Peyrer (Jean Armand du, seigneur puis comte de Trois-Villes, dit “Monsieur de Tréville”)

Jean Armand de Peyrer (ou Peyré, Peyre) (1598-1672), comte de Trois-Villes (ou Troisvilles, Troisville), dit « Monsieur de Tréville », embrasse la carrière des armes en 1616, en intégrant la compagnie des gardes françaises en qualité de cadet. Il est promu enseigne en 1622, puis sous-lieutenant des mousquetaires en 16251. Bénéficiant de l’entière confiance du Roi, il est nommé par Louis XIII lieutenant de sa compagnie de mousquetaires lorsque le souverain endosse lui-même le titre de capitaine, après avoir obtenu la démission de Monsieur de Montalant (30 octobre 1634). Monsieur de Tréville prend le titre de capitaine-lieutenant, exerçant la réalité du commandement de la compagnie2.

Il bénéficie alors également de la confiance de Richelieu qui lui confie une mission de bons offices, à Rocroi, à la fin de l’été 16353. Monsieur de Tréville accède au grade de maréchal de camp par brevet du 25 décembre 16364.

En juin 1639, Louis XIII l’envoie en renfort, en Lorraine, avec les mousquetaires de sa garde, au marquis de La Meilleraye5. Puis à la fin du mois de septembre, il est dépêché par Richelieu, à Metz, pour s’enquérir de l’attitude du commandant de la place, Gilles du Bouzet de Roquepine, affidé à la famille de Nogaret de La Valette, dont il met la probité hors de cause6.

Suspect d’avoir prêté l’oreille au complot de Cinq-Mars en 1642, et d’avoir, peut-être avec la complicité du Roi lui-même, en compagnie des sieurs Tilladet et La Salle, ainsi qu’avec son beau-frère Antoine de Guillon des Essarts, envisagé d’assassiner Richelieu, il est écarté par le cardinal-ministre et doit s’exiler à Montier-en-Der, dont son autre beau-frère, François de Guillon des Essarts, puis son fils, Armand Jean de Peyrer de Tréville, sont les abbés commendataires7. Richelieu fait état, auprès du comte de Chavigny et de François Sublet de Noyers, puis auprès du roi lui-même, de ses craintes quant aux intentions meurtrières, à son encontre, de Monsieur de Tréville8.

Après le décès de Richelieu et de Louis XIII, Anne d’Autriche érige la terre de Trois-Villes en comté. Mais la compagnie des mousquetaires du Roi étant licenciée en 1646, il perd définitivement sa charge. Le comte de Tréville reçoit, en compensation, celle de gouverneur du pays de Foix9.

Il est enfin nommé chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en 1658, sans être reçu.

Il a épousé, en 1637, Anne de Guillon des Essarts. 

Texte 718,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome 1, p. 956. []
  2. Voir Julien Wilmart, Les Mousquetaires du Roi…, Paris, Tallandier, 2023, p. 575. []
  3. Voir le courrier que Richelieu adresse à Louis XIII, le 6 septembre 1635, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome V, p. 188. []
  4. Antoine Adam – éd. -, ibidem. []
  5. Richelieu au marquis de La Meilleraye, d’Abbeville, le 19 juin 1639, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions…, ouvrage cité, tome VI, p. 392. []
  6. voir le courrier que Gilles du Bouzet, seigneur de Roquepine, adresse à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, de Metz, le 5 octobre 1639, conservé auMinistère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, vol. 31, fol. 217-218, translation publiée en ligne, texte 718 ; et le courrier que le comte de Tréville adresse au comte de Chavigny, le 10 octobre 1639, conservé au Archives du ministère des Affaires étrangères, Correspondance politique Lorraine, volume 31, fol. 223-224. []
  7. Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, tome 1, p. 957 ; Denis-Louis-Martial Avenel – éd. – , Lettres, instructions…, ouvrage cité, tome VII, p. 8. []
  8. Voir le courrier que Richelieu adresse à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, et à François Sublet de Noyers, le 30 août 1642, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions…, ouvrage cité, tome VII, p. 110-113 ; le « Mémoire contre Cinq-Mars », du 2 novembre 1642, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions…, ouvrage cité, tome VII, p. 168-170. []
  9. Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, ouvrage cité, tome 1, p. 956. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (28 novembre 2023). Peyrer (Jean Armand du, seigneur puis comte de Trois-Villes, dit “Monsieur de Tréville”). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqq4


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