Louis Le Picart (ou Picart, Picard, Le Picard), marquis de Dampierre, est le fils d’un cordonnier parisien insulté par les gens du maréchal d’Ancre1. L’incident provoque la colère de la population, débouche sur une émeute et détermine le Parlement à faire arrêter les laquais de Concini2. Il contribue peut-être aussi à la volonté de Louis XIII d’éliminer le favori de Marie de Médicis.
Louis Le Picart apparaît en 1635 dans la correspondance de Richelieu comme porteur de commissions destinés à Michel Particelli d’Hémery, envoyé en Provence3.
En 1636, Louis Le Picart exerce la charge de trésorier de la marine du Ponant et porte le titre de « conseiller » du Roi4.
Dans le contexte de l’entrée du royaume en guerre ouverte contre l’Espagne l’année précédente, Richelieu écrit au comte de Chavigny, le 7 janvier 1636 : « Monsieur de Chavigni fera donner cent mille francs au Picard, trésorier de la marine du Ponant, laquelle somme Monsieur de Bullion m’a promis de lui rendre ; il en tirera parole dudit sieur de Bullion. S’il peut faire donner jusqu’à six vingts mille livres [120 000 livres] au Picard le service du roi le requiert »5. Pour l’année 1636, un État de la dépense par mois que le Roi veut et ordonne être faite par […] Monsieur Louis Picart… a été publié par Eugène Sue, avec la correspondance de l’archevêque de Bordeaux, Henri d’Escoubleau de Sourdis, lieutenant général de la marine royale6. Louis Le Picart doit fournir une avance de 6 000 livres au marquis du Pont-de-Courlay au printemps, pour lui permettre de partir exercer sa charge de général des galères en Provence, puis doit verser au même 4 000 livres par mois7.
En 1637 puis en 1640, c’est encore lui qui fournit à Henri d’Escoubleau de Sourdis les liquidités nécessaires à la conduite des opérations militaires dont le prélat est chargé en Méditerranée et en Provence8.
Louis Le Picart est lié à la même époque, par ses activités financières, à Pierre Tallemant (1581-1656), banquier rochelais, père de Gédéon Tallemant des Réaux,9.
Il exerce encore sa charge de trésorier de la marine en 1641 puisque Richelieu écrit le 3 août, à Claude de Bullion : « le sieur Picard, trésorier de la marine, mande qu’il lui est encore dû, des assignations des galères de l’année dernière, près de 120 000 livres, de sorte qu’il ne peut payer entièrement les capitaines des galères… »10.
Louis Le Picart est également dit trésorier des parties casuelles11.
Il est évoqué par Tallemant des Réaux dans l’Historiette qu’il consacre à Boisrobert et dans celle qu’il consacre à Henri d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux. Antoine Adam indique qu’il est la cible d’un virulent pamphlet publié en 1642, par Garaby de La Luzerne, sous le titre d’Essais poétiques12.
En juillet 1648, Louis Le Picart est encore inquiété pour « avoir dit que le Parlement, faisant ce qu’il faisait, avait pension du roi d’Espagne »13.
Texte 660,
- Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 411, et p. 1067. [↩]
- Ibidem. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 725. [↩]
- Eugène Sue (éd.), Correspondance de Henri d’Escoubleau de Sourdis…, Paris, imprimerie du Crapelet, 1839, 3 volumes, tome premier, p. 38. Voir aussi Denis-Louis Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 360. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 963. [↩]
- Ibidem, p. 38-42. [↩]
- Richelieu à Louis Le Picart, 1er mai 1636, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 971. Avenel précise que « Richelieu promet au sieur Picard qu’il lui sera tenu compte de ses avances tant sur l’entretènement des galères que sur les appointements du général ». [↩]
- Ibidem, tome premier p. 340 et p. 356-357 ; tome second, p. 342 et p. 351. [↩]
- Eugène Sue (éd.), Correspondance de Henri d’Escoubleau de Sourdis…, ouvrage cité, tome troisième, p. 95, 525 et 527. [↩]
- Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VII, p. 292. [↩]
- Françoise Bayard, Le monde des financiers au XVIIe siècle, Paris, Flammarion, 1988, p. 345. [↩]
- Antoine Adam (éd.), ouvrage cité, t. 2, p. 1067-1068, voir aussi p. 377, 411, 1045. [↩]
- Françoise Bayard, ibidem. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (9 septembre 2023). Le Picart (Louis). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqlv