Giovanni Francesco (Jean-François) Gandolfo (1583-1638) est un ecclésiastique génois entré au service du duc Charles-Emmanuel I^er de Savoie, qu’il rencontre en 1616. Évêque de Vintimille en 1623, il gagne la confiance du duc en offrant sa médiation entre Gênes et la cour de Turin lorsque le prince de Piémont, Victor-Amédée, héritier de Savoie, porte les armes contre la république marchande (1625). Ses qualités de négociateur déterminent Charles-Emmanuel I^er à en faire son ambassadeur extraordinaire à Madrid, où il arrive en 1628, aux côtés de l’abbé Alexandre Scaglia, hispanophile convaincu. Les deux hommes se livrent rapidement une véritable bataille d’influence, chacun tentant de discréditer l’autre aux yeux de leur souverain.

Selon Henri Sacchi, Gandolfo, au cours de l’année 1628 et d’un séjour à Turin, tente de convaincre le comte de Soissons de joindre ses forces à celles du duc de Rohan pour s’opposer à la lutte menée par Richelieu contre les protestants¹.

Le décès du duc Charles-Emmanuel I^er et l’avènement du Victor-Amédée I^er en juillet 1630 ne remettent en cause ni les responsabilités confiées à Gandolfo, ni celles de l’abbé Scaglia. Si le jeune duc promet à Gandolfo un don de 3000 écus, ce dernier ne les reçoit pas, peut-être en raison des intrigues de Scaglia.

En février 1631, les deux rivaux sont chargés de négociations avec Gênes. En représailles de l’engagement de Gandolfo au service de la Savoie, l’un de ses frères se voit priver de ses biens. Le diplomate, quant à lui, se voit promettre l’évêché d’Alba.

Des instructions fournies à Gandolfo en 1632 portent encore trois missions essentielles : justifier auprès du roi Philippe IV et du comte-duc Olivares la cession de Pignerol à la France ; annoncer l’échec des négociations de paix avec Gênes et régler la question de la préséance, à la cour de Turin, que se dispute l’ambassadeur de France, César du Plessis-Praslin, et l’ambassadeur d’Espagne, Juan Antonio de Vera y Zúñiga, comte de la Roca. Gandolfo  entre en possession de son nouvel évêché en 1633, cédant celui de Vintimille à Lorenzo Gavotti.

C’est Gandolfo qui conseille à Victor-Amédée I^er de se rapprocher de la France plutôt que de l’Espagne. En 1638, la duchesse Christine de Savoie, sœur de Louis XIII, recourt encore à ses services pour rétablir des liens avec l’Espagne, avant que Gandolfo ne décède à Turin, le 4 novembre de la même année.

Voir Frédéric Ieva, La diplomatie savoyarde au cœur de l’Europe : Savoie-Piémont et France au temps de Victor-Amédée I^er et de Christine de Bourbon (1630-1648), thèse de doctorat soutenue le 5 juin 2020, à l’université de Grenoble-Alpes, sous la direction de Giuliano Ferretti, p. 63-65 et p. 73.

Texte 618,

1. Henri Sacchi, La guerre de Trente Ans : tome II, l’Empire supplicié, Paris, éditions L’Harmattan, 2003, p. 212. [↩]

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