Jacques de Villiers-Saint-Genest (ou Villiers de Saint-Genest, Villers-Saint-Genest) est un parent de Claude de Rouvroy de Saint-Simon¹. Gentilhomme servant, il est attaché de longue date à la Reine mère, qui le choisit pour chercher un accommodement avec Louis XIII après l’assassinat de Concino Concini (1617). Détenteur de la charge de panetier, il est l’un de ceux qui suivent la souveraine à Blois, en résidence surveillée, en 1618². Il devient écuyer de l’écurie de Marie de Médicis au cours des années 1620, et est présenté au Roi par Richelieu, à la demande de la Reine, fin mai 1628³.

En octobre 1633, Marie de Médicis envoie Jacques de Villiers-Saint-Genest à Paris, en compagnie du sieur Jacquelot, pour négocier son retour possible en France⁴.

Dans le contexte du projet d’assassinat de Richelieu fomenté par François d’Alpheston, à l’instigation du père Chanteloube, Louis XIII accepte de recevoir Jacques de Villiers-Saint-Genest, mais subordonne tout accord à une entente préalable avec Richelieu. Louis XIII prend alors soin de transmettre à Richelieu, éloigné de lui, par le cardinal de La Valette, un Mémoire dicté par le Roi même mot à mot, de ce que le sieur de Villiers-Saint-Genest a dit à sa Majesté en suite de la lettre de la Reine mère, le 3 novembre 1633, envoyé au cardinal-ministre pour solliciter son avis sur l’audience accordée à Villiers-Saint-Genest⁵. Le souverain lui fait aussi parvenir la réponse faite à l’émissaire de sa mère, le 6 novembre⁶. Le 8, Richelieu répond au souverain en lui indiquant sa satisfaction⁷. Le même jour, Richelieu fait adresser, par Monsieur de Fontenay (peut-être François de Fontenay-Mareuil rentré de son ambassade en Angleterre), à Villiers-Saint-Genest, un mémoire à propos de son séjour à Paris, où une intervention supplémentaire en faveur de Marie de Médicis, celle du père Suffren, est évoquée, en soulignant que l’ancien confesseur du Roi, et confesseur de Marie de Médicis, a eu connaissance des projets d’attentat contre Richelieu sans les avoir dénoncés⁸. Claude Bouthillier, en sens inverse, rend à nouveau longuement compte de l’entrevue entre le Roi et Jacques de Villiers-Saint-Genest et évoque une autre question soulevée lors de la discussion, celle de l’attitude à laquelle se conforme Antoine de Laage de Puylaurens, favori du duc d’Orléans⁹. Le 9 enfin, Claude Bouthillier et Claude de Bulletin n’adressent encore pas moins de trois courriers à Richelieu, de Paris et de Versailles, où se trouve le souverain, pour lui rendre compte des entretiens de Louis XIII et de Jacques de Villiers-Saint-Genest, au cours desquels le Roi ne s’est pas privé de mettre en avant l’influence désastreuse du père Chanteloube sur la Reine mère, et d’annoncer le renvoi à l’ancienne régente du cheval de François d’Alpheston¹⁰. La mission de Villiers-Saint-Genest constitue un échec d’autant plus cuisant pour Marie de Médicis que le cheval d’Alpheston est volontairement utilisé par Richelieu et par le Roi pour mettre en cause la Reine mère elle-même dans les attentats conçus pour éliminer le principal ministre. Maigre consolation pour Marie de Médicis, Villiers de Saint-Genest est autorisé à se rendre au palais du Luxembourg, soigneusement conservé depuis le départ de sa propriétaire, afin d’en vérifier l’état et rassurer à ce sujet l’ancienne régente¹¹.

Textes 685, 686, 690, 691, 692, 693, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Jean-François Dubost, Marie de Médicis, la reine dévoilée, Paris, éditions Payot et Rivages, 2009, p. 818. [↩]
2. Jean-François Dubost, Marie de Médicis…, ouvrage cité, p. 818 et p. 288. [↩]
3. Richelieu à Louis XIII, 27 mai 1628, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome III, p. 116. [↩]
4. Voir le billet de Marie de Médicis destiné à François Le Rebours, seigneur de Laleu, de Bruxelles, février 1634, translation publiée en ligne, texte 685. Denis-Louis-Martial Avenel évoque une possible mission similaire auprès de Louis XIII confiée aux deux hommes dès la fin de l’année 1631, voir les Lettres, instructions diplomatiques…, ouvrage cité, tome VII, p. 994 et tome VIII, p. 235-236. Le document établissant cette datation, comme l’a noté Avenel, n’est pas daté et a été classé avec les documents conservés aux archives diplomatiques pour l’année 1631. Compte tenu de la formulation dont le texte cité par Avenel fait montre, il pourrait, en réalité, se rapporter aux événements de l’automne 1633. [↩]
5. Le document est conservé à la Bibliothèque nationale de France, coll. Manuscrits français, vol. 10217, f° 86. Il est évoqué par Sophie Guérinot-Nawrocki, Les réseaux d’information et la circulation des nouvelles autour de l’exil de Marie de Médicis (1631-1642), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV), sous la direction de Lucien Bély, 2011, p. 345 note 1170 ; il est également mentionné par Denis-Louis-Martial Avenel, Lettres, instructions diplomatiques…, ouvrage cité, tome IV, p. 497 note. [↩]
6. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ibidem. [↩]
7. Voir le Mémoire envoyé au Roi sur le sujet du voyage du sieur de Villiers-Saint-Genest, envoyé à Sa Majesté par la reine sa mère, à Fontenay-Trésigny, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques…, ouvrage cité, tome IV, p. 497-499. [↩]
8. Copie de Monsieur de Fontenay envoyé au Roi pour répondre au sieur de Villiers au sujet de son voyage, 8 novembre 1633, document conservé à la Bibliothèque nationale de France, coll. Manuscrits français, vol. 10217, f° 88, évoqué par Sophie Guérinot-Nawrocki, thèse citée, p. 650-651. [↩]
9. Claude Bouthillier à Richelieu, 8 novembre 1633, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 660-662. Le document a été aussi en partie publié par Denis-Louis-Martial Avenel, Lettres, instructions diplomatiques…, ouvrage cité, tome VIII, p. 98 et p. 101. Translation publiée en ligne, texte 690. [↩]
10. Les trois courriers originaux ont été publiés par Marie-Catherine Vignal Souleyreau, Richelieu à la conquête de la Lorraine…, ouvrage cité, p. 662-664, texte 691, texte 692 et texte 693. [↩]
11. Claude Bouthillier à Richelieu, 8 novembre 1633, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine…, ouvrage cité, p. 660-662, translation publiée en ligne, texte 690. [↩]