Charles Le Roy de La Potherie à Richelieu, Marseille, 26 avril 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 109. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 184.

Monseigneur,

On nous veut faire croire que le roi d’Espagne a dessein de faire une descente en cette province, ou en Languedoc. Les nouvelles que vous recevez de ces provinces sont plus assurées que les bruits qui en courent, mais un de mes amis de Languedoc m’a mandé qu’il y a sept mille hommes de guerre à Barcelone, qu’on y attend le roi d’Espagne à la fin de ce mois, et les galères de Gênes, Florence, de Sicile, avec des troupes. J’ai cru être obligé d’en donner avis à Votre Éminence, et d’une plainte que font les marchands, que M. l’ambassadeur de Constantinople [Henri de Gournay, comte de Marchéville] a mis deux pour cent sur les marchandises, acheté le consulat de Smyrne, et s’est fait avancer l’argent sur ces droits qui écherront pour le payer, et que ces deux pour cent, avec les trois qu’on a imposés pour les dettes de M. de Cézy, remueront le commerce.

La crainte que j’ai d’ennuyer Votre Éminence est cause que ne lui en écris par le détail. S’il lui plaisait de m’ordonner de le mander à quelqu’un pour lui faire entendre, peut-être ne l’aurait-elle pas désagréable ? Et je ne le ferais plus hardiment, et ce devoir auquel je m’assujettirais soigneusement ferait connaître à Votre Éminence que je suis, Monseigneur, son très humble et très obéissant serviteur, 

de La Potherie

À Marseille, ce 26 avril.

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