Boussost (Roger de, comte d’Espenan)

Roger de Boussost [ou Bossost, Bussols], comte d’Espenan, baron de Luc, se distingue en 1632, en qualité d’aide-sergent-major des gardes françaises, lors de la bataille de Castelnaudary. Il parvient rapidement à se faire apprécier de Richelieu, en témoignant notamment lors du procès du duc de Montmorency dans le sens voulu par le cardinal-ministre1.

Envoyé en Lorraine à la fin de l’année 1633, il effectue durant toute l’année 1634 des allées et venues entre France et duchés afin de transmettre à la cour les dépêches du maréchal de La Force2.

Le 2 mars 1634, il informe le comte de Chavigny qu’il n’a pas obtenu le serment de fidélité d’Antoine de Choiseul d’Isches, gouverneur lorrain de La Mothe, et qu’il n’est pas en mesure de contraindre ce dernier ni à prêter serment ni à remettre la forteresse aux intérêts français3.

En 1635, dans la nuit du 14 au 15 mars, il conduit, avec le colonel Hebron, sous l’autorité d’Urbain de Maillé-Brézé, l’attaque des retranchements de Spire4. Le comte d’Espenan participe ensuite à la bataille d’Avein (20 mai 1635) en qualité de sergent de bataille5.

Au début de l’année 1636, il se trouve encore sur les terrains d’affrontement à l’est du royaume, en Lorraine et en Alsace, dans les rangs des contingents commandés par le cardinal de La Valette, qui apprécie son sens de l’action et sa mobilité6. Il se trouve encore auprès du prélat durant le premier semestre 16377 et est promu vers cette époque maréchal de bataille. Il prend part au siège des îles Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, en Méditerranée et devient gouverneur de Leucate.

Maréchal de camp à la date du 10 octobre 16378, mestre de camp d’un régiment d’infanterie en 1638, capitaine des chevau-légers, il prend la tête d’un contingent de 2000 hommes, puis du régiment d’Enghien. Il franchit alors la Bidassoa, aux côtés du prince de Condé et de de Jacques de Belsunce, et s’empare d’Irun. À la fin de l’été 1638, malade, il est blessé au siège de Fontarabie, que le prince de Condé doit abandonner9.

En 1639, il soutient encore le siège de Salces, où il commande la garnison, et qu’il doit également remettre aux Espagnols début janvier 164010.

En 1641, il arrive à Barcelone avec 4000 hommes, puis se dirige vers Tarragone, qu’il doit cependant abandonner, faute de vivres. Le 22 octobre de la même année, Richelieu écrit encore au prince de Condé : « je vous dirai franchement ensuite, qu’affectionnant Monsieur d’Espenan comme je fais, je désire le tirer de cette affaire [Leucate], sans que sa personne courre aucun hasard »11.

En 1642, il s’empare des Saintes-Maries-de-la-Mer et combat aux côtés de Turenne à Collioure. Il est seul à la tête de l’infanterie engagée à Rocroi. Il participe ensuite au siège de Thionville et s’oppose au baron François de Mercy à Fribourg-en-Brisgau.

En 1644, son rôle est déterminant dans la reddition de Philippsbourg, dont, en récompense, il est établi gouverneur particulier, en même temps que gouverneur général du Palatinat, de l’évêché de Spire, du marquisat de Bade et du cours du Rhin depuis Strasbourg jusqu’à Oppenheim. Il commande en chef l’infanterie française engagée à Rocroi en 1643. Il est promu la même année dans l’ordre du Saint-Esprit, puis au grade de lieutenant général des armées.

Proche du prince de Condé, ce dernier oppose alors sa candidature à celle de Marolles, soutenue par le duc d’Enghien, pour le gouvernement de Thionville. Le fils obtient gain de cause contre le père. Katia Béguin décrit le comte d’Espenan comme un « officier plutôt médiocre, mais attaché de longue date à un maître qui avait toujours couvert ses déboires militaires »12.

Le comte d’Espenan épouse, en 1640, Paule d’Astarac-Fontrailles et décède en 1646.

Voir aussi François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse…, troisième édition, tome troisième, Paris, chez Schlesinger frères, 1863, col. 621.

Texte 679,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome V, p. 873 note. []
  2. Voir Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, passim. []
  3. Voir le courrier que le comte d’Espenan adresse à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, de Metz, le 2 mars 1634, Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), Lé trésor pillé du Roi…., ouvrage cité, tome 1, p. 335. []
  4. « Relation de ce qui s’est passé à l’attaque des retranchements de Spire, la nuit d’entre le 14 et le 15 mars 1635 », dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 161-166. []
  5. Voir le récit de la bataille d’Avein, rédigé le 27 mai 1635, ibidem, p. 261-275. []
  6. Voir le courrier du comte de Guiche à Richelieu, de Toul, le 15 janvier 1636, translation publiée en ligne, texte 679. []
  7. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 780. []
  8. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome V, p. 873. []
  9. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 197. []
  10. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, t. VI, p. 628 note et p. 629-630. []
  11. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VI, p. 884. []
  12. Katia Béguin, Les princes de Condé : rebelles, courtisans et mécènes dans la France du Grand Siècle, Seyssel, Champ Vallon, 1999, p. 96. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (12 octobre 2023). Boussost (Roger de, comte d’Espenan). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqng


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