Françoise de Souvré (v. 1585-1657), dame de Lansac par son mariage, est la fille aînée de Gilles de Souvré (1540-1626), marquis de Courtanvaux (ou Courtenvaux), gouverneur du dauphin, futur Lois XIII en 1609, maréchal de France en 1614, et de Françoise de Bailleul. Elle est la sœur de Madeleine de Souvré, marquise de Sablé, qui choisit les intrigues visant à écarter Richelieu du pouvoir et à l’éloigner de Marie de Médicis.

Leur frère, Jacques de Souvré (v. 1600-1670), chevalier de Malte, entré, à cinq ans, dans l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, pâtit sans-doute gratuitement, d’« une forte réputation de stupidité, qu’il avait héritée de son père », mais devient commandeur de l’Ordre puis grand prieur de France en 1667¹. Françoise de Souvré est également la sœur de Gilles de Souvré (1596-1631), évêque de Comminges, puis d’Auxerre², et d’Anne de Souvré, abbesse de Saint-Amand à Rouen.

Françoise de Souvré épouse, en 1601, Artus de Saint-Gelais de Lézignan (ou Luzignan) († 1645), sieur de Lansac, fidèle de Richelieu.

Leur fille, Françoise de Saint-Gelais, épouse, en 1621, Louis de Prie, marquis de Toucy, baron de Montpoupon. Madame de Lansac, pour protéger sa fille, dénonce à Richelieu, le 6 mai 1632, la trahison de son gendre et son adhésion au parti de Gaston d’Orléans³.

Madame de Lansac est par la suite placée auprès d’Anne d’Autriche pour la surveiller. Antoine Adam indique peut-être à tort qu’elle détient la charge de dame d’atour⁴. Elle n’apparaît cependant pas dans le tableau des charges supérieures de la Reine entre 1616 et 1666 donné par Olivier Mallick, que ce soit comme dame d’honneur ou dame d’atour⁵.

Le 25 juillet 1638, Madame de Lansac obtient du Roi la charge de gouvernante du futur Louis XIV, que convoitait Marie de Hautefort⁶.

Le même jour, Richelieu adresse à Madame de Lansac ses instructions pour se présenter à la Reine et s’en faire accepter. Il conclut son courrier en précisant : « Madame de Lansac fera force civilités à Madame de Hautefort, Madame de La Flotte et autres personnes de chez la Reine, le tout avec sa modestie ordinaire, afin qu’on ne puisse faire appréhender à Sa Majesté l’humeur de Madame de Lansac, qu’on a représentée hautaine »⁷. Si la nomination de Madame de Lansac par le Roi ne semble consentie que pour contrarier Anne d’Autriche⁸, il s’agit peut-être aussi de satisfaire Richelieu. Son mari accède, quant à lui, à la charge de surintendant de la Maison de la Reine en 1640.

Avenel précise que Madame de Lansac tient ensuite Richelieu régulièrement informé des menus incidents qui surviennent au cours de la petite enfance du Dauphin⁹.

Anne d’Autriche, consciente du rôle assigné par Richelieu à la gouvernante de son fils aîné, la chasse sans ménagement en 1643.

Madame de Lansac a aussi un fils, Gilles de Saint-Gelais, qui prend part à la bataille d’Avein (20 mai 1635), avant d’être tué à Dole le 30 juillet 1636¹⁰. Richelieu et Claude Bouthillier ont arrangé, au début de l’année 1635, le mariage de Gilles de Saint-Gelais avec Marie de La Vallée-Fossez. Le cardinal-ministre écrit même, à ce propos, au surintendant des finances, le 15 mars 1635 : « j’ai vu ce que vous me mandez de M. de Fossé [Gabriel de La Vallée-Fossez, père de Marie] ; je suis très satisfait de son procédé […]. Il n’est pas besoin que Madame de Lansac voit la fille. Il faut que cette affaire soit faite avant que d’être connue. Mandez-moi comme je me gouvernerai quand je verrai Monsieur de Fossé. »¹¹. On peut noter que Louis XIII n’appréciait pas Gilles de Saint-Gelais. Richelieu prend même la peine de se justifier, au moment de son décès, auprès du duc de Saint-Simon : « je vous remercie de l’avis qu’il vous a plu me donner de l’aversion que le Roi a de Monsieur de Lansac. Je n’ai jamais pensé à demander à Sa Majesté le gouvernement de Verdun pour lui »¹².

Madame de Lansac est enfin, par sa fille, la grand-mère de Charlotte de Prie, qui épouse Noël de Bullion en 1639, et de Louise de Prie (1624-1709), marquise de Toucy, qui épouse, en 1650, Philippe de La Mothe-Houdancourt, et devient gouvernante des enfants de Louis XIV¹³. Ainsi la lignée du maréchal de Souvré est-elle chargée, sur quatre générations, de l’éducation des enfants de France.

Françoise de Souvré décède le 28 juin 1657.

Voir Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 941 et p. 953-954 ; tome II, p. 1055-1056 et p. 1196 ;

voir aussi Jean-Christian Petitfils, Louis XIII, Paris, Perrin, 2008, p. 756-757 et p. 761.

Texte 700,

1. Antoine Adam – éd. – Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome II, p. 1191 et p. 1195. [↩]
2. Joseph Bergin, The Making of The French Episcopate (1589-1661), New-Haven & London, Yale University Press, 1996, p. 705-706. [↩]
3. Françoise de Souvré, dame de Lansac, à Richelieu, 6 mai 1632, translation publiée en ligne, texte 700. [↩]
4. Antoine Adam – éd. -, ouvrage cité, tome I, p. 941. [↩]
5. Oliver Mallick, « Au service de la reine. Anne d’Autriche et sa maison (1616-1666) », Paris, Cour de France.fr, 2016. Article inédit publié en ligne le 3 janvier 2016, consulté le 03/11/2013. [↩]
6. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VIII, p. 145 ; Antoine Adam – éd. -, ouvrage cité, tome II, p. 953. [↩]
7. Dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome VI, p. 76. [↩]
8. Antoine Adam – éd. –, ouvrage cité, tome II, p. 953. [↩]
9. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome VI, p. 729. [↩]
10. Voir le récit de la bataille d’Avein (20 mai 1635), rédigé le 27 mai, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 262-275 ; et Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 2, p. 1119; François-Alexandre Aubert de La Chesnay-Desbois, Dictionnaire de la noblesse…, seconde édition, tome XII, Paris, chez Antoine Boudet et chez l’auteur, 1778, p. 447. [↩]
11. Dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, tome IV, p. 682. [↩]
12. Richelieu à Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon, 11 juillet 1636, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome V, p. 979. Le gouvernement de la place de Verdun était en effet détenu par le beau-père de Gilles de Saint-Gelais, Gabriel de La Vallée-Fossez. [↩]
13. Père Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France…, tome second, Paris, chez Jean-Geoffroy Nion, 1712, p. 1056-1057. [↩]

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