Jean-Louis Guez (1597-1654), seigneur de Balzac, est originaire d’Angoulême¹. Il est le fils de Guillaume Guez (v. 1553-1650), seigneur de Balzac et de Roussines, secrétaire de Jean-Louis de Nogaret, duc d’Épernon, maire d’Angoulême en 1612, échevin de 1622 à sa mort, et de Marie de Nesmond, qui apporte à son époux la terre de Balzac.

Après des études au collège des jésuites de Poitiers, puis au collège de La Marche, à Paris, Jean-Louis Guez de Balzac se tourne vers la poésie, à laquelle François de Malherbe (1555-1628) l’initie. Au début des années 1610, il suit, en compagnie de Théophile de Viau (1590-1626), les enseignements dispensés à Leyde par Dominique Baudier (ou Baudius, 1561-1613) et Daniel Heinsius (1580-1655). Durant son séjour aux Pays-Bas du Nord, il s’engage en faveur de l’indépendance des Provinces-Unies en rédigeant son Discours sur l’État politique des Provinces Unies. De retour en France, il confirme une certaine ambition, à la fois politique et littéraire, en publiant, en 1615, une Harangue à la reine sur l’heureux succès de sa Régence.

Membre, comme son père, de l’entourage du duc d’Épernon, gouverneur militaire de Metz, il en devient, avec Guillaume Girard, le secrétaire². Il est de ceux, à l’initiative du duc d’Épernon, qui permettent à Marie de Médicis de quitter Blois dans la nuit du 21 au 22 février 1619, pour se soustraire à l’autorité de Louis XIII, et gagner Angoulême, où Guillaume et Jean-Louis Guez de Balzac l’accueillent dans leur maison³. Richelieu, qui avait été nommé chef du Conseil de l’ancienne Régente, ayant été contraint à l’exil à Avignon, le duc d’Épernon propose peut-être alors à Marie de Médicis de le remplacer par Jean-Louis Guez de Balzac⁴.

Le duc de Luynes (1578-1621), favori de Louis XIII, et le garde des sceaux Guillaume Du Vair (1556-1621), mis en cause par Jean-Louis Guez de Balzac dans ses écrits, obtiennent son départ pour Rome en 1620, avec le benjamin du duc d’Épernon, Louis de Nogaret de La Valette, candidat au cardinalat, qui lui accorde dès lors sa protection⁵. Il séjourne dans la Ville éternelle pendant deux ans, et après l’obtention de la pourpre par Louis de Nogaret de La Valette (1621), il est témoin de la nomination, par Urbain VIII, de Richelieu au Sacré Collège⁶.

C’est aussi à Rome qu’il s’imprègne des principes du classicisme littéraire où « les éléments de la langue, qu’il concevait comme subordonnés à leur ensemble, devaient exprimer l’unité du style »⁷.

En 1624, paraissent ses Lettres, qui imposent leur auteur comme épistolier majeur de son époque, et comme modèle d’éloquence française⁸. L’ouvrage est communiqué, par un tiers, ami de Jean-Louis Guez de Balzac, à Richelieu, qui en accuse réception par une lettre en date du 4 février 1634⁹. Il est cependant vivement attaqué par Charles Sorel, dans l’édition de 1626 de La vraie histoire de Francion, et par un père feuillant, le père Goulu, reprochant à Guez de Balzac un esprit libertin et vaniteux, dans les Lettres de Phyllarque à Artiste (1627), puis dans une nouvelle série de Lettres (1628).

Celles de Guez de Balzac n’en sont pas moins suivies en 1630 d’Œuvres diverses, puis surtout, en 1631, du Prince.

Jean-Louis Guez de Balzac s’attire aussi les critiques d’un autre feuillant, le frère André de Saint-Denis, de Bernard de Javerzac, de Mathieu de Morgues, ou encore de l’archevêque de Rouen, François de Harlay, à qui l’épistolier consacre un moqueur Barbon, paru en 1648.

La correspondance de Richelieu conserve un courrier du cardinal-ministre à Guez de Balzac, de mars 1631, marquant la satisfaction de Richelieu après la lecture de la première partie du Prince¹⁰. Mais achevé, Le Prince « déplut à Richelieu par l’emphase excessive que l’auteur dans l’éloge de l’absolutisme royal »¹¹. Denis-Louis-Martial Avenel a indiqué qu’après la publication du Prince par Jean-Louis Guez de Balzac, « il n’en sera plus question [il ne sera plus question de l’épistolier] dans la correspondance de Richelieu »¹².

Il est à noter que Jean-Louis Guez de Balzac compose aussi une épigramme latine après la prise de la forteresse de Pignerol, le 31 mars 1630¹³. S’il séjourne habituellement sur ses terres de Balzac, en Angoumois, l’épistolier est présent à Paris entre la fin 1630 et le mois de septembre 1631¹⁴. Entré à l’Académie française en 1634, Jean-Louis Guez de Balzac fait encore demander à Richelieu, par Philippe Cospéau, évêque de Lisieux, le prieuré Saint-Paul de Bouteville, au diocèse de Saintes¹⁵.

Fin 1636, Jean-Louis Guez de Balzac prend la défense de Pierre Corneille lors de la querelle du Cid. Il fréquente l’hôtel de Rambouillet à partir d’avril 1638¹⁶.

En 1649, il publie deux nouveaux traités politiques, La harangue célèbre faite à la Reine sur sa Régence et Du Roi à la Reine, puis, en 1652, son Socrate chrétien.

D’autres écrits paraissent encore par la suite, à titre posthume, dont Aristippe ou de la Cour, en 1658, qui a fait l’objet d’une réédition critique récente par Delphine Amstutz¹⁷. L’auteur y attaque les « “rois fainéants” en pensant à Louis XIII qui s’est laissé dominer par Richelieu et s’inquiète qu’à Richelieu a succédé un autre ministre, Mazarin »¹⁸.

Gédéon Tallemant des Réaux lui a consacré, comme à François de Malherbe, l’une de ses Historiettes ((Antoine Adam – éd. -, ouvrage cité, tome II, p. 42-56.)). 

Textes 707, 708, 709,

1. L’acte de baptême de Jean-Louis Guez de Balzac, retrouvé par Eusèbe Castaigne, pour ses Recherches sur la maison où naquit J. L. Guez de Balzac, dans les registres de la paroisse Saint-Paul d’Angoulême, porte la date du 1^er juin 1597. Voir Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VIII, p. 10. [↩]
2. Voir Delphine Amstutz, « Être ou ne pas être secrétaire au XVII^e siècle. Les parcours croisés de Jean-Louis Guez de Balzac et de Guillaume Girard », dans Delphine Amstutz, Paul-Victor Desarbres, Nicolas Schapira et Claire Sicard – dir. -, Secrétaires écrivains en France, XVI^e-XVII^esiècles, Paris, Sorbonne Université Presses, 2023, coll. Cahiers V. L. Saulnier, n° 40, p. 235-252. [↩]
3. Voir Denis-Louis-Martial Avenel – éd. –, ouvrage cité, tome I, p. 185. La reine mère est la marraine de la nièce de Jean-Louis Guez de Balzac, Marie Patras de Campaigno, baptisée le 21 juillet 1619 : voir Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome II, p. 961. [↩]
4. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome VIII, p. 19. [↩]
5. Antoine Adam – éd. –, ouvrage cité, tome I, p. 760. [↩]
6. Voir la lettre de félicitation, en date du 4 octobre 1622, que Jean-Louis Guez de Balzac adresse à Richelieu, en cette occasion, translation publiée en ligne, texte 707. [↩]
7. Voir la notice biographique que lui consacre Giuliano Ferretti – éd. -, Philippe Fortin de La Hoguette. Lettres aux frères Dupuy et à leur entourage (1623-1662), Florence, Leo S. Olschki, 1997, 2 vol., tome II, p. 790. [↩]
8. L’ouvrage, paru à Paris, chez Toussaint du Bray, est disponible sur Gallica, consulté le 08/11/2023. [↩]
9. Le courrier de Richelieu à Jean-Louis Guez de Balzac du 4 février 1624 a été publié dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome I, p. 781 ; et dans les Œuvres de Monsieur de Balzac, publiées à Paris, chez Toussaint du Bray, en 1628. [↩]
10. Voir Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome IV, p. 116-117. [↩]
11. Giuliano Ferretti – éd. -, ibidem ; voir Aussi Antoine Adam – éd. -, ouvrage cité, tome II, p. 950. [↩]
12. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. –, ouvrage cité, tome VIII, p. 81. [↩]
13. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. –, ouvrage cité, tome VIII, p. 57. [↩]
14. Antoine Adam – éd. -, p. 947. [↩]
15. Le courrier de Philippe Cospéau à Richelieu porte la date du 1^er avril 1635, de Paris. Il est conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, coll. Mémoires et Documents France, vol. 813, f° 249. Translation publiée en ligne, texte 709. Le document est signalé par Denis-Louis-Martial Avenel – éd. –, ouvrage cité, tome VIII, p. 81. [↩]
16. Antoine Adam – éd. -, ouvrage cité, tome II, p. 956. [↩]
17. Paris, Société des Textes Français Modernes, 2021. [↩]
18. Antoine Adam – éd. -, ouvrage cité, tome II, p. 957. [↩]

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