Étienne Binet (1569-1639) appartient à la Compagnie de Jésus. Après des études de théologie en Italie, il devient supérieur de la province de Champagne entre 1624 et 1626. En 1625, il prend part aux débats qui agitent l’assemblée générale du clergé de France au sujet d’une réforme disciplinaire des réguliers, à la suite des observations formulées par l’évêque de Langres, Sébastien Zamet. Étienne Binet rédige une Réponse aux demandes d’un grand prélat [Sébastien Zamet] touchant la hiérarchie de l’Église et la juste défense des privilèges et des réguliers, publiée la même année à Nancy, chez J. Garnich et à Pont-à-Mousson, chez Sébastien Cramoisy.

Il exerce ensuite les fonctions de supérieur des jésuites pour la province de Lyon entre 1627 et 1630. À l’automne 1629, il est consulté, avec le jésuite Michel Rabardeau et les théologiens André Duval et Jacques Lescot, à propos de la réforme du grand couvent des augustins de Paris, entreprise par Pierre de Bérulle et restée inachevée à la mort de ce dernier, le 2 octobre de la même année¹.

Au tournant des années 1630, Étienne Binet devient recteur du collège de Clermont à Paris, fonctions qu’il occupe en 1632. Il cosigne alors, au titre de ses responsabilités ecclésiastiques, avec Nicolas Ridolfi, Eustache Asseline de Saint-Paul, Augustin Carcat, ou le frère Guéret, un courrier que les représentants du clergé régulier adressent à Richelieu en avril 1632, en réponse aux débats suscités par Jean-Pierre Camus, évêque de Belley². En 1632, Louis XIII demande à Étienne Binet d’envoyer l’un des membres de la Compagnie à Pignerol pour y pérenniser la présence et l’autorité française. Le recteur du collège de Clermont dépêche alors en Italie Jean Amien qui rend directement compte de sa mission à Richelieu³.

Étienne Binet est aussi le supérieur de la province de Paris de 1634 à 1638. Apprécié de Richelieu, le cardinal-ministre l’autorise, le 27 décembre 1636, à se rendre auprès du comte de Soissons, dans le contexte du complot d’Amiens du mois d’octobre précédent⁴.

Un autre membre de la Compagnie de Jésus, le père Caussin, confesseur du Roi entre mars et décembre 1637, artisan du rapprochement de Louis XIII et Anne d’Autriche, subit au contraire les foudres du souverain et est renvoyé de la Cour le 9 décembre, en raison des critiques formulées contre la politique extérieure de Richelieu et de la querelle opposant Caussin à Antoine Arnauld (« le Grand Arnauld »). Le 10, le secrétaire d’État François Sublet de Noyers remet à Étienne Binet l’ordre d’éloignement qui frappe le père Caussin⁵. Le supérieur général de la Compagnie de Jésus, Muzio Vitelleschi, s’inquiète alors d’une éventuelle disgrâce plus large de l’ordre dans son entier, par l’intermédiaire d’Étienne Binet, qui s’est aussi inquiété de l’attitude du père Caussin. Vers le 20 janvier 1638, le cardinal-ministre fait savoir à Étienne Binet que ni lui ni la Compagnie de Jésus ne sont concernés par la disgrâce⁶.

Étienne Binet est l’auteur de nombreux ouvrages de spiritualité, objets de multiples éditions, en particulier les Consolation et réjouissance pour les malades et personnes affligées en forme de dialogue, paru à Rouen, impr. de Nicolas Loyselet, en 1616-1617 et l’Essai des merveilles de la nature et des plus nobles artifices, Rouen, chez R. de Beauvais, 1621.

Voir aussi Pierre Blet (s. j.), Richelieu et l’Église, Versailles, Via Romana, 2007, p. 225 et 227.

Texte 641,

1. Voir à ce sujet le courrier que Richelieu adresse au père Augustin Carcat, supérieur des Grands Augustins, à la fin de l’année 1629, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France,t. III, p. 501-503. [↩]
2. La transcription de cette lettre a été publiée en ligne, texte 641. [↩]
3. Jean Amien à Richelieu, PIgnerol, 15 février 1633, Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 96-97. [↩]
4. Richelieu au père Binet, 27 décembre 1636, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, tome V, p. 716-717. [↩]
5. Denis-Louis-Martial Anevel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, t. V, p. 1067 note 4. [↩]
6. Richelieu à Étienne Binet, vers le 20 janvier 1638, Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, t. VI, p. 6-7. [↩]

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