Philippe de Harlay (v. 1582-1652), comte de Cézy (ou Césy), est le fils de Jean de Harlay de Cézy et d’Anne du Puy. Il est aussi l’arrière-petit-fils de Louis de Harlay, comte de Beaumont, le petit-cousin d’Achille de Harlay-Sancy, qu’il remplace en qualité d’ambassadeur ordinaire à Constantinople en 1619¹. Il est encore le cousin de Monsieur de Champvallon.

Au début des années 1620, il parvient à maintenir la sécurité du commerce obtenue par ses prédécesseurs, en particulier pour les marchands marseillais, et s’emploie « au renouvellement des Capitulations »². Il contribue également à la normalisation des relations entretenue par la France avec Alger.

Pour soutenir le train de la représentation diplomatique auprès du sultan, il se couvre cependant de dettes, dont il réclame le remboursement aux consuls de Marseille. Après les plaintes des représentants de la cité phocéenne, il est remplacé par Henri de Gournay, comte de Marchéville, en 1631, mais est assigné à résidence par la Porte qui souhaite obtenir le remboursement des sommes dues. Or le comte de Marchéville se rend si importun que le sultan Mourad IV le condamne à mort en 1634. Contraint de regagner la France, le comte de Marchéville doit renoncer à ses fonctions, rendues au comte de Cézy jusqu’en 1639.

Les derniers mois de l’ambassade du comte de Cézy en 1631 font l’objet de nouvelles plaintes à Richelieu, de la part des consuls de Marseille³. L’ambassadeur à Constantinople continue à contracter des dettes et impose des taxes qui nuisent au commerce marseillais.

Par ailleurs, il a si mal dirigé, à titre personnel, la douane d’Alep, que Richelieu a dû lui envoyer un commissaire spécial, Pierre Forget de La Picardière, pour apurer ses comptes⁴.

Le comte de Cézy assiste aux bévues du comte de Marchéville. Les dettes du premier sont encore évoquées par Louis Savornin et A. Binet, consuls de Marseille, dans un courrier adressé au comte de Chavigny, le 28 août 1634⁵.

Le remplaçant du comte de Cézy et du comte de Marchéville, Jean de La Haye, seigneur de Ventelet et de La Bouselle, n’arrive sur les rives du Bosphore que le 20 octobre 1639⁶. Ce n’est que vers cette époque, ou au début de l’année 1640, que le comte de Cézy peut gagner Venise, où il réside environ cinq ans, puis la France².

Le comte de Cézy a d’abord épousé, à la suite de manœuvres de la princesse de Condé, Jacqueline de Bueil le 5 octobre 1604, sans que le mariage soit consommé. Le mariage de Jacqueline de Bueil, devenue la maîtresse d’Henri IV, et du comte de Cézy est défait en 1607. En 1610, il convole avec Marie de Béthune (fille de Florestan de Béthune, seigneur de Congy), dont il a deux fils et trois filles. L’aînée, Lucrèce-Chrétienne, devient la confidente de la duchesse de Savoie, avant d’épouser, en 1638, Louis de Courtenay, seigneur de Chevillon et de Bléneau⁷.

Le comte de Cézy décède le 4 juin 1652.

Tallemant des Réaux a consacré l’une de ses Historiettes au comte de Cézy, en même temps qu’à Jacqueline de Bueil, devenue comtesse de Moret⁸.

Texte 644,

1. Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu : le secrétariat d’État, les agents diplomatiques (1624-1642), Bruxelles, Bern, Berlin…, P.I.E. Peter Lang, 2006, p. 271. [↩]
2. Ibidem. [↩] [↩]
3. Lettre des consuls de Marseille à Richelieu, 1^er septembre 1632, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau  – éd. -, La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 418. [↩]
4. Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 744-745. [↩]
5. Original conservé auMinistère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1702, f° 243-244, publié par Marie-Catherine Vignal Souleyreau, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, t. 2, p. 163. [↩]
6. Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux…, ouvrage cité, t. 1, p. 745. [↩]
7. Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux…, ouvrage cité, t. 1, p. 744 et t. 2, p. 1539. [↩]
8. Antoine Adam – éd.-, Tallemant des Réaux…, ouvrage cité, tome 1, p. 62-65, voir aussi p. 742-746. [↩]

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