Isaac de Juyé (v. 1593-1651), seigneur de Moricq, est le fils de Pierre de Juyé, seigneur de Forges. Entré au Grand Conseil en 1607, Isaac de Juyé de Moricq accède à la charge de maître des requêtes ordinaire de l’Hôtel en 1616. Intendant de justice en 1623, il exerce ses fonctions en Normandie pendant deux ans¹. 

En 1628, il est envoyé en Bretagne et supervise le démantèlement des fortifications de la ville de Josselin en représailles de la prise d’armes du duc de Rohan. Isaac de Juyé de Moricq est nommé intendant de justice, finance et police en Champagne et ès ville et pays de Metz, Toul et Verdun par commission du 27 décembre 1630, établissant par là-même le principe d’une possible assimilation judiciaire de l’ensemble évêchois à la province française la plus proche. Moricq dénonce alors les ingérences des officiers du duc de Lorraine dans les Trois-Évêchés autant que l’absentéisme du président Charpentier². Il se distingue début de l’année 1632 dans le cadre des fonctions de commissaire rapporteur au procès du maréchal de Marillac, qu’il partage avec Isaac de Laffemas, et s’oppose aux prérogatives judiciaires de l’évêque de Verdun, François de Lorraine-Chaligny. Au cours de l’été 1632, il seconde François Sublet de Noyers, chargé, en qualité d’intendant d’armée, de pourvoir au ravitaillement des troupes placées sous le commandement du maréchal d’Effiat pour porter secours à l’archevêque de Trèves³. La même année, il obtient un brevet de conseiller d’État. 

Dans le courant de l’année 1633, Richelieu le charge du procès du chevalier de Jars.

Voir Georges Livet, L’intendance d’Alsace sous Louis XIV (1648-1715), Strasbourg, publications de la faculté des Lettres de l’université de Strasbourg, 1956, p. 58 ;

Marie-Catherine Vignal Souleyreau, « La création du parlement de Metz et l’exercice de la souveraineté française en Lorraine au début du XVII^e siècle », dans Catherine Bourdieu-Weiss (dir.) Metz, Toul et Verdun, trois évêchés et la fortune de France (1552-1648) [actes du colloque tenu à Metz les 7 et 8 avril 2011, groupe de recherches les Trois-Évêchés], Metz, Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire, 2012, p. 37-60, voir p. 46 ;

Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, tome 1, p. 30 ;

Marie-Catherine Vignal Souleyreau, « L’armée française et la ville de Metz pendant la guerre de Trente Ans », dans Catherine Bourdieu-Weiss (dir.), Faire la guerre et se reconstruire dans les Trois-Évêchés, Metz, Publications Historiques de l’Est / Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire, 2019, p. 35-45, voir page 37.

Textes 136, 329, 507, 913, 915, 921, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Michel Antoine, Le dur métier de Roi : études sur la civilisation politique de la France d’Ancien Régime, Paris, PUF, 1986, p. 124. [↩]
2. Moricq à Richelieu, Verdun, 5 mars 1631, Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 10, fol. 20. [↩]
3. Voir le courrier que François Sublet de Noyers adresse à Richelieu, le 27 juillet 1632, jour du décès du maréchal d’Effiat, en Alsace, non loin de La Petite-Pierre, translation à venir en ligne, texte 917. [↩]