François de Lorraine-Chaligny, évêque de Verdun, à Richelieu, Cologne, 27 avril 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, col. Correspondance Politique Lorraine, vol. 10, f^° 274-275. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 187-188.

Monsieur,

Votre repos et votre contentement me sont si chers que je ne les aurais interrompus par les plaintes, si la compassion que je suis obligé d’avoir des pauvres Verdunois ne m’en eut donné les occasions légitimes. Je ne puis, Monsieur, vous représenter ce pays que plein de pauvretés, et de calamités, partie du peuple vagabond par le monde, le reste en termes de tout quitter, pour ne trouver moyen de subsister dans leurs misères.

Je vous supplie très humblement de considérer les dommages que je suis sur le point de souffrir dans ces inquiétudes, où privé d’aliment pour la ruine du pauvre peuple, je me trouve comme dans l’extrémité de ne rien avoir, et de ne rien espérer. Réservé, Monsieur, ce que votre bonne affection me doit faire attendre, que je puisse donc obtenir cette faveur d’icelle, qu’avec tant d’autres obligations, je puisse compter celle d’avoir été délivré de cette dernière extrémité par votre seule bonté, et qu’il soit permis à ce pauvre pays seulement de respirer pour un temps, et de reprendre air, et se remettre en état de servir aux saints desseins du Roi. Vous ferez œuvre de miséricorde envers le public, et je priserai pour ma part cette courtoisie autant que ma vie, dont je ne fais estime que pour me conserver la qualité, Monsieur, de votre très humble et très affectionné serviteur, 

François de Lorraine

Cologne, le 27 avril 1632.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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