Götz (le comte Johann von)

Le comte Johann von Götz (ou Goetz) (1599-1645) s’est d’abord engagé dans les rangs de l’armée de Bohême puis est passé au service de l’empereur Ferdinand II et a rejoint Wallenstein en 16261. Chargé du commandement de l’île de Rügen, il abandonne cependant prématurément cette dernière aux Suédois, et quitte temporairement l’armée.

On le retrouve en 1634 dans les rangs de l’armée du général Gallas. 

Alors qu’il obtient la capitulation de la ville de Würzburg au tout début de l’année 1635, la famille ducale de Bavière est endeuillée par le décès de la duchesse, née Élisabeth de Lorraine (18 janvier 1635). Le colonel Götz rejoint ensuite les terrains d’affrontement en Lorraine. Dans la nuit du 14 au 15 mars mars 1635, il est capturé à Spire, en même temps que Johann Adolf Wolff Metternich et le baron d’Hartemberg, par un contingent français stationné à Landau, placé sous les ordres du colonel Hebron, lui-même secondé par le vicomte de Turenne et par un renfort du marquis de Feuquières et du duc Bernard de Saxe-Weimar2

En septembre, les mêmes protagonistes se retrouvent : le colonel Götz est à nouveau fait prisonnier non loin de Vaudrevange, lors d’un engagement de l’armée impériale contre l’arrière-garde des contingents français menée par le colonel Hebron3.

Au cours de l’année 1636, le colonel Götz prend la tête de l’armée du duc de Bavière. Durant les premiers jours de mai, le colonel Götz menace d’abord la ville de Coblence puis la place d’Ehrenbreitstein, malgré la résistance de Charles de Lameth, comte de Bussy, gouverneur de Coblence, contraint de se replier à Ehrenbreitstein pour en organiser la défense4. Au mois d’août, face à la pression exercée par le colonel Götz, le comte de Bussy donne ordre à Jean de Schulemberg, qu’il a laissé à Coblence avec un régiment, d’abandonner la ville et de porter, à son tour, ses efforts sur Ehrenbreitstein5. Götz conduit ensuite les contingents bavarois en Hesse, puis, après la bataille de Wittstock (4 octobre 1636), gagne le Nord du Saint Empire.

En mars 1638, il s’efforce de dégager la place de Brisach, assiégée par Bernard de Saxe-Weimar qui a battu Jean de Werth, le 8, lors de la bataille de Bückern. C’est dans ces circonstances qu’au mois de mai, Hans Jacob Christoph von Grimmelhausen se trouve aux côtés de Götz et livre un récit original des événements6. S’y retrouvent Götz et le littérateur, et face à eux le vicomte de Turenne et le duc de Saxe-Weimar. Puis Götz confie le commandement de la place forte d’Offenburg au colonel Hans Reinhard de Schauenburg, dont Grimmelhausen devient le secrétaire. Walter Butler, comme Götz au service de l’Empereur et de ses alliés, arrive également à Brisach, avec 500 chevaux et 1500 fantassins. Mais la cavalerie, manquant de fourrage, retourne rapidement en Franche-Comté, tandis que l’infanterie, nourrie par les habitants de Brisach sans pouvoir entrer dans la place, abandonne, pour beaucoup, le terrain. Le 24 octobre 1638, Götz est repoussé par les Français soutenus par l’armée du duc de Weimar. Le 29 novembre, il est relevé de ses fonctions et emprisonné jusqu’en 1640 à Vienne. Il est remplacé par Mansfeld auprès du duc de Bavière, tandis que son armée est « commandée à présent par Goltze, général de l’artillerie impériale »7

Götz est réhabilité à Ratisbonne le 17 août 1640. Il combat encore en Silésie et en Hongrie en 1644.

Il décède le 6 mars 1645.

Voir aussi Marie-Catherine Vignal Souleyreau, Richelieu et la Lorraine, Paris, éditions L’Harmattan, 2004, p. 263 et p. 358.

Texte 725,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Voir Anja Victorine Hartmann – éd. -, Les papiers de Richelieu : section politique extérieure, correspondance et papiers d’État (1636-1642), t. III, Paris, éditions A. Pédone, 1999, p. 49 note 6. []
  2. Voir Joseph-François Michaud et Jean-Joseph-François Poujoulat – dir. -, Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France : tome troisième, Brienne, Montrésor, Fontrailles, La Chatre, Turenne, duc d’York, Paris, chez l’éditeur du commentaire analytique du Code civil, 1838, p. 342, lettres du vicomte de Turenne ; voir aussi la Relation de ce qui s’est passé à l’attaque des retranchements de Spire, la nuit d’entre le 14 et le 15 mars 1635 dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 161-166. []
  3. Jacques II de Saint-Aubin à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, de Metz, le 28 septembre 1635, document conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 283-284 ; Jacques II de Saint-Aubin à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, de Metz, le 29 septembre 1635, Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 302-303. []
  4. Voir le courrier que Jacques II de Saint-Aubin adresse à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, de Metz, le 16 mai 1636, conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 29, f° 227-228 ; voir aussi le courrier du même au même, de Metz, le 6 juin 1636, translation publiée en ligne, texte 725. []
  5. Jean de Schulemberg, comte de Mondejeu (ou Mondejoux, Mont-de-Jeux), à Richelieu, Ehrenbreitstein, 21 août 1636, Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne, coll. Richelieu, vol. 17, f° 21. []
  6. Grimmelhausen, avec une préface de P. Quignard, et une traduction de J. Amsler, Les aventures de Simplicissimus, Paris, Fayard, 1990, p. 10. []
  7. Jacques II de Saint-Aubin à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, de Metz, le 26 janvier 1639,Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, volume 31, fol. 12-13. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (16 décembre 2023). Götz (le comte Johann von). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqqt


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