Marie Charlotte de Balzac d’Entraigues (ou Entragues) (1588-1664), dame de Breux, dite « Mademoiselle d’Entragues » puis « Madame de Bassompierre », est la fille de François de Balzac d’Entraigues et de Marie Touchet (1549-1638). Elle est aussi la sœur de Catherine Henriette de Balzac d’Entraigues, marquise de Verneuil. Durant l’assignation à résidence de la marquise de Verneuil à l’abbaye de Beaumont-lès-Tours (entre la fin 1604 et 1607), elle est la maîtresse d’Henri IV¹. Surtout, à partir du mois d’août 1604², elle entretient une liaison avec le maréchal François de Bassompierre, dont elle a un fils Louis de Bassompierre, né le 17 août 1610 († 1674), abbé de Saint-Volusien de Foix puis évêque de Saintes en 1647.

Un mois avant la naissance de son fils, le 21 juillet 1610, elle a obtenu une promesse de mariage du maréchal de Bassompierre³. Si ce dernier assiste au baptême de son fils, il fait ensuite savoir qu’il refuse d’épouser la jeune mère.

La famille de Marie Charlotte de Balzac d’Entraigues entame alors une procédure judiciaire devant l’officialité de Paris au printemps 1611 pour faire valoir ses droits, et obtient gain de cause. Le maréchal de Bassompierre fait appel de sa condamnation devant le tribunal ecclésiastique de Sens, puis obtient l’examen de l’affaire au Conseil du roi, qui la transmet à son tour, en février 1612, à la chambre des Requêtes du palais.  Celle-ci condamne Bassompierre à verser une pension de 1500 livres pour l’entretien de son fils. L’avocat du maréchal dénonce encore la sentence au Conseil, et fait appel comme d’abus. Un nouveau procès se tient au parlement de Rouen à partir de janvier 1613. Marie Charlotte de Balzac d’Entraigues fait parallèlement intervenir en sa faveur Paul Hurault de L’Hôpital, archevêque d’Aix, à qui elle est apparentée, et René Potier, évêque de Beauvais. Face aux pressions, le maréchal de Bassompierre envisage de convoler : des bans sont publiés le 3 avril 1613, en l’église Saint-Paul, à Paris, où leur fils est baptisé à deux reprises, le 17 août 1610 puis le 22 mai 1613. L’acte de baptême de 1613 mentionne le mariage du père et de la mère de l’enfant. En raison de son mariage morganatique, Mademoiselle d’Entragues se fait « Madame de Bassompierre »⁴. Mais le 4 septembre 1615, le parlement de Rouen, à la suite d’une intervention de Marie de Médicis, casse les arrêts prononcés par l’officialité de Paris, l’acte obtenu à Rome par Paul Hurault de L’Hôpital, et dispense le maréchal de Bassompierre de mariage⁵.

Elle réside en Lorraine, à Nancy, auprès de sa belle-sœur, Madame de Removille, au cours des années 1630⁶.  

Texte 638,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Mathieu Lemoine, La Faveur et la Gloire : le maréchal de Bassompierre mémorialiste (1575-1646), Paris, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, 2012, p. 194. [↩]
2. Ibidem, p. 200. [↩]
3. Voir Antoine Adam – éd. – , Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. I, p. 598, 1204, 1205. [↩]
4. Voir Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, t. II, p. 943. [↩]
5. Mathieu Lemoine, La Faveur et la Gloire…, ouvrage cité, p. 27, et p. 200-205 concernant les procédures judiciaires. [↩]
6. Sylvestre Crugy de Marcillac, évêque de Mende, à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, Toul, 22 septembre 1636, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, volume 29, fol. 471-472, translation publiée en ligne texte 638. [↩]