François II de Faudoas (1583-1638), seigneur d’Averton (aujourd’hui département de la Mayenne), de Courcité, de Saint-Paul, de Pré-en-Pail, de la Forêt-Hardanges, de Chevaigné, et d’Orthes, baron de Milly (en Gâtinais), comte de Belin (auj. dép. Sarthe)¹ est le fils de François de Faudoas-Sérillac, dit « François d’Averton » par son mariage, ligueur rallié à Henri IV, gouverneur de Ham, Ardres, Calais, Paris et Île-de-France, puis gouverneur du prince de Condé, et de Renée d’Averton, déjà veuve de Jacques d’Humières, qui lègue à son fils une importante fortune.

Le comte de Belin embrasse, à la suite de son père, la carrière des armes.

Capitaine de cinquante hommes d’armes, chevalier de l’ordre du Saint-Esprit dans la promotion de 1599, sans être reçu, il est nommé bailli d’Alençon par Marie de Médicis.

En 1620, il choisit de soutenir Marie de Médicis dans le bras de fer qui oppose, depuis l’année précédente, la Reine mère et Louis XIII. Malgré, l’inclination de la population d’Alençon pour le Roi, il prend le contrôle du château et s’engage aux côtés des princes rebelles. Au cours de l’été, il ne s’oppose cependant pas à l’armée du souverain. Le maréchal de Créqui peut ainsi reprendre facilement le contrôle de la place. Les atermoiements du comte de Belin entraînent cependant sa disgrâce : il doit se retirer sur ses terres d’Averton.

Ami proche de l’évêque du Mans, Charles de Beaumanoir, il est appelé en même temps que le prélat, à La Rochelle, en 1628. Tous deux assurent Louis XIII de la fidélité de province du Maine.

La fortune que lui a laissée sa mère lui permet d’acheter à Richelieu, le 26 avril 1630, la châtellenie de Vaux. La transaction est conclue à Paris, par Michel Le Masle, prieur des Roches, en qualité de secrétaire du cardinal-ministre, qui se trouve lui-même à Grenoble. La vente est ratifiée le 24 mai par Richelieu, devant Michel Particelli d’Hémery, alors conseiller et notaire-secrétaire du Roi, et conclue moyennant le paiement comptant de 30 000 livres tournois. Il décide de poursuivre les travaux d’embellissement du château du Plessis, à Saint-Gervais-en-Belin, entrepris par Richelieu, tandis que le château de Belin, situé à proximité, est délaissé.

Le comte de Belin est aussi un mécène important pour le Théâtre de l’époque. Il soutient notamment le dramaturge Jean de Rotrou (1609-1650), invité par Richelieu, en même temps que Pierre Corneille, François Le Métel de Boisrobert, Guillaume Colletet et Claude de L’Estoile, à composer la Compagnie des cinq auteurs, ainsi que le poète Jean Mairet (1604-1686), et la compagnie de théâtre du Marais, de l’acteur Guillaume des Gilberts dit « Montdory » (ou Mondory).

L’année 1637 est particulièrement difficile pour lui. Malade, il est contraint de résider en son château du Plessis. Le 1^er août, il perd son fils aîné, Emmanuel de Faudoas d’Averton, qui a épousé, en juillet 1633, Louise Henriette Potier, fille du gouverneur du Maine, René Potier, marquis de Gesvres puis duc de Tresmes, et succombe des suites d’une blessure reçue le 23 juillet. À Paris, court, à tort, le bruit de sa propre mort, en raison de la détérioration de son état de santé. Henri Chardon cite à ce propos un courrier que Guillaume Bautru adresse au cardinal de La Valette le 11 novembre 1637 : « Nous croyons que Monsieur de Belin le père est mort… »². Quelques jours plus tard, son ami Charles de Beaumanoir décède à son tour. Le comte de Belin est aussi amené à jouer un rôle important dans la querelle du Cid, en soutenant, depuis sa retraite du Maine, Jean Mairet, alors que Jean de Rotrou soutient Corneille.

Il fait également connaissance, vers cette époque, du secrétaire de Charles de Beaumanoir, Paul Scarron le Jeune, qui le dépeint sous les traits du marquis d’Orsé dans son Roman comique.

Il a épousé Catherine de Thomassin († 1626), qui lui a laissé huit enfants. Leur fils cadet, René de Faudoas d’Averton est, quant à lui, assassiné en 1642, par son beau-frère, François de Rochechouart, marquis de Bonnivet. Le comte de Belin décède le 29 septembre 1638. Gédéon Tallemant des Réaux l’évoque dans son Historiette consacrée à Mondory³.

Voir aussi Philippe Tamisey de Larroque (éd.), Lettres de Jean Chapelain, de l’Académie française, tome premier (septembre 1632-décembre 1641), Paris, imprimerie nationale, 1880, p. 93, 94, 100.

Texte 650,

1. Pour l’ensemble des éléments figurant dans cette notice, voir Henri Chardon, « La vie de Rotrou mieux connue (suite) », Revue historique et archéologique du Maine, tome quatorzième, année 1883 second semestre, article consulté en ligne le 20/08/2023. [↩]
2. Voir à la page 74 de l’article qu’il a consacré à Jean de Rotrou, déjà cité, et la translation complète de cette lettre, texte 650. [↩]
3. Voir Antoine Adam. – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 2, p. 774, et p. 1519 et 1556, qui mentionne que le comte de Belin fréquente le cercle de Charlotte Melson, épouse d’André Gérard Le Camus ; voir aussi t. 1, p. 692. [↩]

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