Paul-Albert de Forbin (1580-1661), seigneur de Bonneval, dit le « bailli de Forbin », est le fils puîné de Bertrand de Forbin, seigneur de Bonneval, commissaire général de la marine du Levant, gouverneur de Lambesc1, et de Jeanne d’Ivray. Chevalier de l’ordre de Malte en 1590, commandeur de Gardanne, il est fait bailli et grand-croix de l’ordre en 1633. Capitaine de galère à Marseille, il exerce surtout les fonctions de lieutenant général des galères et entreprend de réorganiser les galères du Levant.
Dès 1628, il est l’auteur d’un « Discours […] touchant la mer du Levant ou Mémoires touchant les forces qui seraient nécessaires sur les mers de ce royaume et particulièrement sur la Méditerranée2.
Le contexte de la prise de Lérins par les Espagnols à la mi-septembre 1635 détermine Richelieu à le charger de l’armement des galères de Méditerranée dès le 303. Il bénéficie de la confiance du cardinal-ministre qui tient compte de ses observations4.
Cependant, l’entrée de la France en guerre ouverte contre l’Espagne suit aussi immédiatement la nomination du marquis du Pont-de-Courlay, au généralat des galères. Le bailli de Forbin parait, dans les faits, depuis longtemps, au plus pressé. Si le 10 juillet 1636, Richelieu remercie le bailli de Forbin de « prendre soin » de son neveu5, il prépare le même jour un courrier destiné au marquis du Pont-de-Courlay portant une note révélatrice des tensions nées avec le bailli de Forbin : « Madame de Combalet et Messieurs de La Galissonnière et de Saint-Denis ont été d’avis de changer cette lettre si Son Éminence l’a agréable afin que Monsieur le général des galères ne puisse juger que Monsieur le commandeur de Forbin ait recherche ce que Sa Majesté désire de lui, ce qui les pourrait brouiller »6. Le ton et les termes que le cardinal-ministre adopte pour s’adresser au marquis du Pont-de-Courlay le confirment : « quand vous avez brouillerie avec quelqu’un, je crains d’abord que vous ayez tort, connaissant votre humeur […] On m’a dit que vous vous êtes brouillé avec le commandant de Forbin… »7. Le bailli de Forbin exerce une forme de curatelle sur le marquis du Pont-de-Courlay, en ce qui concerne ses affaires publiques, tandis que Jacques II Barrin de La Galissonnière et Monsieur de Saint-Denis font de même pour les affaires privées du neveu de Richelieu.
Le bailli de Forbin est aussi le premier ambassadeur de l’ordre de Malte dépêché auprès de Louis XIII pour le féliciter de la naissance du Dauphin.
Si l’exercice de la charge de général des galères est attribué en mars 1639 à un autre neveu de Richelieu, Jean Armand de Maillé, marquis de Brézé, le bailli de Forbin n’en continue pas moins à assurer la gestion effective de la flotte. Il en exerce en réalité le commandement pendant environ huit ans8.
À la fin de l’année 1639, il est associé aux négociations ouvertes par le roi de France avec Alger et Tunis, par l’intermédiaire de Jean-Baptiste Cosquiel9. Il contribue par la suite à la prise de Collioure (1642).
Il se retire de la marine royale en mars 1643, après le décès de Richelieu.
Grand-prieur de Saint-Gilles en 1644, il est pourvu du gouvernement des îles d’Hyères en 1647.
Denis-Louis-Martial Avenel indique que la correspondance de l’archevêque de Bordeaux, Henri d’Escoubleau de Sourdis, en qualité de lieutenant général de la marine royale, « fut imprimée et distribuée par les soins de M. de Forbin »10.
Voir François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Le dictionnaire de la noblesse…, 2ème édition, Paris, chez la veuve Duchesne pour les tomes I à V, puis chez Antoine Boudet pour les tomes VI à XII, 1770-1786, 12 volumes, voir au tome VI, p. 542 ; et Claude Petiet, Le bailli de Forbin, lieutenant général des galères : un chevalier de Malte dans la marine de Louis XIII, Paris, éditions Lanore, 2003. Les dates fournies par les deux publications ne sont pas concordantes.
Voir aussi Michel Vergé-Franceschi, Marine et éducation sous l’Ancien Régime, Paris, éditions du CNRS, 1991, passim.
Texte 660,
- Fabrice Micallef, Un désordre européen : la compétition internationale autour des « affaires de Provence » (1580-1598), Paris, éditions de la Sorbonne, 2014, voir à la fin de l’ouvrage le lexique prosopographique, p. 399-408. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome III, p. 172. [↩]
- Voir le Mémoire qu’Abel Servien adresse à cette date, de Rueil, au maréchal de Vitry, dans Denis-Louis-Martial Avenel, ouvrage cité, t. V, p. 942. [↩]
- Richelieu écrit ainsi à Abel Servien, de Rueil, le 22 novembre 1635 : « j’ai reçu une grande lettre du commandeur de Forbin ; il remarque, entre autres choses, le peu de soin qu’on a de faire la garde en Provence ; sur quoi il faut faire une dépêche pour les réchauffer. », cité par Denis-Louis-Martial Avenel, ouvrage cité, tome V, p. 954. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome V, p. 978. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, tome V, p. 549. [↩]
- Richelieu au marquis du Pont-de-Courlay, 20 août 1636, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, t. V, p. 556-557. [↩]
- Georges Lacour-Gayet, La marine militaire de France sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, Paris, Honoré Champion, 1911, p. 82. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, t. VI, p. 633. [↩]
- Ouvrage cité, tome VII, p. 278 note 1. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (9 septembre 2023). Forbin (Paul-Albert de, dit “le bailli de Forbin”). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqlu