Rostaing-Antoine d’Urre du Puy-Saint-Martin († 9 mai 1656), seigneur-baron d’Aiguebonne, marquis de Tréfort et du Pont d’Ain, est le deuxième fils de Louis d’Urre, seigneur du Puy-Saint-Martin, et de Geneviève de Laire. Il est le frère cadet de Claude d’Urre du Puy-Saint-Martin, seigneur de Chaudebonne.
Il débute sa carrière militaire au service du roi de France au régiment de Sault, puis il lève un régiment à son nom par commission du 13 août 1624.
En 1625, il sert à la tête de ses troupes, en Languedoc, sous l’autorité du maréchal de Thémines : il prend part à la bataille de Montbrun, près de Montauban, à la prise de Bonnac, de Saint-Germier, de Saint-Paul, de Damiatte, contribue à la défaite des huguenots près du ruisseau de Lagoust, se trouve à l’assaut du fort de Pierre-Ségade, au siège de Calmont, à la prise du fort de Bourret, et au siège du Mas-d’Azil, abandonné en raison des intempéries1.
Selon Pierre Grillon, il est un temps détenu à la Bastille, comme son frère, en 16262. M. Pinard indique, quant à lui, qu’il sert en Languedoc au début de l’année et que son régiment est licencié en mai (M. Pinard, ibidem.)).
En 1627, il s’engage comme volontaire au siège de La Rochelle.
Une commission en date du 3 avril 1628 lui permet de rétablir son régiment, à la tête duquel il sert en Provence. Au cours de l’été, après avoir pris part à l’expédition de haute Durance qui se solde par un échec, il se trouve placé sous les ordres du maréchal de Créqui et du marquis d’Huxelles : il est envoyé en Italie, dans le duché de Mantoue, puis auprès du Roi, à Dampierre-sur-Boutonne, pour en rendre compte3.
On le retrouve en 1629 en Languedoc, sous l’autorité du prince de Condé, aux sièges de Privas (mai) et d’Alès (juin).
En 1630, il est employé à l’armée de Savoie et de Piémont : il est plus particulièrement chargé, par Richelieu, de pourvoir à l’approvisionnement en vivres et munitions des troupes stationnées à Suse et à l’acheminement de renforts en cavalerie et infanterie vers Pignerol, dont Richelieu s’empare fin mars4. Il contribue à la victoire française sur les Savoyards à Veillane, le 10 juillet.
En mai 1631, il est désigné, avec le titre de « baron d’Aiguebonne » et la qualité de « mestre de camp, gouverneur de Briançon », en compagnie du marquis de Tavannes, maréchal de camp, et du marquis de Nerestang, mestre de camp, comme otage français à remettre aux autorités pontificales en vertu des traités de Cherasco (mars-avril). Toutes les conditions des traités ayant été purgées, il est, comme les autres orages, renvoyé en France le 22 septembre 1631 par le cardinal Palotta5.
En 1632, il choisit de rester fidèle au Roi et refuse d’adhérer à la révolte fomentée par le duc d’Orléans, auquel s’est attaché son frère, et par le duc de Montmorency. À l’issue de la bataille de Castelnaudary (1er septembre 1632), tandis que Chaudebonne est chargé de plaider la cause du duc de Montmorency auprès de Louis XIII, Aiguebonne doit transmettre au duc d’Orléans les conditions de capitulation préparées par Richelieu : Monsieur serait rétabli dans ses biens et prérogatives à condition de renoncer aux intrigues et factions, la plupart de ses domestiques seraient amnistiés et le duc d’Elbeuf serait pardonné ((Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 428-429, 431 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome IV, p. 362.)).
En 1633, placé sous les ordres du maréchal de La Force, il prend part à la conquête de la Lorraine, et à l’issue du siège d’Haguenau (31 janvier 1634) auquel il est engagé, il en obtient le gouvernement.
Promu maréchal de camp par brevet du 30 juin 1636, il sert l’année suivante sous le maréchal de Châtillon.
Par commission du 22 mai 1637, il obtient le commandement de la Basse-Alsace. En décembre, Monsieur d’Aiguebonne se trouve entre Lorraine et Allemagne, à proximité de la Saar : Richelieu souhaite solliciter son expertise concernant l’envoi éventuel en Alsace des troupes se trouvant dans la région6.
En 1641, Monsieur d’Aiguebonne est désigné comme ambassadeur extraordinaire à la cour de Savoie pour achever des négociations entamées par le sieur de La Court, ambassadeur ordinaire du roi de France, qui décède en mai, et par Mazarin : il cumule les responsabilités diplomatiques et militaires. Le 10 mars, il se voit confier le commandement de la citadelle de Turin puis celui de la ville elle-même le 31. Il reçoit, à la même date du 10 mars, pouvoirs du roi de France pour négocier un accord de paix avec le prince Thomas de Savoie et son frère, le cardinal Maurice7. Le 1er juillet, il signe ainsi à Turin un accord avec les beaux-frères de Christine de France, duchesse de Savoie, régente depuis 1637 et le décès du duc Victor-Amédée Ier.
Il est encore ambassadeur en Piémont jusqu’au 23 décembre 16458. Toutefois, selon M. Pinard, il reçoit l’ordre de procéder à l’arrestation du duc de Bouillon en 1642.
Les années suivantes, il conserve son commandement dans Turin, mais se démet le 4 mars 1645 de son régiment, en faveur de son fils. Or ce dernier décède peu après lors du siège de Vigevano. Le régiment lui est donc rendu par commission du 8 mars 1646. Par lettres du 6 avril suivant, les commandements de Casal et du Montferrat lui sont confiés : il se démet alors de celui de Turin et conserve le rôle d’informateur de Mazarin et Anne d’Autriche jusqu’en 16489.
Par pouvoir du 13 mai 1648, Monsieur d’Aiguebonne est créé lieutenant général des armées du Roi pour servir en Piémont, il ne quitte cependant pas son commandement du Montferrat. Par pouvoir du 25 septembre 1650, il obtient le commandement de la Provence, qu’il conserve jusqu’à sa mort. Une commission du 17 février 1651 le charge encore de négocier la libération de prisonniers français détenus à Naples : il obtient le retour de quinze officiers et quatre-vingt-quatorze soldats.
Chevalier des ordres du Roi par brevet du 8 mai 1654, il décède le 9 mai 1656, avant d’avoir été reçu.
Il a épousé Huguette de Lyobard.
Tallemant des Réaux lui a consacré, ainsi qu’à son frère, une courte Historiette10.
Textes 123, 219, 426, 631, 931, 934,
- Voir la notice biographique de Rostaing-Antoine d’Urre du Puy-Saint-Martin d’Aiguebonne, dans M. Pinard, Chronologie historique-militaire… Paris : chez Claude Hérissant, 1760-1778, 8 volumes, tome VI, p. 41-43. [↩]
- Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome V : 1930, Paris, A. Pédone, 1982, p. 396 not 3. [↩]
- Voir le courrier que le maréchal de Créqui adresse à Richelieu, de Grenoble, le 15 août 1628, l’analyse du courrier de François de Blanchefort de Créqui, comte de Sault, fils du maréchal de Créqui, à Richelieu, de Grenoble, le 23 août, et le billet que Louis XIII adresse à Richelieu, de Dampierre-sur-Boutonne, le 29, dans Pierre Grillon (éd.), Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome III : 1628, Paris, éditions A. Pédone, 1979, p. 440, p. 457 et p. 463. [↩]
- Voir les instructions qui lui sont adressées par Richelieu le 11 mars 1630, et le courrier que le cardinal-ministre adresse à Henri d’Escoubleau de Sourdis, le 23 mars, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome III, p. 583-584 et p. 592-593 ; voir aussi tome VIII, p. 56. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome IV, p. 148-149 note. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 1069. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VII, p. 303. [↩]
- Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu : le secrétariat d’État, les agents diplomatiques (1624-1642). Bruxelles, Bern, Berlin… : P.I.E. Peter Lang, 2006, p. 266-267. [↩]
- Frédéric Iéva, La diplomatie savoyarde au cœur de l’Europe : Savoie-Piémont et France au temps de Victor-Amédée Ier et de Christine de Bourbon (1630-1648), thèse de doctorat soutenue le 5 juin 2020, à l’université de Grenoble-Alpes, sous la direction de Giuliano Ferretti, 2 volumes avec pagination continue, p. 51. [↩]
- Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 540-541 et p. 1166. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (16 juin 2023). Urre du Puy-Saint-Martin (Rostaing-Antoine d’, seigneur-baron d’Aiguebonne). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqj3