Jean – ou Julien – de Lonlay¹, seigneur de Saint-Georges, entre au service de Richelieu vers 1617. Il est en effet remarqué par le cardinal-ministre pour son courage lors de l’assassinat de Concino Concini, au cours duquel il est le seul gentilhomme de la suite du favori de la Reine-mère à tirer l’épée pour le défendre de ses assaillants². Il devient second capitaine des gardes de Richelieu.

Ami du secrétaire d’État à la Guerre Abel Servien, il quitte ses fonctions après la disgrâce de ce dernier en février 1636, et est remplacé par Monsieur de La Houdinière, jusqu’alors lieutenant des gardes de Richelieu. Si Richelieu ne conserve pas Monsieur de Saint-Georges à son service proche, il le pourvoit cependant du gouvernement de Pont-de-l’Arche³ dans le courant de l’année. Richelieu lui adresse des instructions le 11 août 1636, et achève sa missive en se déclarant « le meilleur de vos amis »⁴.

Au début du mois d’août 1638, Monsieur de Saint-Georges est autorisé par Richelieu à effectuer une levée de cent soldats à Pont-de-l’Arche⁵.

En 1639, il est encore présenté comme « ci-devant capitaine des gardes ou plutôt lieutenant de Monseigneur le Cardinal à Pont-de-l’Arche », et durant les derniers jours de décembre, il fait les honneurs de la forteresse qu’il commande au chancelier Séguier, envoyé en Normandie réprimer la révolte des Va-nu-pieds⁶.

Or quelques mois plus tard, François Le Métel de Boisrobert, qui avait déjà contribué de manière significative à la disgrâce d’Abel Servien, dénonce le rançonnement auquel Monsieur de Saint-Georges soumet les bateaux remontant la Seine : « le gouverneur de Pont-de-l’Arche prenoit tant sur chaque batteau qui remontoit […] qu’on appelait ces batteaux des Cardinaux »⁷. Une véritable haine semble opposée Boisrobert et Saint-Georges qui tenterait alors de se venger avec la complicité son fils, page chez Richelieu, avant que Boisrobert ne soit à son tour disgracié en 1642 sur les instances du marquis de Cinq-Mars auprès de Louis XIII⁸.

Texte 673, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Maximin Deloche parle de « Jean de Lonlay, seigneur de Saint-Georges », dans La Maison du cardinal de Richelieu…, Paris, Honoré Champion, 1912, p. 371, mais de « Julien de Lonlay, seigneur de Saint-Georges », dans l’index de son ouvrage, p. 578 ; Antoine Adam évoque quant à lui « Julien de Lonlay, seigneur de Saint-Georges », dans Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 1062. [↩]
2. Maximin Deloche, La Maison du cardinal de Richelieu…, ouvrage cité, p. 371 ; Antoine Adam (éd.), ibidem. [↩]
3. Pierre Grillon, Les papiers de Richelieu : index des tomes I, II et III, corrections et additions (1624-1628), Paris, éditions A. Pédone, 1980, p. 109, a indiqué par erreur que Monsieur de Saint-Georges est fait « gouverneur des Ponts-de-Cé ». [↩]
4. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome V, p. 985. [↩]
5. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VII, p. 196 ; Maximin Deloche, ouvrage cité, p. 372. [↩]
6. A. Floquet (éd.), Diaire ou journal du chancelier Séguier en Normandie après la sédition des Nu-pieds (1639-1640), Rouen, chez Édouard Frère éditeur et Paris, chez Jules Renouard, 1842, p. 51. [↩]
7. Dans l’Historiette de Boisrobert de Gédéon Tallemant des Réaux, Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 403. Monsieur de Saint-Georges apparaît aussi dans l’Historiette d’Abel Servien, voir Antoine Adam (éd.), ouvrage cité, tome II, p. 193 et p. 1061. [↩]
8. Antoine Adam (éd.), ouvrage cité, tome I, p. 403 et p. 1062. [↩]