René de La Bernardière est un gentilhomme originaire de Laval, proche de Marie de Médicis. En exil avec la Reine mère, il est impliqué dans un projet d’enlèvement de Madame de Combalet en 1632, visant à négocier ensuite la libération du duc de Montmorency après la bataille de Castelnaudary1.
Après l’échec de cette tentative, il fait l’objet, en 1633, d’une vigilance particulière. Au printemps, Richelieu est en effet informé par Jean-Alexandre de la Rivière d’un nouveau projet d’attentat, d’assassinat cette fois, le visant lui-même, préparé par René de La Bernardière. Jean-Alexandre de La Rivière indique que René de La Bernardière a tenté de le soudoyer et de le gagner à Marie de Médicis, et surtout indique : « Labernardière a demeuré six semaines à Paris inconnu, pour vous tuer, comme il s’est déclaré à moi et à d’autres audit Bruxelles depuis huit jours ».2. En novembre 1633, à défaut de pouvoir arrêter René de La Bernardière lui-même, ordre est donné, par Pierre Marest, seigneur de La Tremblay, juge de Laval, d’arrêter un « serviteur » de René de La Bernardière, Vauchon, à Péronne, et le frère du sieur de La Bernardière, bénédictin religieux au Mont-Saint-Michel3.
François Lanier, déjà chargé de l’instruction d’un autre homme de main recruté par le père Chanteloube, Blaise Rouffet, mène les interrogatoires des prisonniers, mais n’obtient rien de Vauchon, et mentionne, le 13 mars 1634, la nécessité d’arrêter les protagonistes de l’affaire4. Alors que le valet de chambre de René de La Bernardière, René Beaupère, lui aussi arrêté sur ordre de Richelieu, est condamné à mort en juillet 16345, René de La Bernardière tente de se racheter une conduite. Il projette d’enlever le père Chanteloube pour le livrer à la France et obtenir ainsi le pardon de Louis XIII, tout en œuvrant au rapprochement du Roi et de sa mère, mais en soulignant aussi les profondes divisions de l’entourage de Marie de Médicis6.
Texte 688,
- Voir la « Dénonciation [au Roi] faite par un nommé La Rivière [Jean-Alexandre de La Rivière, commandeur de Saint-Jean-d’Angély et prieur de Reignac, en Saintonge], envoyée par Monsieur le chevalier du guet [Louis Testu], le VIme septembre 1633 », dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 427-431. [↩]
- Mémoire de Jean-Alexandre de La Rivière destiné à Richelieu, mai 1633, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 263-264. [↩]
- Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine…, ouvrage cité, p. 664-665. [↩]
- François Lanier à Richelieu, 13 mars 1634, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, tome 1, p. 349-350. [↩]
- Voir François Lanier à Richelieu, 24 et 25 juillet 1634, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi…, ouvrage cité, t. 2, p. 57 et p. 61. [↩]
- Voir le court mémoire que René de La Bernardière rédige à ce sujet en décembre 1634, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi…, ouvrage cité, tome 2, p. 459-460 ; voir aussi Sophie Guérinot-Nawrocki, Les réseaux d’information et la circulation des nouvelles autour de l’exil de Marie de Médicis (1631-1642), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV), sous la direction de Lucien Bély, 2011, p. 747, qui se réfère à une lettre de Raoul d’Amontot, datée du mois d’août, évoquant les projets de René de La Bernardière. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (19 octobre 2023). La Bernardière (René de). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqnz