Gramont (Antoine III de, comte de Guiche, comte puis duc de Gramont)

Antoine III de Gramont (1604-1678), titré comte de Guiche dans son contrat de mariage en 1634, puis comte de Gramont en 1644, à la mort de son père, duc et pair de Gramont en 1648, souverain de Bidache, seigneur de Lesparre, comte de Louvigny, vicomte d’Asté (ou Aster), baron d’Andoins et d’Hagetmau, est le fils d’Antoine II de Guiche, comte puis duc de Gramont, et de sa première épouse, Louise de Roquelaure. Il embrasse comme son père la carrière des armes. Il se signale par sa bravoure au cours de siège de Mantoue en 1630, au cours duquel il est blessé. Compromis lors d’un duel, le comte de Guiche doit cependant s’exiler et sert sous les ordres du général Tilly († 1632)  dans le Saint Empire.

De retour en France, Richelieu pense d’abord à l’unir à l’une de ses nièce, Marguerite-Philippe du Cambout de Coislin1. Mais le cardinal-ministre se ravise et accorde la main de cette dernière à Puylaurens. En compensation, Richelieu offre au comte de Guiche l’alliance avec une autre de ses parentes, Françoise-Marguerite de Chivray (1608-1689), fille d’Hector de Chivray [ou de Chivré], seigneur de Plessis, cousin de Richelieu, et de Marie de Conan2. Le comte de Guiche en remercie Richelieu le 24 octobre3. Les noces sont célébrées à l’Arsenal le 28 novembre, en même temps que celles des deux demoiselles de Pontchâteau, Marie et Marguerite-Philippe du Cambout de Coislin, qui épousent respectivement Bernard de Nogaret, duc de La Valette, et Antoine de Laage de Puylaurens. Théophraste Renaudot fait le récit des événements dans son Extraordinaire du 30 novembre. 

Maréchal de camp des armées du Roi le 17 avril 1635, et fort des observations faites au sein de l’armée de Ferdinand II, il est envoyé dans les Trois-Évêchés, puis en Alsace, aux côtés du cardinal de La Valette, au tout début de l’année 16364. Il est fait conseiller d’État le 12 juin 1637.

Lieutenant général en Normandie et gouverneur du château de Rouen du 16 novembre 1637 au 1er mars 1643, il est encore un éphémère gouverneur de Lorraine au printemps 1638. Le 18 avril de la même année, il est pourvu de la charge de mestre de camp des gardes françaises, le titulaire de la charge, Jean de Rambures, ayant été tué à La Capelle en 1637.

En 1639, il se voit confier le commandement de la place de Pignerol.

Le comte de Guiche est promu lieutenant général des armées du Roi le 10 avril 1641, et accède au grade de maréchal de France le 22 septembre de la même année. Prenant le titre de maréchal de Gramont, il sert sous les ordres du duc d’Enghien. Après la mort de son père, il devient vice-roi de Navarre et de Béarn (c’est-à-dire gouverneur et lieutenant général).

Il fait partie, comme son frère cadet, Henri de Gramont, comte de Toulonjon (ou Toulongeon), de la clientèle de la famille de Condé, mais reste fidèle à la Régente et au roi de France pendant la Fronde5. Il tente en vain, en s’offrant comme médiateur, de réconcilier les parties en 1651 et 1652. Son concours permet néanmoins la signature de la paix des Pyrénées.

Par la suite, il cumule les fonctions militaires et diplomatiques. Ministre d’État (1653), gouverneur de Bayonne (1654), ambassadeur extraordinaire à Francfort de juillet 1657 à juillet 1658, gouverneur de Pau (1659), ambassadeur extraordinaire en Espagne à l’automne 1659, il est encore colonel des gardes françaises en 1661, chevalier des ordres du Roi la même année et reçu au Parlement en 1663.

Il est l’auteur de Mémoires.

Voir aussi Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 618-619.

Textes 635, 636, 676, 677, 678, 679, 680, 681

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Richelieu au comte de Antoine II de Gramont, 15 octobre 1634, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 628-629. []
  2. Antoine Adam – éd.-, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 2, p. 917. []
  3. Le courrier a été publié par Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, t. 2, p. 317. []
  4. Voir les courriers qu’il adresse à Richelieu et au comte de Chavigny, de Toul, le 15 janvier 1636, translations à venir, textes 679 et 680 ; puis la lettre qu’il destine à Richelieu, de Sélestat, le 4 février 1636, translation publiée en ligne, texte 676. []
  5. Katia Béguin, Les princes de Condé : rebelles, courtisans et mécènes dans la France du Grand Siècle, Seyssel, Champ Vallon, 1999, p. 422. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (22 juin 2023). Gramont (Antoine III de, comte de Guiche, comte puis duc de Gramont). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 12 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqjg


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