Mémoire de Léon Bouthillier, comte de Chavigny, destiné à Charles de Damas, comte de Thianges, Saint-Mihiel, 15 octobre 1635.

Minute conservée au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 541-542. Pour le classement : « Saint-Mihiel, 15 octobre 1635 ». 

Mémoire à M. de Thianges pour réponse à celui qu’il a envoyé au Roi par le sieur de La Pesselière.

Sa Majesté est satisfaite des ordres que ledit sieur de Thianges a donnés pour la démolition des murailles de Saint-Mihiel, à quoi elle désire qu’il soit incessamment travaillé. On lui envoie une ordonnance pour recevoir des habitants de Saint-Mihiel deux mille livres sur et tant moins de ce qu’ils doivent fournir dans les coffres du Roi, laquelle somme il emploiera au paiement des charpentiers, massons et autres ouvriers qui conduiront ladite démolition, après qu’elle sera faite. Sa Majesté ordonne audit sieur de Thianges de faire sauter le château de ladite ville, et le mettre en état que l’on ne s’en puisse plus servir. Il continuera, avec le plus de diligence qu’il lui sera possible, la recherche des grains qui sont aux environs dudit Saint-Mihiel, et en enverra un état aussitôt qu’il aura avis de la quantité qui se trouvera.

Le Roi a trouvé mauvais que le sieur du Hallier ait laissé à Saint-Mihiel les compagnies de Tourville et de Choisy, que Sa Majesté avait destinées pour aller dans l’armée de M. le cardinal de La Valette. L’intention de Sadite Majesté est que ledit sieur de Thianges leur fasse commandement de partir en diligence pour aller au Pont-à-Mousson joindre le corps de ladite armée, les faisant escorter avec tel nombre de mousquetaires qu’il jugera à propos. Ledit sieur de Thianges aura bien vu que lesdites compagnies de cavalerie lui sont inutiles, puisque Sa Majesté lui en a envoyé d’autres depuis quatre ou cinq jours.

Il n’est pas besoin de lui rien donner pour sa levée parce qu’on lui a mandé qu’on en avait envoyé l’argent et qu’il a envoyé à Paris pour savoir le lieu où il était. Il faut seulement pourvoir à sa subsistance, selon l’ordre que ledit sieur de Thianges en a fait. 

Ledit sieur de Thianges enverra quelqu’un à La Neufville-en-Verdunois, maison appartenant à Saint-Balmont¹, pour en enlever tous les grains qui s’y trouveront, et les faire mener dans Saint-Mihiel, ou dans Verdun, selon la commodité des lieux. Le Roi écrit à M. de Fossé [Gabriel de La Vallée-Fossez] afin qu’il envoie de Verdun à Saint-Mihiel deux cents pics, lorsque ledit sieur de Thianges lui mandera en avoir besoin. Si les blés ne peuvent être en sûreté à Saint-Mihiel, à cause qu’on en démolit les murailles, ledit sieur de Thianges les fera porter en lieu où les ennemis ne s’en puissent saisir.

Outre ce que dessus, il entendra particulièrement ce que le sieur de Le Pesselière a à lui représenter de la part du Roi. Surtout, ledit sieur de Thianges se souviendra de faire toutes diligences possibles pour faire battre les blés et les faire mettre en lieu sûr, d’où ils puissent être conduits à Metz ou à Nancy, selon qu’il sera estimé plus à propos.

1. Le château de Neuville-en-Verdunois lui a été apporté en dot par son épouse, Madame de Saint-Baslemont, née Barbe Alberte d’Ernécourt. [↩]

---

---