Guillaume Fremyn (ou Fremin), sieur des Couronnes, exerce d’abord pendant trente ans la charge de lieutenant général au présidial de Meaux. Il reçoit, au mois de juillet 1633, commission pour l’établissement du parlement de Metz, suivie de la charge de conseiller. Il est reçu au mois de septembre suivant. Il instruit alors, avec Antoine de Bretagne, et de Nicolas Rigault, le procès de François d’Alpheston, accusé d’avoir fomenté un projet d’attentat visant Richelieu, et condamné à mort le 22 septembre¹.

En complément de l’information faite contre François d’Alpheston, Guillaume Fremyn instruit, le mois suivant, une information judiciaire contre le père Chanteloube et ses complices, La Roche, intendant des affaires de ce dernier, et Garnier, secrétaire du maréchal de Marillac, commanditaires du projet d’attentat². Le 6 avril 1634, il propose à Richelieu de dresser l’inventaire des bâtiments et terres de l’abbaye de Saint-Arnoul de Metz³.

Au cours de la même année, il est nommé commissaire député pour le régalement du sel dans le ressort du parlement de Metz avec la mise-en-place d’un impôt de 5 sols par pinte de sel⁴.

Guillaume Fremyn devient aussi membre du Conseil souverain de Nancy au mois de septembre 1634. La liste des membres désignés pour siéger au conseil souverain de Nancy porte la date du 16 septembre⁵. Michel Charpentier, déjà président au parlement de Metz, est désigné premier président de l’assemblée de Nancy. Claude Gobelin, conseiller aux conseils du roi, maître des requêtes ordinaires en son hôtel et intendant de la justice en son armée, accède aux fonctions de second président. Dix-sept conseillers sont nommés dans l’ordre protocolaire : Guillaume Fremyn est nommé troisième, après Jean de Bullion et Michel Marescot⁶. Le 8 décembre 1636, une lettre royale précise que Michel Marescot est désigné pour « servir audit conseil souverain de Nancy, pour y avoir le rang, séance et voix délibérative de tout pouvoir, puissance et autorité, gages, appointements, droits et autres émoluments ». La décision du roi est enregistrée par la cour de Nancy le 26 février 1637.

Or Guillaume Fremyn refuse que Michel Marescot prenne le pas sur lui. Le Conseil souverain prétend alors juger l’opposition faite par Fremyn à l’installation de Marescot dans les conditions voulues par Louis XIII. Il récuse même la plus grande partie de ses collègues. Au mois de mars, le roi confirme la commission délivrée à Marescot. Le 28 avril, le conseil enregistre la décision : il s’agit du dernier acte inscrit au registre des commissions du conseil souverain de Nancy : l’instance est supprimée le 13 juillet 1637⁷.

Guillaume Fremyn remplit aussi les fonctions d’intendant. Il supervise, dans le cadre de ses fonctions, à partir du mois de février 1636, la destruction de places fortes et châteaux lorrains, en compagnie de l’intendant Anne Mangot de Villarceaux et de l’évêque de Mende, Sylvestre Crugy de Marcillac. La liste de ces fortifications est fournie par un document conservé à la Bibliothèque nationale de France⁸. 

Très dévoué à la cause française, Guillaume Fremyn est victime, ainsi que son fils, Louis Fremyn de Pompierre, également conseiller au parlement de Metz, plusieurs attaques et tentatives d’homicide⁹.

Il est encore employé en qualité d’intendant de justice, police et finances à Limoges entre 1639 et 1643, conjointement avec Bernard Fortia, seigneur du Plessis-Cléreau¹⁰.

Il résigne sa charge au parlement de Metz en 1640. La même année, il exerce les fonctions de commissaire général, en charge de la subsistance des troupes¹¹.

Guillaume Fremyn a épousé Marie de Vaissière et décède, selon Emmanuel Michel, vers 1647.

Voir aussi Marie-Catherine Vignal Souleyreau, « Nicolas Rigault, figure du pouvoir royal à Metz et dans les Trois-Évêchés au début du XVII^ème siècle », dans Catherine Bourdieu-Weiss (dir.), Les pouvoirs et leurs représentations dans les Trois-Évêchés [actes de la 9^e journée d’études du groupe de recherche les Trois-Évêchés organisée le 8 juin 2019, par le Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire (Université de Lorraine)], Metz, Publications historiques de l’Est / CRULH / Université de Lorraine, 2021, p. 37-58.

Textes 636, 717, 722, 729, 

1. Procès-verbal des interrogatoires du procès d’Alpheston, 17 septembre 1633, copie établie par le greffier du parlement de Metz, Nicolas Fillotte, conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 808, f° 36-42, publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 454-459 ; l’acte de condamnation à mort de François d’Alpheston, pris à Metz, le 22 septembre 1633, est conservé au Ministère des Affaires, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 808, f° 51. Il s’agit d’une copie sur parchemin, le texte en a été publié par Marie-Catherine Vignal Souleyreau, ibidem, p. 468. [↩]
2. Ibidem, p. 609-610. [↩]
3. Voir le courrier qu’il adresse, à cette date, au cardinal-ministre dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, t. 1, p. 392. [↩]
4. Le comte de Brassac à Chavigny, Nancy, 25 juin, original autographe, en partie chiffré, conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 14, f° 583-584, publié par Marie-Catherine Vignal Souleyreau, ibidem, p. 582-583. [↩]
5. Elle est conservée à la Bibliothèque nationale de France coll. Cinq cents de Colbert, vol. 441, f° 359-365, le document figure à la suite de l’édit d’établissement du Conseil souverain. [↩]
6. Voir Marie-Catherine Vignal Souleyreau, Richelieu et la Lorraine, Paris, éditions L’Harmattan, 2004, p. 223. [↩]
7. Ibidem, p. 227. [↩]
8. Y figurent les fortifications de Neufchâteau, de Bouconville, de Frouard (sur la Moselle), de L’Avant-Garde (à Pompey, vis-à-vis de Frouard), de Condé-sur-Moselle (auj. Custines), de Lachaussée, de Gondrecourt-le-Château, de Ruvigny, de Morlay, de Louppy, de Mandres-aux-Quatre-Tours, de Prény, de Varennes-en-Argonne, de Pierrefort (à Martincourt), de Trognon (à Heudicourt-sous-les-Côtes), de La Fauche (non loin de Neufchâteau), et de Renesson (à Trémont-sur-Saulx, auj. dép. Meuse, non loin de Bar-le-Duc), BnF, coll. Manuscrits Français, vol. 18 889, f° 187, copie reprise par Dom Augustin Calmet, Histoire de la Lorraine… Nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée par l’auteur, Nancy, A. Leseure, 1745-1757, en 7 volumes, t. VI, p. 209-210 ; le document original intitulé « Département des châteaux et places qui doivent être démolies en Lorraine », établi le 1^er février 1636, est conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 25, f° 316-317. [↩]
9. Voir Emmanuel Michel, Biographie du parlement de Metz, Metz, chez Nouviau, 1853, p. 177-178. [↩]
10. Voir la liste des intendants en la généralité de Limoges établie par A. Leroux, « La généralité de Limoges : esquisse historique », dans C. Rivain et A. Leroux, Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790, Haute-Vienne, archives civiles, série C, fonds de l’intendance de Limoges, Limoges, 1891 , p. LXI-LXXXVIII ; Voir aussi David Parrott, Richelieu’sArmy : War, Government and Society in France (1624-1642). Cambridge : Cambridge University Press, 2004, p. 348 note 142, p. 428. [↩]
11. David Parrott, ouvrage cité, p. 429, note 140. [↩]

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