Guido (ou Gui) Bentivoglio (1577-1644), natif de Ferrare, est le fils de Cornelio Bentivoglio et d’Isabella Bendidio. Camérier secret du pape Paul V, archevêque in partibus de Rhodes en 1606, il est pourvu de la nonciature apostolique en Flandre entre 1607 et 1615. Il devient nonce en France en 1616, en remplacement de Roberto Ubaldini (1581-1635), et arrive à Paris le 15 décembre 1616, alors que Richelieu, jeune évêque de Luçon, accède pour quelques mois aux fonctions de secrétaire d’État aux Affaires étrangères et à la Guerre. Guido Bentivoglio demeure en poste à Paris jusqu’en 1621¹.

Témoignant ensuite d’une confiance absolue à l’endroit du duc de Luynes, il est sollicité par ce dernier dans les manœuvres opposées à Richelieu, alors évêque de Luçon, pour le cardinalat².

Rappelé à Rome et remplacé par Ottavio Corsini, Guido Bentivoglio est accompagné, à son retour dans la ville éternelle, d’Henri Arnauld, dit « l’abbé de Saint-Nicolas », frère du théologien Antoine Arnauld³.

Guido Bentivoglio accède lui-même à la pourpre cardinalice le 11 janvier 1621⁴, tandis que Louis XIII lui attribue la comprotection des affaires de France. Le choix du roi de France intervient dans le contexte d’une autre nomination au cardinalat, celle du prince Maurice de Savoie, le 22 février 1621, aussitôt suivie, le 25, de l’attribution, en sa faveur, de la protection des affaires de France. Le choix de Guido Bentivoglio est sans doute d’abord guidé par le constat pragmatique de l’absence de Rome du cardinal de Savoie, qui réside à Turin. Mais susceptible de déplaire à Maurice de Savoie, la décision de Louis XIII est rapidement contrebalancée, en 1622, par l’octroi du titre de « directeur » au protecteur en titre, par le chancelier Nicolas Brulart de Sillery⁵.

Le cardinal Bentivoglio est également pourvu par Louis XIII de l’évêché de Riez, en Provence, grâce à l’intervention de Pierre Brulart de Sillery, vicomte de Puisieux, secrétaire d’État, fils du chancelier. Le brevet de nomination porte la date du 22 mai 1622⁶. L’évêque de Riez en titre, Guillaume Aleaume, vient en effet de succéder à son oncle, Guillaume du Vair, décédé, à l’évêché de Lisieux⁷. Guido Bentivoglio conserve l’évêché de Riez jusqu’en 1624, et le résigne en faveur du minime François de La Fare le 16 octobre 1625⁸.

Olivier Poncet a relevé une « correspondance très amicale et teintée d’une familiarité et d’une intimité singulières, entre Bentivoglio et Puisieux, de 1621 à 1625 »⁹. 

Bentivoglio continue par la suite à jouer un rôle politique important et à être associé aux affaires internationales en raison des responsabilités qui lui sont confiées au sein de la congrégation du Saint-Office entre 1628 et 1635. 

Comme son frère le prince Thomas, le cardinal de Savoie se montre alors davantage soucieux des intérêts de la maison d’Autriche que de ceux du roi très chrétien¹⁰. De son côté, le cardinal Bentivoglio, malgré les qualités intellectuelles qui l’avaient fait choisir par Louis XIII, reste un intime du vicomte de Puisieux, tandis que son frère, Entio (ou Enzo) Bentivoglio, passe au service armé de Ferdinand II. Or au printemps 1632, le cardinal Borgia, ambassadeur de Philippe IV à la cour pontificale, se plaint, en termes particulièrement vifs, du traité de Bärwald et des accords unissant Louis XIII et le roi Gustave-Adolphe. Urbain VIII, outré de l’insolence du personnage, chasse Gaspar Borgia de Rome. Le 20 avril, Richelieu adresse une lettre de soutien au souverain pontife¹¹, accusé par la faction espagnole d’être le seul responsable, par son manque de fermeté, de l’affaiblissement de la catholicité. Afin de se garantir un appui plus efficient dans l’entourage d’Urbain VIII, Louis XIII envisage, à partir de l’automne 1633, et peut-être à la suggestion de Mazarin, de confier la comprotection de France au cardinal Antoine Barberini. En 1633, ce dernier est pourvu par Urbain VIII de la légation à Avignon, et Mazarin, tout juste rentré à Rome après ses missions diplomatiques dans le nord de l’Italie, est nommé auditeur du cardinal Antoine pour les affaires d’Avignon¹². Il est cependant nécessaire d’obtenir d’une part la résignation du cardinal Bentivoglio, et d’autre part l’aval du souverain pontife. C’est dans ce but que le maréchal de Créqui est chargé d’une ambassade extraordinaire à Rome, au moment où le comte de Brassac, ambassadeur ordinaire, est rappelé en France et remplacé par le comte de Noailles. Le maréchal de Créqui obtient, semble-t-il, des accords de principe avant la fin de l’année 1633, puisque Louis XIII expédie au cardinal Antoine ses lettres de comprotecteur de France le 30 décembre¹³.

Mais la situation change radicalement au début de l’année 1634 : entre janvier et avril, Urbain VIII se voit imposer la collation française aux grands bénéfices lorrains laissés vacants par le cardinal de Lorraine, démissionnaire, la compétence du parlement de Paris au sujet du mariage du duc d’Orléans, puis celle d’un collège d’ecclésiastiques français pour compléter la procédure d’invalidation. Le pape n’est plus ni décisionnaire ni même arbitre. Urbain VIII n’a ni consenti ni refusé la démission du cardinal Bentivoglio en faveur du cardinal Antoine Barberini. Le silence ou l’attentisme du souverain pontife, comme celui du cardinal Francesco Barberini, peut être interprété comme un consentement tacite, et rien ni personne ne semble, a priori, s’opposer à la nouvelle comprotection de France, annoncée par Richelieu au maréchal de Créqui en mai 1634¹⁴.

Guido Bentivoglio est, vers la même époque, celui qui suggère au pape Urbain VIII les nominations aux évêchés implantés sur les territoires de la république de Venise¹⁵.  

Si la protection des affaires de France est confiée au cardinal Antoine Barberini en lieu et place de la comprotection en 1636, le cardinal Bentivoglio n’en reçoit pas moins de Louis XIII, encore à cette date, 18 000 livres tournois au titre des pensions allouées aux personnalités étrangères, somme égale à celle que lui-même s’était vu attribuée en 1624 comme comprotecteur, puis en 1630, somme égale encore à la pension allouée au cardinal Antoine Barberini ((Selon le décompte des pensions allouées par le Roi aux personnalités étrangères en 1636, conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 255, f° 78-81. Voir aussi Olivier Poncet, La France et le pouvoir pontifical, ouvrage cité, p. 798.)). 

Guido Bentivoglio accède encore à l’évêché de Palestrina en 1641¹⁶.

Le cardinal Bentivoglio est aussi l’auteur d’un traité De la guerre en Flandre (Della guerra di Flandra), paru à Cologne en 1632, puis réédité avec des ajouts jusqu’en 1639, ainsi que d’importants Mémoires, publiés en Italie en 1648¹⁷.

Texte 645,

1. La correspondance que Guido Bentivoglio entretient alors avec le cardinal Scipion Caffarelli-Borghèse, neveu du pape Paul V, a été publiée sous le titre original La Nunziatura du Francia del cardinal Guido Bentivoglio, lettere a Scipione Borghese…, par Luigi di Stefani, à Florence – Firenze -, chez Felice Le Monnier, entre 1863 et 1870, en quatre volumes. [↩]
2. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. VII, p. 436 note et p. 449-451. [↩]
3. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, t. VIII, p. 158. [↩]
4. Denis-Louis-Martial Avenel, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, t. I, p. 548 note 1. [↩]
5. Frédéric Ieva, La diplomatie savoyarde au cœur de l’Europe, Savoie-Piémont et France au temps de Victor-Amédée I^er et de Christine de Bourbon (1630-1648), thèse de doctorat soutenue le 5 juin 2020, à l’université de Grenoble-Alpes, sous la direction de Giuliano Ferretti, p. 431. [↩]
6. Joseph Bergin, The Making of The French Episcopate (1589-1661), New-Haven & London, Yale University Press, 1996, p. 573. [↩]
7. Olivier Poncet, La France et le pouvoir pontifical (1595-1661) : l’esprit des institutions, Rome, École française de Rome, 2011, p. 700-701. [↩]
8. Joseph Bergin, The Making of The French Episcopate, ouvrage cité, p. 573 ; Olivier Poncet, La France et le pouvoir pontifical, ouvrage cité, p. 705. [↩]
9. Olivier Poncet, La France et le pouvoir pontifical, ouvrage cité, p. 271 note 197. [↩]
10. La protection de France lui est définitivement retirée, en 1636, lorsqu’il rejoint l’Empereur. [↩]
11. Denis-Louis-Martial Avenel  – éd. -, Lettres, instructions…, ouvrage cité, t. IV, p. 284. [↩]
12. M. Laurain-Portemer, Une tête à gouverner quatre empires : études mazarines [vol. 2], Paris, chez l’auteur, 1997, p. 403 et 409. [↩]
13. Ibidem. [↩]
14. Richelieu au maréchal de Créqui, 14 mai 1634, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions…, ouvrage cité, tome IV, p. 552. [↩]
15. Olivier Poncet, La France et le pouvoir pontifical, ouvrage cité, p. 175 note 51. [↩]
16. Voir article l’article « Bentivoglio, Guido », dans l’encyclopédie Treccani, disponible en ligne, article consulté le 12/08/2023. [↩]
17. Anne Motta, Noblesse et pouvoir princier dans la Lorraine ducale (vers 1620-1737), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université du Maine, sous la direction de Laurent Bourquin et de Philippe Martin, 2012, p. 349 note 732. [↩]

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