Manassès de Pas (1590-1640), marquis de Feuquières, est le fils de François de Pas, premier chambellan d’Henri IV, et de Madeleine de La Fayette. Par sa mère, il est le cousin germain du père Joseph. Sa carrière diplomatique est aussi prestigieuse que sa carrière militaire. 

Maître de camp en Valteline entre 1625 et 1627, il accède au grade de maréchal de camp à la fin du mois de septembre 1629. Lieutenant général des villes et dépendances de Metz et de Toul en 1631, gouverneur particulier de Vic, Moyenvic et Toul, il cède le gouvernement de cette dernière place à son neveu, Henri d’Hardoncourt, seigneur de Rosières.

Il détient également la charge de conseiller du Roi en ses Conseils d’État et privé. 

Chargé de missions diplomatiques en Allemagne et en Suède, il porte le titre d’ambassadeur extraordinaire en février 1633. Il entreprend alors, et jusqu’en septembre, un long périple en Allemagne pour tenter de réunir en une puissante coalition les princes protestants et le chancelier Oxenstern. Au cours du printemps, il assiste aux pourparlers d’Heilbronn qui aboutissent à la constitution d’une Ligue protestante le 13 avril, et à la réitération des accords de coopération militaire franco-suédoise. Feuquières poursuit ensuite son voyage : il obtient l’adhésion à la ligue d’Heilbronn du margrave de Brandebourg mais essuie une fin de non-recevoir de la part du duc de Saxe. 

En 1634, il assiste encore, au nom de Louis XIII, aux assemblées de Francfort et Worms. Courant juin, il réclame à Francfort l’abandon, par les Suédois, de la place de Philippsbourg, dont ils se sont emparés, et dont l’archevêque de Trèves, placé sous protection française, est le détenteur légitime. À la suite de la prise de Ratisbonne par les Impériaux, Feuquières obtient gain de cause et impose le principe de protection française sur Philippsbourg (juillet). Il verse à cette époque la somme de 89 000 livres aux proches entourages des électeurs de Saxe, de Brandebourg et du chancelier suédois Oxenstern¹.

En mars 1635, les contingents placés sous le commandement de Feuquières prennent une part active à la prise de Spire. Lui-même seconde le cardinal de La Valette dans le commandement de l’armée d’Allemagne. Au cours de l’été, il joue un rôle déterminant dans les négociations entamées auprès du duc Bernard de Saxe-Weimar pour obtenir le ralliement de ce dernier au roi de France. En récompense des services rendus, il est promu gouverneur et lieutenant de la ville et de la citadelle de Verdun en 1635. Il démissionne de ses autres charges évêchoises à la fin août 1636, mais transmet le gouvernement de Verdun à son fils aîné Isaac de Pas de Feuquières.

Il accède au grade de lieutenant général des armées du Roi en 1637.

En 1639, il est pourvu du commandement en chef de l’armée du Luxembourg, mais est capturé, gravement blessé, lors du siège de Thionville en juin 1639, face à Piccolomini. Richelieu tente alors de négocier sa libération contre le paiement d’une rançon, avec Piccolomini². Le marquis de Feuquières consacre ses derniers instants à écrire à ses enfants et décède de ses blessures, en captivité, le 13 mai 1640 : les Impériaux refusent de rendre son corps³. 

Il a épousé Anne Arnauld, fille d’Isaac I^er Arnauld, seigneur de Corbeville. Par sa mère, il est le cousin germain du père Joseph. 

Malgré l’indignation que sa veuve formule auprès de Piccolomini, sa dépouille n’est restituée à sa famille qu’en 1643, après la prise de Thionville par le duc d’Enghien.

Sa correspondance a été publiée au XVIII^e siècle : Lettres et négociations du marquis de Feuquières, ambassadeur extraordinaire du Roi en Allemagne en 1633 et 1634, Amsterdam, chez Jean Neaulme, et Paris, chez Desaint et Saillant, 1753, 3 vol.

Au XIX^e siècle, une autre publication, joignant les correspondances de Manassès et d’Isaac de Pas de Feuquières, est entreprise par Auguste-Alphonse Étienne Gallois, Lettres inédites des Feuquières…, Paris, Leleux, 1845-1846, 5 volumes.

Textes 113, 310, 596, 607, 611, 612, 629, 640, 668, 696, 761, 764, 770, 772, 785, 798, 811, 815, 

1. Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu : le secrétariat d’État, les agents diplomatiques (1624-1642), Bruxelles, Bern, Berlin…, P.I.E. Peter Lang, 2006, p. 295 [↩]
2. Voir en particulier l’extrait du courrier que Richelieu adresse à Ottavio Piccolomini, le 30 juillet 1639, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VI p. 457 note 1, et tome VIII, p. 355. [↩]
3. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions…, ouvrage cité, tome VIII, p. 355 note 2. [↩]

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