Claude de Bullion à Richelieu, Paris, 16 avril 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 802, f° 100-101. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 157-158.
Monseigneur,
Je vous envoie la copie des propositions et projets faits par le père Monot, et la réponse qui lui a été faite. Je vous confesse qu’il ne me souvient qu’il se soit passé autre chose pour ce regard.
Il y a plusieurs discours qui ont été faits sur le mariage et autres propositions, mais il n’a été rien mis par écrit.
Quant au procès de Rueil, nous fûmes hier assemblés, MM. les rapporteurs1 et l’avocat général de Dijon [Marc-Antoine Millotet père] et moi, avec M. le garde des sceaux [le marquis de Châteauneuf], et fut résolu qu’on prendrait les deux promesses du maréchal faites à [Jean] Drouard nouvellement recouvertes, par lesquelles il appert que ledit maréchal a géré et manié entièrement à son profit la fourniture du pain pour les années 1625 et 1626, quoique sous le nom dudit Drouard. Ces deux promesses servent de conviction au procès en ce chef contre l’accusé. On parlait d’ouïr de nouveau ledit Drouard, qui a déjà déposé sur autres points. Mais cet avis fut rejeté comme non considérable et pouvant nuire à la déposition ci-devant faite dudit Drouard.
Il fut parlé de l’appel comme d’abus, et je tiens que mercredi après dîner, Dieu aidant, cela se pourra vuider en la présence du Roi, au rapport de M. de Lauzon. Il a été traité si l’on communiquerait la dispense de Rome à l’accusé. La plus grande opinion va à la communiquer mais tout cela se peut faire avant mercredi, et ce jour-là il faut terminer ledit appel.
Le Roi a très grande raison de ne laisser passer la saison de Fontainebleau. Et pardonnez-moi si je prends la hardiesse de vous dire qu’une petite lettre à Monsieur le garde des sceaux, la tentative de parachever promptement pour contenter le Roi sur son voyage, ne viendrait que très à propos. Je servirai de mon côté avec toute la diligence possible pour exécuter fidèlement les commandements qu’il vous plaît me faire.
J’ai vu M. de Monc, auquel j’ai fait entendre ce qu’il fallait, qui est extrêmement satisfait, et ne manquera de vous aller remercier. J’ai parlé aussi à M. Le Bret, lequel s’estime infiniment votre obligé et en fera de même.
Le pouvoir de l’ambassadeur de Hollande [Gaspar van Vosbergen] pour le million est arrivé. M. le surintendant [le maréchal d’Effiat] y aura trouvé quelque difficulté mais j’ai su depuis qu’il s’est relâché et que demain l’affaire se pourra conclure au contentement dudit ambassadeur.
Dimanche, on se rendra à Rueil, et lundi, Dieu aidant, on travaillera. Je tiens que dans huit entrées ou dix au plus, l’affaire sera terminée, et si on veut un peu presser, de mardi prochain en huit ce sera fait. Je prie Dieu de tout mon cœur qu’il vous conserve, et désire demeurer, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur,
De Paris, ce XVI° avril.
- Parmi eux, Antoine de Bretagne joue un rôle important puisqu’il en est par la suite récompensé par la charge de second président au parlement de Metz. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (5 juin 2023). Texte 623, année 1632, 16 avril, Claude de Bullion à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 1 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqij