Instructions de Richelieu à François de L’Hôpital, seigneur du Hallier, et au prince de Condé, 28 mai 1635.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 814, f° 122-123. Minute de la main du secrétaire de la nuit, François Citoys, complétée par des corrections et un paragraphe de la main de Pierre Cherré. Pour le classement : « 28 mai 1635 ».

Le même jour, Louis XIII prépare lui-même un courrier destiné à Monsieur du Hallier, dicté au comte de Chavigny, aujourd’hui conservé au ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, volume 25, f° 233 (minute de la main du comte de Chavigny) : « M. du Hallier, j’ai vu ce que vous avez écrit au sieur Servien sur le sujet des ordres que mon cousin le prince de Condé vous a envoyés pour l’aller trouver, sur quoi ne pouvant d’ici vous envoyer à toute heure mes intentions sur toutes les occasions <…> à autre, le meilleur est que vous suiviez ce que mon cousin vous dira […] ». De même trouve-t-on encore, à la date du 28 mai 1635, le projet d’instructions que le comte de Chavigny destine au prince de Condé, document conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, volume 25, f° 234 (minute de la main du comte de Chavigny).

Faut mander à Monsieur du Hallier qu’il fasse ce que lui dira Monsieur le Prince, que les ennemis ayant quitté Conflans [Conflans-en-Jarnisy] et Étain et Bruyères, il suffira qu’il envoie quelqu’un pour voir les ordres qu’il y faut pour les mieux assurer à l’avenir.

[Au prince de Condé] Monsieur,

J’ai bien voulu vous donner avis en mon particulier du bonheur des armes du Roi à leur entrée en Flandres etc.

Et en suite de cette victoire¹, le Roi désire que vous faciez chanter le Te Deum dans Nancy et dans toute la Lorraine.

Vous aurez vu les deux dépêches qui vous furent faites hier sur le sujet de la jonction pour promptement faire agir contre le duc Charles. Le plus grand plaisir que vous sauriez faire au Roi est de faire en sorte que sans perdre aucun temps, Monsieur de Feuquières, fortifié des autres troupes du Roi que vous jugerez lui devoir joindre, aille en lieu où il puisse se joindre avec M. de La Force.

Quoi qu’on vous mande, vous saurez que le Roi entend de vous laisser la liberté d’agir ou faire agir selon que vous l’estimerez plus à propos en l’un ou l’autre, mais je vous conjure en mon particulier ne perdre point de temps.

J’estime que si les raisons portées dans le mémoire qui vous fut hier au soir envoyé vous fait résoudre à faire faire la fonction <avec les> sieurs de Feuquières et de Bellefonds, par Châtillon [Châtillon-sur-Saône], que vous devez laisser quelque infanterie dans Remiremont et Épinal et envoyer prendre des otages de <ces> lieux qu’on pourra mettre dans <…> pour assurer par ces deux moyens que le duc Charles en s’en puisse saisir.

En un mot, Monsieur, faites ce que vous estimerez plus à propos et vous souvenez s’il vous plaît qu’en la guerre rien ne fait mieux réussir les desseins qu’on entreprend que le secret de ce qu’on veut entreprendre.

On écrit à M. du Hallier de suivre vos ordres. Le sieur de Bellefonds a déjà ce commandement. Je désire avec passion que vous ayez le bonheur de <mettre> ou faire mettre Monsieur de Loraine à raison, l’un et l’autre vous étant également glorieux.

[Dernier paragraphe de la main de Pierre Cherré :]

Si après le gain de la bataille de Flandre, vous pouvez donner un échec à Monsieur de Lorraine, je me rendrais plutôt historien que vous ne fussiez bien avant dans les armées. Considérez donc tous les avis que l’on vous a envoyez et sans vous lier à aucune résolution ce que vous estimerez plus à propos, et l’exécuterez. Jusqu’ici les vivres ou l’artillerie ont empêché tout d’être en état de marche toutes les troupes <…> [barré : « n’ont pu être passées »] et Monsieur du Hallier et Monsieur de Bellefonds le peuvent faire et ont commandement de suivre vos ordres. Je pense qu’un premier prince de sang ne sera pas moins heureux que des maréchaux de France contre ceux de cette couronne. Je suis.

1. En référence à la victoire d’Avein, remportée par l’armée du roi de France sur les troupes du Cardinal-infant, commandées par le prince Thomas de Savoie. [↩]

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