Le comte Jean de Gassion (1609-1647) est le quatrième fils de Jacques de Gassion, procureur général au parlement de Navarre, puis second président à mortier en la même assemblée, et de Marie d’Esclaux¹. Il est le petit-fils de Jean de Gassion, également second président à mortier au parlement de Pau. Il est enfin le frère cadet de Jean de Gassion, intendant de justice, police et finances en Béarn, président à mortier au parlement de Pau après leur père et leur grand-père². Protestant, il s’engage dans la carrière militaire dès l’âge de 15 ans, combat aux côtés de ses coreligionnaires en 1628, puis s’illustre dans les rangs de l’armée du Roi au Pas-de-Suze en 1629. Il sert ensuite le roi Gustave-Adolphe de Suède, qui le promeut mestre de camp de cavalerie, et avec qui il combat en Allemagne³.

Gassion ramène son régiment en France après la mort du souverain suédois, à l’issue de la bataille de Lützen le 6 novembre 1632. Il passe alors sous les ordres du maréchal de La Force.

Au début du mois de novembre 1635, Jean de Gassion se rend maître du château de Vouthon, en Lorraine, propriété d’Henri de Salles, baron de Vouthon, dit « le baron de Salles », d’abord à la tête d’un régiment de carabins pour le roi de France puis rallié au duc Charles IV de Lorraine. Les meubles et les effets du baron de Salles sont pillés par les soldats français. Ses terres sont quant à elle confisquées sur ordre du roi et attribuées à Gassion⁴.

En septembre 1636, le château de Vouthon repasse dans le giron lorrain, occupé par le baron Africain de Clinchamp, ou par son fils Charles de Clinchamp⁵. À cette époque, Gassion prend part au siège de Dole, aux côtés du prince de Condé et du marquis de La Meilleraye⁶.

Il entretient des relations particulièrement tendues avec ce dernier, qui va jusqu’à le menacer de sa canne en juillet 1637⁷.

Gassion est nommé maréchal de camp en 1638. Il retrouve le marquis de La Meilleraye en juin 1639, au siège de Hesdin. À la fin de la même année, il est envoyé par Richelieu réprimer la révolte des Nu-pieds en Normandie⁸.

Sans avoir exercé la charge de lieutenant général comme il était d’usage, il est promu maréchal de France en 1643, à la demande que formule le duc d’Enghien auprès de Mazarin, de Rocroi, à l’issue de la bataille du 19 mai, puis auprès de son père, le prince de Condé, de Rumigny, le 23⁹. Le bâton de maréchal lui est remis le 17 novembre, Turenne ayant reçu le sien la veille¹⁰.

Gassion reçoit une blessure à la tête à Thionville, le 4 août 1643, et est ensuite l’un des commandants de l’armée de Flandre.

Il sert en 1644 sous l’autorité du duc d’Elbeuf. La même année, il s’empare du fort de Bayette, entre Gravelines et Saint-Omer¹¹.

Jean de Gassion est également pourvu du gouvernement de Courtrai.

Il trouve la mort le 2 octobre 1647 des suites de blessures reçues au siège de Lens, en même temps que le comte Léon d’Aubusson de de La Feuillade, en effectuant des tâches normalement dévolues à un ingénieur¹².

Théophraste Renaudot publie aussitôt, un Récit de la vie et de la mort du maréchal de Gassion ((L’opuscule est publié à Paris, au Bureau de l’Adresse.)). Il relève la propension de Gassion à l’imprudence en voulant tout prendre en charge lui-même lors de la conduite des combats¹³. Gédéon Tallemant des Réaux lui a consacré l’un de ses Historiettes. Il indique que Gassion prend en charge l’éducation du comte de La Roche-Guyon, fils de Roger du Plessis, marquis de Liancourt, et de Jeanne de Schomberg. La Vie du maréchal de Gassion est encore publiée par l’abbé de Pure en 1673.

Voir aussi Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux :Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. II, p. 78-87, 147.

Texte 638,

1. Antoine Adam – éd.- , Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. II, p. 985 et 986. [↩]
2. Ibidem. [↩]
3. Voir Fadi El Hage, Histoire des maréchaux de France à l’époque moderne, Paris, Nouveau Monde éditions, 2012, p. 175. [↩]
4. Anne Motta, Noblesse et pouvoir princier dans la Lorraine ducale (vers 1620-1737), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université du Maine, sous la direction de Laurent Bourquin et de Philippe Martin, 2012, p. 206. [↩]
5. Voir le courrier que Sylvestre Crugy de Marcillac, évêque de Mende, adresse à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, de Toul, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, volume 29, fol. 471-472, translation publiée en ligne texte 638. [↩]
6. Gérard Louis, La guerre de Dix Ans (1634-1644), Besançon, éd. Annales littéraires de l’université de Franche-Comté, et Paris, Les Belles Lettres, 1998, p. 29. [↩]
7. Fadi El Hage, Histoire des maréchaux de France…, ouvrage cité, p. 339. [↩]
8. Cyrus-Antoine de Saint-Simon, marquis de Courtaumer, est tué à Avranches, lors de l’expédition, voir Antoine Adam – éd. -, ((Antoine Adam – éd.- , Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité,t. II, p. 887 et p. 988. [↩]
9. Fadi El Hage, Histoire des maréchaux de France…, ouvrage cité, p. 94 note 3 et p. 201. [↩]
10. Ibidem, p. 180. [↩]
11. Ibidem, p. 133, 295, 305. [↩]
12. Ibidem, p. 301, note 2. [↩]
13. Ibidem, p. 513-514. [↩]

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