Texte 700, année 1632, 6 mai, Madame de Lansac à Richelieu

Françoise de Souvré, dame de Lansac, à Richelieu, 6 mai 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France vol. 804, f° 123. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 195-196.

Contrairement à sa sœur, Madeleine de Souvré, marquise de Sablé, mais à l’instar son époux, Artus de Saint-Gelais, ou de leur fils, Gilles de Saint-Gelais, Madame de Lansac est une fidèle informatrice de Richelieu, comme le montre le présent document. 

Monseigneur,

La crainte que j’ai de vous importuner m’a empêchée de vous aller trouver pour vous dire, Monseigneur, comme ma jeune fille [Françoise de Saint-Gelais] a prié un gentilhomme de me venir trouver pour me donner avis comme son mari [Louis de Prie de Toucy] avait dessein sur La Cauchie et intelligence par le moyen d’un corporal marié qui est dans la place, lequel a ses soldats à sa dévotion. Il adressait, il y a douze jours, un homme de pied à Monseigneur, frère du Roi, pour l’assurer qu’il s’en servirait quand il lui commanderait. Son messager est allé par Amiens et Arras, lequel est près de son retour. Il doit apporter l’ordre qu’il doit tenir pour l’exécution de cette place, et a ci-devant apporté quatre commissions pour lever des chevau-légers, lesquelles il a fait coudre sur sa femme, lui jurant que si j’en savais des nouvelles, qu’il la tuerait. De sorte, Monseigneur, que je ne me suis osée confier à personne, y allant de la vie de ma fille. Il y a un Étranger, homme d’esprit, qui va en Flandre pour lui, lequel doit servir dans le dessein du marquis de Toucy1. Pour moi, je n’aurai jamais rien en si grande recommandation que votre service, vous étant si obligée que je manquerai plutôt à moi-même, ce [qui] vous témoigne que je suis, Monseigneur, votre très humble et très obligée et affectionnée servante. 

Ce 6ième mai. 

De Souvré

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Louis de Toucy, ou son père, Aymar II de Prie, marquis de Toucy. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (3 novembre 2023). Texte 700, année 1632, 6 mai, Madame de Lansac à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 5 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqol


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