Le comte de Pédamont (ou Pédamons) est capitaine et sergent de bataille en l’armée d’Allemagne à l’époque de l’entrée en guerre ouverte de la France contre l’Espagne, dans le contexte plus large de de la guerre de Trente Ans.

Mestre de camp d’un régiment qui porte son nom, il est, à la date du 15 septembre 1635, « commandant à Lunéville »¹.

Au mois d’avril 1636, Sylvestre Crugy de Marcillac, évêque de Mende, lui adresse une commission pour procéder à la destruction des fortifications d’Haudonville². Le baron de Chamblay s’oppose alors à la décision et convainc M. de Pédamont, lui-même réticent, de surseoir, avant que Richelieu ne confirme l’ordre de démantèlement³.

Au cours de l’automne 1637, Monsieur de Pédamont se rend à la cour, à la demande de François de L’Hôpital, sieur du Hallier, et d’Achille de Longueval, sieur de Manicamp, pour rendre compte de la situation⁴.

En novembre, il est nommé par Louis XIII gouverneur de Lunéville, dont les fortifications ont en partie été démantelée en 1634 sur ordre du comte de Brassac, et en 1635, à la demande du maréchal de La Force et duc d’Angoulême⁵.

À la mi-septembre 1638, le colonel lorrain Laurent Cliquot peut occuper Lunéville quelques jours pour le compte de Charles IV, avant que Monsieur de Pédamont ne l’en chasse le 17⁶. Conscient de la fragilité de la place et craignant qu’elle ne puisse ensuite être restaurée par le duc de Lorraine, Charles Gigault de Bellefonds demande à M. de Pédamont de détruire les dernières fortifications de Lunéville et d’en incendier les vestiges. Le 20 septembre, constatant l’approche de nouveaux contingents lorrains, deux lieutenants de Bellefonds, Aneville et Sainte-Colombe, envoyés sur place pour exécuter l’ordre de destruction, ordonnent l’incendie de Lunéville. Pédamont, qui a reçu promesse d’Aneville et de Sainte-Colombe que sa retraite serait protégée, se démet de son gouvernement et quitte la ville. Le marquis de Ville, profitant de la faiblesse de la place, la reprend le lendemain au nom du duc de Lorraine, et, en qualité de gouverneur lorrain, entreprend aussitôt la restauration des murs.

Bellefonds fait d’abord part à la cour de son approbation concernant la conduite de Pédamont. Mais la prise de Lunéville par le marquis de Ville avant que lui-même n’ait pu réagir, l’amène à rejeter la responsabilité de la perte de la place sur Pédamont. Le 20 octobre, au cours d’un conseil de guerre présidé par Bellefonds, à Saint-Nicolas-de-Port, Monsieur de Pédamont est condamné à mort par contumace « pour avoir lâchement abandonné cette place bien qu’il y eût les forces suffisantes pour s’y défendre et qu’il n’y eût aucune raison de commettre une telle faute »⁷. Gabriel-Adrien Robinet de Cléry indique que l’instruction du procès a été confiée à Claude Gobelin et au sieur Legras et que Pédamont aurait été embastillé. Ferdinand des Robert évoque quant à lui une condamnation par contumace et la fuite de Pédamont.

En novembre, le duc de Longueville s’empare à nouveau de Lunéville et laisse ses hommes piller ce qui pouvait l’être. Le peintre Georges de La Tour assiste à l’incendie et à la destruction de la place⁸.

Voir aussi Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), L’œil et la plume de Richelieu : correspondances croisées, 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2020, p. 377, note 681 ;

Paul Vo-Ha, Rendre les armes : le sort des vaincus, XVI^e-XVII^e siècles, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2017, p. 248 et 276.

Texte 637, 

1. Le comte de Pédamont à Charles de Valois, duc d’Angoulême, Lunéville, 15 septembre 1635, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 66-67. [↩]
2. Courrier de l’évêque de Mende à Richelieu, Toul, 26 avril 1636, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, volume 29, fol. 202-203. [↩]
3. Courrier de l’évêque de Mende à Richelieu, Toul, 3 mai 1636 ; original conservé au ministère des Affaires étrangères, Correspondance politique Lorraine, volume 29, fol. 210-211 et courrier de l’évêque de Mende à Richelieu, Pont-à-Mousson, 23 mai 1636, original conservé au ministère des Affaires étrangères, Correspondance politique Lorraine, volume 29, fol. 233-236. [↩]
4. Courrier de l’évêque de Mende à Richelieu, Toul, 26 octobre 1637, original conservé au ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, volume 30, fol. 204-205. [↩]
5. Ferdinand des Robert, « Campagnes de Charles IV, duc de Lorraine et de Bar, en Franche-Comté, en Alsace, en Lorraine et en Flandre (1638-1641) », Mémoires de la Société des Lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, deuxième série, tome V, 1886, p. 241-315, voir p. 287-288, publication disponible en ligne sur la plateforme Gallica, consultée le 29/06/2023. [↩]
6. Marie-Catherine Vignal Souleyreau, Richelieu et la Lorraine, Paris, éditions L’Harmattan, 2004, p. 302. [↩]
7. Citation dans Gabriel-Adrien Robinet de Cléry, Première occupation de la Lorraine par les Français (1632-1641), Nancy, imprimerie Berger-Levrault, 1900, p. 28, ouvrage consulté en ligne sur la plateforme Gallica le 29/06/2023. Robinet de Cléry mentionne la date du 30 octobre. Ferdinand des Robert avance la date du 20 en mentionnant que l’arrêt de mort est conservé au Ministère des Affaires étrangères et en renvoyant aussi au volume XXIV de la collection Châtre de Cangé de la Bibliothèque nationale de France. [↩]
8. Paulette Choné, Georges de La Tour : un peintre lorrain au XVII^e siècle, Tournai [Paris], Casterman, 1996, p. 80-82. [↩]

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