Lorraine (Catherine de, abbesse de Remiremont)

Catherine de Lorraine (1573-1648) est la fille du duc Charles III de Lorraine et de Claude de France. Elle est aussi la petite-fille de Catherine de Médicis ; la tante paternelle à la fois du duc Charles IV et de la duchesse Nicole de Lorraine.

D’abord coadjutrice d’Anne de Salm, abbesse de Remiremont, elle succède à cette dernière à la tête de l’établissement religieux en 1611.

Au plan spirituel, l’abbaye de Remiremont, bien que proche de l’évêché de Toul et de l’archevêché de Spire, ne dépend que de Rome1. Le chapitre, devenu séculier, ayant abandonné la clôture, mais dépouillé de ses prérogatives régaliennes, affirme sa singularité sur le plan religieux au cours des années 1610, aux dépens de Catherine de Lorraine, qui tente d’y restaurer une ascèse et une observance plus strictes, sans toutefois parvenir une réforme satisfaisante. Profondément attachée à la règle bénédictine, Catherine de Lorraine, tente, dès son arrivée à la tête du chapitre de Remiremont, de réformer les mœurs et le mode de vie des chanoinesses. Elle permet l’implantation à Remiremont d’un couvent de capucins, dont son confesseur, le père Julien Dombasle, prend la direction, et incite les chanoinesses à se transférer leur prébende au monastère récemment implanté. Les familles des « Dames » de Remiremont se plaignent de la perte de revenus occasionnée et dénoncent plus généralement, en mars 1626, les « desseins et entreprises continuelles de Madame l’illustrissime abbesse »2.  

Dans les années 1630, au plan temporel, l’abbesse parvient à se substituer à l’autorité ducale défaillante, vaincue par le roi de France, et à imposer aux belligérants le respect de Remiremont et de ses dépendances. Elle s’impose comme autorité souveraine, reprenant sa place aux côtés de l’autorité ducale dans le contexte de la guerre de Trente Ans3.

Remiremont se situe en effet sur la ligne du front ouvert pendant la guerre de Trente Ans par le roi de France en territoire lorrain. L’abbesse est pleinement actrice des événements, et ne peut rester passive sous peine de voir les terres du chapitre ravagées par les forces en présence.

Le chapitre refuse tout d’abord de signer le serment de fidélité exigée du roi de France en novembre 1634.

En 1638, Catherine de Lorraine s’oppose avec courage à l’avancée de Turenne dans les Vosges.

En 1639, elle obtient de Louis XIII et de Charles IV la neutralité pour les villes d’Épinal, Saint-Dié, Bruyères, Arches et Remiremont. Cette dernière place continue d’ailleurs à être épargnée dans les années qui suivent.

Anne d’Autriche confirme encore en 1651, pour Épinal et Remiremont, les prérogatives obtenues par l’abbesse, avant qu’elles ne soient abolies en 16534.

Catherine de Lorraine est par ailleurs la fondatrice de l’ordre des Dames du Saint-Sacrement.

Le 3 janvier 1632, elle assiste au mariage secret de sa nièce, Marguerite de Lorraine, sœur du duc Charles IV, dont, dès 1618, elle songeait faire sa coadjutrice. Sa petite-nièce, Élisabeth-Marguerite d’Orléans, fille de la princesse Marguerite et du duc Gaston d’Orléans, lui succède, à l’âge de 2 ans, et est abbesse de Remiremont de 1648 à 1658. Puis c’est au tour d’une autre de ses petites-nièces, Anne-Marie-Thérèse de Lorraine, fille de Nicolas-François et de Claude de Lorraine, de prendre la tête de l’établissement, avant de décéder à Paris en 1661, à l’âge de 13 ans.

Voir aussi Michel Parisse et Pierre Heili (dir.), Les chapitres de dames nobles entre France et Empire, actes du colloque d’avril 1996 organisé par la Société d’histoire locale de Remiremont, Paris, éditions Messene, 1998 ;

Marie-Catherine Vignal Souleyreau, « Les dames de Remiremont, princesses d’Empire (XVIe-XVIIe siècles) », dans Catherine Bourdieu-Weiss (dir.), Les ordres féminins dans les Trois-Évêchés : quotidien, spiritualité, art [actes de la 7e journée d’études du groupe de recherches Les Trois-Évêchés organisée à Verdun le 10 juin 2017 par le CRULH (université de Lorraine)], Metz, Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire, 2018, p. 79-90.

Textes 627, 628, 631, 764

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Le chapitre « était, selon l’expression de l’époque, immédiatement soumis au Saint-Siège », Michel Pernot, « Catherine de Lorraine, abbesse de Remiremont : réflexions sur l’échec d’une réforme », dans Michel Parisse (dir.), Remiremont, l’abbaye et la ville, actes des journées d’études vosgiennes, Remiremont, 17-20 avril 1980, Nancy, Publications de l’Université de Nancy II, 1980, p. 95-127, citation p. 101. []
  2. Remontrance formulée lors des États généraux de mars 1626, citée par Anne Motta, Noblesse et pouvoir princier dans la Lorraine ducale (vers 1620-1737), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université du Maine, sous la direction de Laurent Bourquin et de Philippe Martin, 2012, p. 107, note 280. []
  3. Françoise Boquillon, « Catherine de Lorraine (1573-1648) : l’échec de la Réforme à Remiremont », dans Fabienne Henryot, Laurent Jalabert, Philippe Martin (dir.), Atlas de la vie religieuse en Lorraine, Metz, Éditions Serpenoise, 2011, p. 114-115. []
  4. Anne Motta, thèse citée, p. 218 note 180. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (7 juin 2023). Lorraine (Catherine de, abbesse de Remiremont). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 2 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqiq


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