Charles de Beaumanoir de Lavardin, évêque du Mans, à Richelieu, Paris, fin mars 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 89. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 140-141.

Monseigneur,

J’espérais, sans l’extrême éloignement de votre voyage, aller implorer de votre bonté la faveur dont je suis contraint de vous importuner par cette très humble requête que je vous fais d’avoir agréable que M. l’abbé du Dorat, ce défaisant de la trésorerie de la Sainte-Chapelle dont il vous a plu le faire gratifier par Sa Majesté, que vous trouviez bon que j’en traite avec lui. Je ne vous fais cette très humble supplication qu’après avoir appris que vous ne lui aviez fait aucun commandement pour personne, et que je n’ai su le désir qu’il a d’en tirer récompense.

Ce qu’ayant reconnu, j’ai espéré de votre faveur cette grâce, que je vous demande à genoux, étant contraint par la multitude des différents procès qu’ont mes neveux de Lavardin¹ de faire un plus long séjour à Paris que je n’ai fait par le passé, qui m’oblige à souhaiter très ardemment cet accommodement, que si je suis si heureux que d’obtenir de Votre Éminence cette grâce, je m’en tiendrai aussi redevable à Votre Grandeur comme si vous me l’aviez libéralement donnée, et me rendrai si soigneux aux occasions de vous servir que vous connaitrez qu’aucune autre de vos créatures ne vous sera si absolument acquise que moi, qui veux vivre et mourir dans l’obéissance de vos commandements en la qualité de, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur, 

l’évêque du Mans

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Le marquis Henri de Lavardin, frère de l’évêque, a deux fils, Henri, à son tour marquis de Lavardin, et Philibert-Emmanuel, évêque du Mans en 1649. [↩]