Marguerite Courtin, dame de Vantelet, à Richelieu, [Londres], 27 avril 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 112. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 188-189.

Monseigneur,

Le devoir dans lequel je me suis toujours tenue me faisait espérer que mon nom ne vous serait jamais nommé que par les reconnaissances de mon très humble service. Mais, Monseigneur, puisque mes ennemis ont taché de vous faire souvenir de moi si fort, au préjudice de mon devoir et de mon naturel, mes amis m’ont fait espérer que vous auriez agréable cette assurance de mon innocence en tout ce qu’on a pu alléguer contre moi, le recèlement et l’introduction du chevalier de Valençay à la Reine [d’Angleterre, Henriette-Marie de France], ma maîtresse, est une épouse si fausse, et par laquelle, Monseigneur, vous pouvez juger du reste de leurs inventions contre tous les gens de bien, et je vous proteste, Monseigneur, que toute mes autres fautes en votre endroit me sont aussi inconnue que le séjour du chevalier en cette ville, vous jurant sur mon honneur que la Reine ne l’a point vu, ni moi, ni pas un de mes amis n’en ont eu connaissance. 

C’est pourquoi j’espère que dorénavant, mes ennemis seront découragés en leurs malice, n’en trouvant pas un si bon débit. Votre bonté, Monseigneur, me fait espérer que la faute de cette importunité qui est la seule dont je me sens coupable, me sera pardonnée et que je ne perdrai jamais la qualité, Monseigneur, de votre très humble et très obéissante servante,

de Vantelet

Ce 27^me avril.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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