Eustache Asseline (1573-1640), en religion Eustache de Saint-Paul, est le troisième fils d’Eustache Asseline, seigneur de Champeaux, avocat au Parlement, et de Marie Le Grand, dévote¹. Le décès prématuré de son père occasionne de graves difficultés financières à la famille. Le frère aîné d’Eustache, Jean Asseline, devient, comme leur père, avocat au parlement de Paris.

Eustache Asseline choisit, quant à lui, l’état ecclésiastique. Docteur en théologie de la Sorbonne en 1604, il enseigne d’abord la philosophie au collège de Calvi. Il intègre la congrégation des feuillants, à Paris, en 1605.

Maître des novices et sous-prieur de l‘abbaye Saint-Bernard de la rue Saint-Honoré, à Paris, en 1609, il devient supérieur de la maison de Selles-sur-Cher, dans le Berry, nouvellement instituée, en 1611. En 1614, il est élu prieur de Saint-Bernard de Paris, puis prieur de Saint-Bernard-aux-Thermes, à Rome, en 1617. Le 2 mars de la même année, c’est lui qui accueille au monastère de la rue Saint-Honoré Victor Bouthillier, futur évêque de Boulogne et archevêque de Tours, frère de Claude Bouthillier.

Entre 1620 et 1625, il se voit confier les fonctions de visiteur de la congrégation pour la province de France. Il est encore confesseur des feuillantines de la rue Saint-Jacques, à Paris, en 1625, puis est envoyé à Soissons, en 1628, pour l’institution d’un nouvel établissement.

Il est rappelé à Paris l’année suivante pour accéder aux fonctions de premier assistant du général de la congrégation, Charles de Saint-Paul (Charles Vialart dans le siècle). Il est encore appelé à la tête du monastère des Saints-Anges au faubourg Saint-Michel, à Paris, où est institué un nouveau noviciat, sous sa houlette, en 1632.

Il préside, en qualité de premier assistant du général, la chapitre général de la congrégation, à Selles, en 1634 et en 1637.

Au début des années 1630, il prend également position dans l’affaire des illuminés de Picardie en exprimant ses réserves quant à la pratique de la foi suréminente sans direction de conscience².Il cosigne, au titre de ses responsabilités ecclésiastiques, avec Nicolas Ridolfi ou Augustin Carcat, un courrier que les représentants du clergé régulier adressent à Richelieu en avril 1632, en réponse aux débats suscités par Jean-Pierre Camus, évêque de Belles³.

En 1635, il est l’une des autorités spirituelles de la congrégation des feuillants consultées par Louis XIII qui se prononcent, en même temps que Charles Vialart et Raymond Aubert de Villeserin, pour l’invalidation du mariage du duc d’Orléans avec la princesse Marguerite de Lorraine⁴.

Eustache de Saint-Paul décède le 26 décembre 1640.

Proche de François de Salles, de François de La Rochefoucauld, de Claude de Rueil, évêque de Bayonne de 1621 à 1627 puis évêque d’Angers de 1628 à 1647, auquel il enseigne le philosophie, de Barbe Acarie, d’Antoine Arnauld, de son épouse Catherine Marion, et de leurs filles, mère Angélique et mère Agnès, il est à la fois l’un des premiers directeurs spirituels des religieuses de Port-Royal, avant, cependant, la conversion de la maison au jansénisme, le promoteur de la réforme des feuillants, avec un rigorisme et une ascèse spirituelle marquée, ou, comme Richelieu et le père Joseph, l’admirateur du Discours de l’état et des grandeurs de Jésus, composé par Pierre de Bérulle, et paru en 1622⁵. Eustache de Saint-Paul tente aussi de réformer l’enseignement de la théologie à la Sorbonne.

Il est l’auteur d’importants ouvrages théologiques : une Summa philosophiae quadrapartita, parue à Paris en 1609, qui connaît une trentaine d’éditions ; une Summa theologiae tripartita, dont le tome 1 paraît à Paris en 1613, le tome 2 en 1616 et le tome 3, consacré à la Grâce, n’est jamais paru. Il publie encore une Vraie règle de saint-Benoît, sans lieu, vers 1623 ; les Exercices spirituels, à Paris, à la même date, puis dans une édition augmentée en 1640 ; une Adresse spirituelle contenant une facile pratique des moyens de se perfectionner en la voie du salut, édition revue et augmentée d’un Traité des facultés et pouissances de l’âme, parue à Paris, chez Michel Soly, en 1635 ; des Exercices spirituels…, en 1640.

Texte 641,

1. Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre : la congrégation des Feuillants dans l’affirmation des États et des pouvoirs princiers (vers 1560-vers 1660), Paris, Presses de la Sorbonne, 2006, p. 206 et p. 245 ; voir aussi la notice biographique que Benoist Pierre consacre à Eustache Asseline en annexe III de l’ouvrage, sur CD, non-paginée. [↩]
2. Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre…, ouvrage cité, p. 229 et p. 401. [↩]
3. Voir le texte 641. [↩]
4. Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre…, ouvrage cité, p. 447 note 120. [↩]
5. Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre…, ouvrage cité, p. 235. [↩]

---

---