Anne-Geneviève de Bourbon-Condé (1619-1679), dite « Mademoiselle de Bourbon », puis « Madame de Longueville » après son mariage, est la fille d’Henri II de Bourbon (1588-1646), prince de Condé, et de Charlotte-Marguerite de Montmorency, qui lui donne naissance au château de Vincennes, où est incarcéré le prince de sang, le 29 août 1619, et lui lègue sa beauté. Elle est la sœur aînée de Louis de Bourbon (1621-1686), duc d’Enghien, prince de Condé après leur père, dit « le Grand Condé », qui hérite, quant à lui, du charisme et des talents militaires de leur père. Le cardinal de La Valette, qui entretient une liaison avec Madame la Princesse, désigne mère et fille sous le tendre sobriquet des « roses vertes »¹. Gédéon Tallemant des Réaux note, pour conclure l’Historiette qu’il consacre à la princesse de Condé : « il [le cardinal de La Valette] aima depuis Mademoiselle de Bourbon aussi fortement qu’il avait aimé sa mère »².

Elle est, au cours de sa jeunesse, une amie très proche de Julie d’Angennes, fille de la marquise de Rambouillet, née Catherine de Vivonne³. Son goût pour les lettres en fait une figure marquante de salon de Madame de Rambouillet qu’elle commence à fréquenter vers 1634.

C’est également vers cette époque qu’un premier projet de mariage concernant Anne-Geneviève de Bourbon-Condé et François de Lorraine-Guise (1612-1639), prince de Joinville, fils aîné de Charles de Lorraine, 4^e duc de Guise, et d’Henriette-Catherine de Joyeuse, voit le jour⁴.

En 1641, un second projet est envisagé pour elle, par son père, avec Jean Armand de Maillé-Brézé, dont la sœur, Claire-Clémence, épouse alors le duc d’Enghien, le projet est rapidement abandonné⁵.

Mademoiselle de Bourbon et sa mère semblent, dès cette époque, proches du « parti des dévots » et de Port-Royal, en particulier de Marie-Louise de Gonzague, plus tard reine de Pologne, ou d’Anne Doni d’Attichy, nièce de Michel et de Louis de Marillac⁶.

Elle épouse, en 1642, Henri II d’Orléans (1595-1663), duc de Longueville, veuf de Louise de Bourbon-Soissons, puis entretient, entre 1647 et 1651, une liaison avec François de La Rochefoucauld, ensuite auteur des Maximes.

En juillet 1646, elle se rend, en compagnie de l’académicien Jacques Esprit, de l’Oratoire, à Münster, où son mari a été envoyé par Mazarin pour négocier les traités de Westphalie, et où son entregent semble faciliter les pourparlers⁷.

Durant la Fronde parlementaire, elle entraîne son frère, Armand de Bourbon, prince de Conti, son époux, et Jean-François de Gondi, coadjuteur de l’archevêque de Paris, bientôt cardinal de Retz, dans le parti rebelle, fissurant dangereusement la cohésion de la clientèle dont Henri II de Bourbon-Condé s’était doté et dont pouvait se prévaloir son autre frère, Louis II de Bourbon-Condé⁸.

En janvier 1650, après l’arrestation et l’emprisonnement de ses frères et de son mari à Vincennes, la duchesse de Longueville doit prendre la fuite vers la Normandie, dont le duc était gouverneur, et se réfugie chez Monsieur de Montigny, gouverneur de Dieppe, où une émeute éclate aussitôt, l’obligeant à reprendre la route. Ayant échoué à soulever la province, elle gagne les Provinces-Unies puis la ville de Stenay, où elle trouve refuge chez le vicomte de Turenne. C’est encore elle qui conduit ce dernier à adhérer quelque temps à la rébellion et à une alliance avec l’Espagne. Au cours du mois de juillet 1653, la duchesse de Longueville et le prince de Conti, repliés à Bordeaux, ajoutent encore à la confusion née de l’insurrection de l’Ormée.

Veuve en 1663, la duchesse de Longueville choisit de se retirer du monde et de se rapprocher de Port-Royal des Champs.

Voir aussi François Bluche, article « Longueville (Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de) », dans François Bluche (dir.), Le dictionnaire du Grand Siècle, Paris, Fayard, 1990, p. 890-891.

Textes 677, 681, 711, 

1. L’expression apparaît sept fois sous sa plume entre le 2 janvier et le 31 août 1636, dans les lettres qu’il adresse au comte de Chavigny, conservées au Ministère des Affaires Étrangères, coll. Correspondance Politique Lorraine, volume 29, f° 6-7, 52-53 (translation publiée en ligne, texte 681), 98-99 (translation publiée en ligne, texte 677), f° 281-282, 304-305, 310-311, 437-438. [↩]
2. Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 74. [↩]
3. Antoine Adam (éd.), ouvrage cité, t. 1, p. 1094. Devenue duchesse de Longueville, elle assiste au mariage de son amie avec Charles de Sainte-Maure, marquis de Montauzier, à Rueil, chez la duchesse d’Aiguillon, en 1645. Sur ce point, voir Katia Béguin, Les princes de Condé : rebelles, courtisans et mécènes dans la France du Grand Siècle, Seyssel, Champ Vallon, 1999, p. 47. [↩]
4. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France,tome VI p. 215 et tome VIII, p. 148. [↩]
5. Katia Béguin, ouvrage cité, p. 41. [↩]
6. Ibidem, p. 45. [↩]
7. Voir Antoine Adam (éd.), ouvrage cité, tome 1, p. 1220. [↩]
8. Katia Béguin, ouvrage cité, p. 103. [↩]

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