Emmanuel de La Biche († 1645), seigneur de Cerfontaine, est le fils de Michel de La Biche († 1634), seigneur de Cerfontaine¹. Il est aussi, selon Jean Riolan, le cousin du père Chanteloube, et appartient à l’entourage de la Reine mère exilée à Bruxelles². M. de Cerfontaine apparaît comme l’informateur de Richelieu, adressant des dépêches en France depuis son château de Forest près du Quesnoy, encore connu sous le nom de M. de Beaumont ou de M. de Longueval³. Il est, en effet, bénéficiaire, depuis 1603, d’une rente qui lui est due par la famille de Chimay, débitrice en tant que propriétaire du château de Beaumont, en Hainaut⁴.

Au début de l’année 1635, en compagnie du colonel Nicolas Maillard, Monsieur de Cerfontaine offre ses services au duc de Lorraine, qui s’est rendu à Stuttgart, à la demande de l’empereur Ferdinand II⁵. Charles IV envoie alors ses deux nouvelles recrues au prince de Carignan, fils cadet du feu duc de Savoie, qui séjourne au Luxembourg, d’où il compte aller assiéger Trèves⁶.

Emmanuel de La Biche, seigneur de Cerfontaine, a épousé Jeanne de Fourmestreaux, qui, devenue veuve, convole en secondes noces avec François de Croix, seigneur de Belsage. Le couple n’a eu qu’une fille, Marie Catherine Emmanuelle de La Biche, qui hérite de la seigneurie de Cerfontaine, et épouse, en premières noces, Lamoral Le Brun, puis Ernest de Haynin, seigneur du Cornet, de Frémicourt, etc.

Un mémoire adressé à Richelieu en octobre 1635, rédigé par le médecin Duchaubour, indique que la sœur de Monsieur de Cerfontaine (orthographié « Cuerfontaine » ou « Luerfontaine ») est prieure de l’abbaye cistercienne de La Cambre, près de Bruxelles⁷ et que son entregent pourrait permettre au roi de France d’introduire à Trèves, dont les Espagnols se sont emparés, une vingtaine de soldats⁸.

Une lettre interceptée et conservée parmi les papiers d’État de Richelieu, en date du 11 mai de la même année, indique la sortie de Trèves de Monsieur de « Clerfontaine » avec 2500 hommes de pieds et 1000 chevaux⁹. L’évocation, en février 1636, par Jacques de Saint-Aubin de l’attitude de Monsieur de « Cerfontaine » à Trèves laisse à penser qu’il pourrait s’agir du même homme¹⁰.

Textes 723, 751, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. R. Doehaerd, Inventaire des archives de la famille de Bousies de Rouveroy, établi pour les Archives de l’État en Belgique, disponible en ligne, consulté le 08/12/2023. [↩]
2. Voir le courrier que Jean Riolan, le médecin de Marie de Médicis, adresse à Thomas de Procé, de Bruxelles, le 25 mai 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 258-260. [↩]
3. Paul Henrard, Marie de Médicis dans les Pays-Bas (1631-1638), Bruxelles, Librairie européenne C. Muquardt, 1876, p. 133, note, ce que semble confirmer le mémoire que Louis Testu destine au comte de Chavigny, le 4 mars 1635, translation publiée en ligne, texte 751. [↩]
4. Voir l’Inventaire des archives du château de Beaumont, disponible en ligne, consulté le 08/12/2023. [↩]
5. Voir Jean-Charles Fulaine, Le duc Charles IV de Lorraine et son armée, Metz, Éditions Serpenoise, 1997, p. 123-125. [↩]
6. Ibidem. [↩]
7. Au diocèse de Malines, dont l’abbesse est, depuis 1599 et jusqu’en juillet 1642, Jeanne de Penin. [↩]
8. Voir Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, “La raison de guerre”…, ouvrage cité, p. 501-506. [↩]
9. Le document est conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 814, f° 38. [↩]
10. Voir le courrier que Jacques de Saint-Aubin adresse au comte de Chavigny, le 22 février 1636, translation publiée en ligne, texte 723. [↩]