Paul Scarron l’Apôtre à Richelieu, Paris, 2 avril 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 92. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 143.

Monseigneur,

Encore que j’aie l’honneur d’être de vos plus particuliers, plus fidèles et anciens serviteurs, et d’être reconnu pour tel d’un chacun, je ne prendrais pas néanmoins la liberté de vous supplier d’aucune chose, si ce n’était les déclarations et promesses de bienveillance et de gratification, que tant de fois et de si long temps il vous a plu me faire, même en faveur de mon fils aîné [Paul Scarron le Jeune], destiné à l’Église, ainsi que Monseigneur l’abbé des Roches me l’a souvent fait entendre de votre part. Mondit fils, Dieu merci s’est rendu capable de servir utilement en cette profession, mais lui et moi sommes si malheureux, qu’il n’a pas encore pu obtenir aucun bénéfice, ni avoir aucun emploi. Et ayant eu avis certain que celui qui est pourvu du prieuré de Rumilly, près Boulogne, dépendant de votre abbaye de Cluny, était en extrémité de maladie, j’en ai incontinent communiqué l’avis audit sieur des Roches, qui hier matin me dit qu’il vous avait écrit et très humblement supplié. J’ose vous en faire par écrit pareille supplication en toute humilité. Agréez-la, s’il vous plaît, comme venant de celui qui de si longtemps vous est entièrement acquis, et qui continuera de demeurer le reste de ses jours, Monseigneur, votre très humble, très obéissant, ancien et fidèle serviteur, 

Scarron

À Paris, ce 2° avril 1632.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

More Posts