hémery. Des officiers subalternes sont installés dans toute la province pour rétablir les tailles. À nouveau, les états expriment leur hostilité. L’évêque d’Albi, Alphonse d’Elbène, exerce une influence locale importante. Il possède des parents dans l’entourage de Gaston d’Orléans et comme Marie-Félice des Ursins, il pousse le duc de Montmorency à agir contre Richelieu, qui n’a pas tenu ses promesses et n’a pas rétabli les charges promises. Au mois de février 1632 pourtant, les états acceptent l’intervention des officiers de Louis XIII pour la perception et l’administration de la taille. Le conflit évolue en faveur de la fiscalité royale mais rien n’est encore résolu. C’est à cette époque que s’expriment les premiers doutes concernant la réelle loyauté du duc de Montmorency à l’égard de son souverain. L’information, à défaut de pouvoir être infirmée ou confirmée, est soigneusement conservée. Au cours du printemps 1632, les trésoriers de France distribuent les rôles d’impôt. Les évêques et les barons languedociens exercent une pression de plus en plus vive sur Henri de Montmorency. L’évêque d’Albi conçoit un plan visant à soutenir en sous-main l’établissement des élus pour pousser les états et le gouverneur à la révolte. Le 1^er mai, le duc de Montmorency demande encore à Richelieu de remettre l’administration de l’impôt aux états de Languedoc, et non aux élus, et de respecter les traditions. En cas de révolte effective, il ne dispose pas de troupes suffisantes, et reproche d’ailleurs au duc d’Orléans sa précipitation. Le frère du Roi, après avoir vainement tenté de soulever la Bourgogne, a passé la Loire et se dirige vers l’Auvergne. Monsieur gagne sans difficultés les portes de Vichy, s’empare très provisoirement de la place de Cusset et restent trois jours aux environs de Saint-Flour, qui reste close. Les rebelles prennent alors la route du Gévaudan et le château de Vodable. Le 22 juillet 1632, Henri de Montmorency, au cours d’une réunion des états, annonce qu’il se rallie au duc d’Orléans. Il s’évertue pourtant à nier la trahison et jure à son neveu, le comte d’Alais, qu’il n’a aucun contact avec Monsieur. Il considère comme injurieux la venue du maréchal de La Force en Languedoc, ainsi que le commandement qui lui a été confié à l’intérieur du gouvernement, dont lui, duc de Montmorency, est en charge. Mais il opère sa jonction avec le frère du monarque, à Lunel, le 30 juillet. Tous les Languedociens ne sont pas partisans d’une telle attitude. Le parlement de Toulouse, en particulier, qui a appuyé la résistance légale à l’installation des élus, refuse de prendre part à la sédition. Tandis que Mazarin, au mois d’août, interdit à Monsieur l’entrée à Avignon et dans le Comtat Venaissin, Louis XIII quitte Fontainebleau pour en finir. Le duc de Montmorency et Gaston d’Orléans entreprennent une marche désespérée vers Castelnaudary. La confrontation avec l’armée du souverain, menée par le maréchal de Schomberg, a lieu le 1^er septembre : les rebelles sont écrasés, le comte de Moret trouve la mort, le duc de Montmorency, blessé, est capturé. Traduit en justice, condamné, il est exécuté le 30 octobre².

En l’absence de descendance, ses biens sont confisqués puis restitués par Louis XIII en mars 1633 à ses trois sœurs, Charlotte, mariée au duc d’Angoulême, Marguerite, mariée au duc de Ventadour, et Charlotte-Marguerite, mariée au prince de Condé³. Le Roi conserve cependant les domaines de Chantilly, Gouvieux et Dammartin⁴. Le château de Chantilly est rendu par Anne d’Autriche à la princesse de Condé en 1643, et celui d’Écouen est rendu à la duchesse d’Angoulême.

Textes 112, 150, 178, 186, 187, 192, 207, 213, 247, 274, 276, 290, 321, 323, 332, 336, 354, 355, 356, 365, 391, 392, 426, 428, 431, 531, 543, 544, 545, 546, 560, 581, 625, 663, 671, 694, 704, 706, 787, 790, 806, 808, 826, 829, 834, 856, 866, 877, 878, 883, 885, 892, 896, 901, 905, 914, 916, 917, 918, 924, 926, 930, 933, 934, 936, 

1. Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 778. [↩]
2. Les pièces rédigées lors de l’instruction du procès sont conservées au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 803, f° 211-225 [↩]
3. Voir Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VIII, p. 250. [↩]
4. Katia Béguin, Les princes de Condé, rebelles, courtisans et mécènes dans la France du Grand Siècle, Seyssel, Champ Vallon, 1999, p. 34 note. [↩]

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