Jean-Antoine de Saint-Simon (v.1565-1629), baron puis marquis de Courtomer (ou Courtaumer), est un gentilhomme normand huguenot, héritier de la famille Simon de Cramand, originaire de la région de Sées. Il est le fils d’Artus (ou Artur) Simon, seigneur de Sainte-Mère-Église, chevalier de l’ordre du Roi (chevalier de l’ordre de Saint-Michel), chambellan du duc d’Alençon, qui obtient de faire transformer son nom en « Saint-Simon » par lettres patentes du Roi en date du 20 mars 1585, et de Léonore de Beauvoisien, baronne de Courtomer¹. Chevalier de l’ordre de Saint-Michel comme son père, Jean-Antoine de Saint-Simon est capitaine de cinquante armes des ordonnances du souverain, et en parallèle, mestre de camp d’un régiment d’infanterie².

Conseiller d’État privé, il est nommé gouverneur d’Argentan en 1592.

En 1611-1612, Jean-Antoine de Saint-Simon est, en compagnie de Jean Renard, commissaire de l’édit en Normandie³.  

Lieutenant général de l’infanterie engagée par Louis XIII en Hollande, il est spécialement dépêché, en mars 1617, en compagnie de Monsieur d’Hauterive, auprès de Maurice de Nassau, prince d’Orange, pour obtenir, et accompagner, le retour dans le royaume de contingents français engagés aux Pays-Bas du Nord pour soutenir la révolte contre la tutelle espagnole⁴.

Il accède au grade de maréchal de camp en 1619 et bénéficie de la charge de conseiller d’État d’épée avec 6000 livres de pension⁵.

En février 1620, il obtient l’érection de la seigneurie de Courtomer en marquisat : les lettres patentes sont enregistrées au parlement de Rouen le 2 avril 1621 et en la chambre des comptes de Normandie le 17 février 1623⁶. Il fait construire un temple protestant non loin de son château en 1622.

L’un de ses fils puînés est tué en duel, en août 1626, en Hollande, par Louis d’Estampes-Valençay, marquis d’Estiaux (ou Estiau), lieutenant général d’un nouveau régiment envoyé aux Pays-Bas du Nord. Le marquis d’Estiaux trouve alors refuge chez l’ambassadeur du roi de France auprès des Provinces-Unies, Charles Faye, chevalier d’Espesses († 1638). Jean-Antoine de Saint-Simon, devenu marquis de Courtaumer, réclame alors justice⁷.

Au cours du siège de La Rochelle, son neveu, Bonneval, est capturé par l’armée royale assiégeante⁸.

Jean-Antoine de Saint-Simon prend encore part au siège de Bois-le-Duc, en 1629, parmi les troupes hollandaises, et décède des blessures reçues lors des engagements.

Il a épousé, en 1595, Marie de Clermont-Gallerande. Leurs fils aîné est tué à ses côtés lors du siège de Bois-le-Duc, dans l’exercice de sa charge capitaine de cavalerie⁹.

Leur second fils, Cyrus-Antoine de Saint-Simon, second marquis de Courtomer et seigneur du Coudray, premier lieutenant du colonel Jean de Gassion, est tué en novembre 1639 au siège d’Avranches par Le Plé-Duval-Saint-Pair, lors de l’expédition envoyée par Richelieu en Normandie pour réprimer la révolte des Nu-pieds¹⁰. Gédéon Tallemant des Réaux a consacré l’une de ses Historiettes à la fille unique de Cyrus-Antoine de Saint-Simon, née de son mariage avec Suzanne Magdelaine, Marie de Saint-Simon, marquise de Langey¹¹.

Un quatrième fils, capitaine de cavalerie, est tué au soir du 3 septembre 1643, après la reddition de Sierck, au cours d’un engagement contre un contingent de Croates ayant fait irruption sur les fourrageurs de l’armée française, près de la chartreuse de Rethel¹².

Son dernier fils survivant, Léonor-Antoine de Saint-Simon, troisième marquis de Courtaumer, épouse quant à lui, en 1644, Marie de La Noue, fille de Claude de La Noue, gentilhomme du duc d’Orléans, et de Marie de Saint-Georges de Vérac, nièce d’Odet de La Noue¹³.

Voir aussi Luc Daireaux, « Noblesse et protestantisme en Normandie au XVIIe siècle : autour des cultes de fief », dans Alain Hugon et Ariane Boltanski (dir.), Les noblesses normandes (XVI^e-XIX^e siècle) [actes du colloque de Cerisy, tenu en 2008], Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011, p. 125-137 ;

Luc Daireaux, « Réduire les huguenots » : protestants et pouvoirs en Normandie au XVII^e siècle, Paris, Honoré Champion, 2010, p. 148 et p. 396.

Texte 699, 

1. Voir André-René Le Paige, Dictionnaire topographique, historique, généalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine, au Mans, chez Toutain, et à Paris, chez Saugrain, 1777, 2 volumes, tome second, p. 333. [↩]
2. Louis Paris – éd. -, Jean-François d’Hozier, L’impôt du sang ou la noblesse de France sur les champs de bataille, tome troisième, deuxième partie, Paris, Honoré Champion, 1881, p. 199 ; Louis Moréri, Le grand dictionnaire historique…, tome neuvième, Paris, chez les libraires associés, 1759, p. 446 de la lettre S, deuxième partie du tome IX. [↩]
3. Voir Jean-Marie Vallez, « Un révélateur du protestantisme normand au début du XVII^e siècle : l’attribution de cimetières par les commissaires du Roi (1611-1612) », Annales de Normandie, tome 51, avril 2001, p 139-172. [↩]
4. Voir le texte 699, en date du 22 mars 1617. Voir aussi le billet que Louis XIII adresse le même jour à Maurice de Nassau, prince d’Orange, pour l’informer de la mission dont il a chargé le baron de Courtaumer, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VII, p. 924. Avenel signale un projet d’instructions à transmettre par souverain français au baron de Courtaumer et à Monsieur d’Hauterive le même jour, ibidem, tome VII, p. 924 note. [↩]
5. Louis Moréri, ouvrage cité, p. 446 de la lettre S, deuxième partie du tome IX. [↩]
6. François-Alexandre La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse…, troisième édition, tome 18^e, Paris, chez Schlesinger frères, 1873, col. 157-158. [↩]
7. Voir le courrier adressé par Richelieu à Monsieur d’Espessses, le 28 décembre 1626, à propos de cette affaire, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, tome VII, p. 955. Voir aussi Antoine Adam – éd. -, ouvrage cité, tome I, p. 1083. [↩]
8. Voir le courrier que Richelieu adresse à Louis XIII, le 16 février 1628, dans Pierre Grillon  – éd. -, Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome III : 1628, Paris, éditions A. Pédone, 1979, tome III, p. 72. [↩]
9. Voir Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 433 et p. 1083 ; Louis Paris – éd. -, ouvrage cité, p. 199, d’après le Mercure françois de l’année 1629 ; André-René Le Paige, ouvrage cité, p. 333. [↩]
10. Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, t. II, p. 887, et p. 1575 ; baron de Woelmont de Brumagne, Notices biographiques, troisième série, Paris, librairie ancienne Édouard Champion, 1925, p. 710. [↩]
11. Voir Antoine Adam – éd. –, ouvrage cité, tome II, p. 887-896 et p. 1575. [↩]
12. Louis Paris – éd. -, ouvrage cité, p. 199, d’après le Mercure françois, voir aussi la Gazette de France, pour l’année 1643, voir Gazette…, par Théophraste Renaudot, Paris, au bureau de l’Adresse, 1643, p. 805, disponible en ligne, consultée le 01/11/2023. [↩]
13. François-Alexandre La Chesnaye-Desbois et Badier, ouvrage cité, col. 157-158. [↩]

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