Balthazar Gerbier d’Ouvilly (1585- v. 1667) est issu d’une famille protestante¹. Il est le fils d’Antoine Gerbier et voit le jour en Zélande. En 1616, à la recommandation du prince d’Orange, Maurice de Nassau, il arrive à Londres, dans l’entourage de l’ambassadeur des Provinces-Unies. Balthazar Gerbier se met au service du duc de Buckingham pour lequel il constitue une collection d’œuvres d’art, en particulier de peintures, lui-même réalisant plusieurs miniatures pour son mentor. Il fait partie de la suite du duc de Buckingham et du prince de Galles qui se rendent à Madrid afin de négocier une union avec l’infante Anna, sœur de la reine de France. En 1625, Gerbier séjourne à Paris pour le projet de mariage avec Henriette de France. C’est là qu’il rencontre le peintre Pierre Paul Rubens, avec qui il se lie d’une amitié durable.

Après l’assassinat du duc de Buckingham en 1628, Gerbier passe au service du roi d’Angleterre et embrasse la carrière diplomatique. En 1631, il est envoyé à Bruxelles. Charles I^er est très hostile au projet de passage de la Reine mère en Angleterre, les instructions laissées à Gerbier vont en ce sens. Philippe IV d’Espagne, quant à lui, et en son nom, Rubens et l’abbé Scaglia, mettent au contraire tout en œuvre pour dissuader Marie de Médicis de rester en Flandres. Gerbier n’est pas dupe de la manœuvre d’autant qu’entre 1631 et 1634, la Reine mère dépêche cinq agents à Londres, en particulier La Ramé et Laleu, en octobre et novembre 1633. Gerbier tente alors de la convaincre de regagner la France et de trouver un accord avec Louis XIII et Richelieu. Au mois d’octobre 1634, le diplomate anglais, pour appuyer sa position, obtient de Charles I^er et de son épouse, Henriette de France, un courrier pour assurer Marie de Médicis de leur soutien dans la démarche qu’elle a entreprise².

Gerbier demeure en poste plusieurs années, tentant d’œuvrer à une réconciliation entre Marie de Médicis et Richelieu. Il entretient une correspondance suivie avec René Augier, huguenot français qui assure par intérim, au début de l’été 1632, la représentation diplomatique du roi d’Angleterre à Paris en compagnie d’Henri de Vic, après le décès d’Isaac Wake, et jusqu’à l’arrivé à Paris, en juin 1635, du nouvel ambassadeur ordinaire du roi Charles I^er, le vicomte Scudamore. Les courriers échangés par Gerbier, Auger et de Vic sont interceptés par les agents de Richelieu et leurs copies figurent dans les papiers d’État du cardinal-ministre³. Le 25 mai 1635, Gerbier confirme en particulier la volonté du Cardinal-infant de refuser la déclaration de guerre pour vice de forme⁴. Pour 1637, des lettres de Gerbier à René Augier sont conservées au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Pays-Bas, volume 12.

Balthazar Gerbier prend part à la conspiration d’une partie de la noblesse flamande contre le tutorat espagnol⁵.

En 1638, il est anobli par Charles I^er qui le récompense en lui confiant les fonctions de maître des cérémonies, en charge de l’organisation des spectacles de la cour. Mais des querelles politiques conduisent à sa disgrâce : il est écarté en 1641.

Il a épousé Deborah Kip. En 1629, lors d’un séjour en Angleterre, Rubens séjourne chez Balthazar Gerbier et réalise un portrait de Deborah Kip et de ses enfants (National Gallery of Art, Washington). 

Textes 683, 689, 798, 799, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Les dates retenues sont celles que fournit Sophie Guérinot-Nawrocki, Les réseaux d’information et la circulation des nouvelles autour de l’exil de Marie de Médicis (1631-1642), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV), sous la direction de Lucien Bély, 2011, p. 84, note 73. [↩]
2. Ibidem, p. 130. [↩]
3. Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 250-253 – translation publiée en ligne, texte 798 -, p. 257-258, p. 284-285 et p. 296-300. [↩]
4. Balthazar Gerbier à René Augier et à Henri de Vic, 25 mai, copie conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 814, f° 98-99, publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), “La raison de guerre”…, ouvrage cité, p. 257. [↩]
5. Voir le texte 689. [↩]