Le maréchal de Schomberg à Richelieu, Nanteuil-le-Haudouin, 6 avril 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 802, f^° 87. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 144-145.

Monseigneur,

L’honneur que je reçois de votre souvenir avance plus ma guérison que tous les remèdes que l’on me fait. Je commence à marcher, étant appuyé sur deux hommes, et espère être en état d’aller jeudi ou samedi à Paris, pour me rendre le lendemain de Pâques près de vous. Le sieur de Molinet me rendit hier à dix heures du matin la dépêche du Roi à M. le maréchal de La Force et la lettre dont vous m’avez honoré. Je le dépêchai dans l’après-dînée avec le mémoire dont je vous envoie copie et des lettres bien particulières tant à Monseigneur le maréchal de La Force qu’à M. de Noyers.

Il me semble, Monseigneur, qu’il eut été bien à propos de mettre X compagnies de quelqu’un des vieux régiments dans la ville de Metz, parce que la garnison de ladite ville est fort faible, et M. de La Valette même le demande, ou que l’on augmente les VIII compagnies de l’ancienne garnison jusqu’à cent hommes chacune. Si, sur ce que je vous mande ici vous preniez cette résolution, il serait encore assez temps d’en faire écrire à M. le maréchal de La Force. Souvenez-vous aussi, s’il vous plaît, si vous trouvez à propos, comme je le tiens du tout nécessaire pour la réputation du Roi, pour ne paraître pas abandonner les affaires d’Allemagne, et pour le soutien des places de Marsal, Vic et Moyenvic, de tenir mille chevaux avancés au-delà de la Moselle, dans le pays messin et l’évêché de Toul, qu’il faut que Sa Majesté écrive des lettres fort expresses à M. de La Valette pour favoriser le logement des XII cornettes qui doivent demeurer au pays messin. Autrement, il souffrira très impatiemment de voir manger ceux qu’il a toujours voulu conserver.

Je ne sais si vous approuverez le logement de X compagnies d’un des vieux régiments dans Vic. J’estime cela nécessaire, parce qu’en cas de besoin M. de Feuquières pourra en un instant fortifier les garnisons de Marsal et Moyenvic, et M. de Lorraine ayant logé de ses troupes dans Château-Salins et Salonnes, il semble qu’il est de la réputation du Roi que la place de Vic ne demeure pas sans une bonne garnison, qui ne lui sera à aucune charge moyennant le prêt et le pain. Vous pourvoirez au reste, Monseigneur, comme il faut à toutes choses, envoyant de-delà l’argent spécifié dans votre lettre. Mais, pour faire avancer le travail de Moyenvic, il faut renvoyer en diligence, si cela n’est déjà fait, l’état par le menu des fortifications qu’il y faut faire, lequel j’ai envoyé, il y a quelque temps, à M. Bouthillier, et mander sur icelui clairement la résolution du Roi. Je n’ai pas jugé nécessaire de spécifier à M. le maréchal de La Force, dans le mémoire que j’ai dressé, tous les logements qu’il devait donner, parce qu’il les sait aussi bien ou mieux que moi, et qu’étant sur les lieux, il sera mieux informé de la force et commodité de chaque logement.

Je suis en une extrême peine des petites incommodités qui vous travaillent, et prie Dieu de tout mon cœur qu’il vous en délivre, et qu’il vous conserve l’heureuse et parfaite santé que vous désiré, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur, 

Schonberg

De Nantheuil, ce 6^ème avril 1632.

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