François Féry, dit « La Chapelle », est un capitaine lorrain au service du duc Charles IV¹. Vers la fin de l’été ou au début de l’automne 1635, La Chapelle capture un officier de cavalerie français, Jean de La Ramière, seigneur de Puycharnaud, avant d’être lui-même fait prisonnier². Le cardinal de La Valette demande que La Chapelle soit échangé contre Puycharnaud, et obtient satisfaction puisqu’au début de l’année suivante, à la tête de la garnison de Malzéville, au nord de Nancy, La Chapelle poursuit la lutte engagée contre les troupes de Louis XIII envoyées en Lorraine³.

Durant les tout premiers jours du mois de février 1636, il parvient à s’emparer d’un convoi de ravitaillement destiné aux soldats français employés à la démolition des fortifications d’Amance puis, à la tête d’une troupes de 200 cavaliers, tente d’empêcher la destruction de cette place⁴.

La Chapelle se porte ensuite aux environs de Nomeny, au château de Clémery, sur la Seille, dont il s’empare. Le colonel Hebron réinvestit cependant les lieux deux jours plus tard, et contraint le Lorrain à se rendre, avant de lui accorder la vie sauve et de le libérer⁵.

Puis le 4 mai, La Chapelle est rejoint par l’abbé de Gorze, Charles de Lorraine-Remoncourt, accompagné de ses domestiques. Le prélat, malgré le serment de fidélité prêté au roi de France, entend se soustraire à la convocation qui lui a été faite par Louis XIII de se rendre à Paris. L’évêque de Mende écrit alors à Richelieu que l’abbé de Gorze, oncle naturel du duc Charles IV, et fils bâtard du duc Charles III, s’est « fait enlever par La Chapelle »⁶.

Surtout, à la fin du mois, La Chapelle, avec la complicité des bourgeois de Nomeny, tente de reprendre le contrôle de la place, tenue par un contingent de trois cents Écossais sous l’autorité du colonel Hebron. La Chapelle échoue encore et tombe pour la troisième et dernière fois aux mains des Français⁷.

Sylvestre Crugy de Marcillac le fait aussitôt conduire à Nancy, où le Conseil souverain instruit aussitôt le procès du Lorrain, alors que l’évêque de Mende entendait le traiter en prisonnier de guerre et faire examiner son cas par le tribunal militaire qui aurait dû être réuni⁸.

Le 31 juillet, La Chapelle est condamné à mort et aussitôt exécuté⁹. 

Textes 711, 712, 722, 723, 724, 725, 726, 727, 728, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. L’identification de « La Chapelle » est donnée par Anne Motta, Noblesse et pouvoir princier dans la Lorraine ducale (vers 1620-1737), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université du Maine, sous la direction de Laurent Bourquin et de Philippe Martin, 2012, p. 198. [↩]
2. Voir le courrier que le cardinal de La Valette adresse au comte de Chavigny, de Pont-à-Mousson, le 18 octobre 1635, translation publiée en ligne, texte 712. [↩]
3. Anne Motta, ibidem. [↩]
4. Voir le procès-verbal de la destruction des fortifications d’Amance, dressé à partir du témoignage  de La Roche, « canonnier travaillant aux démolitions des châteaux en Lorraine », du 8 février 1636, conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine,  vol. 29, f° 108-109, translation publiée en ligne, texte 722. [↩]
5. Voir le courrier que Monsieur de Saint-Aubin adresse à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, de Metz, le 22 février 1636, conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, vol. 29, f° 139-140, translation publiée en ligne, texte 723. [↩]
6. Sylvestre Crugy de Marcillac à Richelieu, 10 mai 1636, lettre conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, vol. 29, f° 217-218, translation publiée en ligne, texte 724. [↩]
7. Monsieur de Saint-Aubin à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, 6 juin 1636, lettre conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, vol. 29, f° 251-252, translation publiée en ligne, texte 725. Le duc Charles IV de Lorraine, informé de la capture de son soldat, évoque « sa sottise », voir le courrier que le duc de Lorraine destine au marquis de Ville, de Sierck, le 15 juillet 1636, conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, vol. 29, f° 317-318, translation publiée en ligne, texte 726. [↩]
8. Voir le courrier que l’abbé de Coursan adresse à ce propos à Richelieu, le 18 juillet 1636, conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, vol. 28, f° 316-317, translation publiée en ligne, texte 727. [↩]
9. Voir le document préparatoire au Mémoires de Richelieu, préparé en 1636, minute de la main de Pierre Cherré, avec annotations marginales, composant un cahier de 33 feuillets conservé au Ministère des Affaires étrangères, collection Mémoires et Documents France, vol. 255, f° 82-114, voir aux mois de février et de juillet 1636. [↩]