Louis de Nogaret (1593-1639), cardinal de La Valette, est le troisième fils du duc d’Épernon et de Marguerite de Foix, surnommé par son propre père le « cardinal-valet », en référence à son attachement au service de Richelieu. 

Archevêque de Toulouse en 1613, il résigne son siège en 1626 ou 1627 en faveur de Charles de Montchal, son précepteur, un temps principal du collège d’Autun, à Paris¹. 

Cardinal en 1621, il est pourtant nommé lieutenant général puis gouverneur de l’Anjou et gouverneur de Metz et des Trois-Évêchés, charge que son père et son frère, le duc de La Valette, sont contraints de lui déléguer en décembre 1634. 

Richelieu confie au cardinal de La Valette le commandement de l’armée du Roi envoyée en Allemagne au printemps 1635. En compagnie du maréchal de La Force, il remporte la bataille de Mélisey sur les troupes du duc Charles IV de Lorraine le 24 mai. Trois jours plus tard, de La Neuvelle-lès-Lure, il livre un récit des affrontements². Le texte est à rapprocher de celui que rédige, le 25 mai 1635, le maréchal de La Force³, ou de l’ « Autre relation de la retraite du duc Charles, du camp de La Neufvelle près Leure le 26 may  M DC XXXV »⁴.  Il retrouve ensuite le duc Bernard de Saxe-Weimar à Bambiberstroff. Le 27 juillet, leurs troupes opèrent leur jonction. Au cours de l’été, les deux hommes sont en mesure de prendre Bingen, de faire lever le siège de Deux-Ponts au général Matthias Gallas, puis surtout celui de Mayence au comte Wolfgang de Mansfeld. Gallas est contraint de se retirer aux environs de Worms. Le cardinal de La Valette se replie vers la Lorraine en septembre-octobre. Malgré la trahison du gouverneur du château de Landstuhl, qui appartient à Bernard de Saxe-Weimar, le cardinal de La Valette, efficacement secondé par son aide de camp, Abraham II Fabert, fait « une retraite glorieuse »⁵. Des combats l’opposent en effet aux soldats de Gallas près de Vaudrevange mais la victoire scelle la collaboration mise en œuvre par le cardinal de La Valette avec le duc de Saxe-Weimar. Le 27  octobre, aux termes du traité de Saint-Germain-en-Laye, ce dernier accepte de se mettre au service du Roi très chrétien. Malgré son engagement sur le champ de bataille, le cardinal de La Valette ne délaisse ni son gouvernement de Metz, ni les intérêts du roi de France en matière religieuse et bénéficiale, ni ceux de sa famille. Vers la même époque, il sollicite auprès de Madame de Combalet, nièce de Richelieu, pour son père, la nomination à l’abbaye bénédictine de Sainte-Marie-aux-Nonnains⁶.

En 1636, le cardinal de La Valette est davantage occupé dans le sud de la Lorraine, en Alsace et en Bourgogne. Pour cette année, il est possible de suivre ses déplacements et de mieux connaître ses séjours dans les Trois-Évêchés grâce à la correspondance qu’il a laissée. Ses lettres concernant les Trois-Évêchés et la Lorraine sont conservées au sein de la correspondance de Richelieu et de la correspondance du comte de Chavigny conservées au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 29 en ce qui concerne l’année 1636. Exemple même du prélat guerrier dont l’engagement soulève une question quasi exemplaire de casuistique, il écrit au comte de Chavigny le 1^er janvier 1636 : « […] On me mande encore de Rome que le Pape a parlé contre moi dans la congrégation du Saint-Office, sur [la] charge qu’il vous a plu me procurer dans l’armée du Roi. J’ose, Monseigneur, vous supplier très humblement d’en vouloir faire dire un mot aux nonces, et d’en faire parler par l’ambassadeur, quoique je sois disposé de souffrir tout pour le service du Roi et pour le vôtre. Je ne sais rien en cet emploi que ce qu’on fait devant moi plusieurs cardinaux, et que le pape trouve bon dans la personne du cardinal infant. Et quoiqu’il n’y ait pas d’égalité de ma personne à la sienne, il y en [a] dans la dignité et dans la cause […] »⁷.

À la même époque, il ne fait pas mystères des tendres sentiments qu’il éprouve pour la princesse de Condé, qu’il désigne, ainsi que la fille de cette dernière, Anne Geneviève, dans sa correspondance avec Chavigny, sous le sobriquet de « roses vertes ». Celles-ci apparaissent sept fois sous sa plume entre le 2 janvier et le 31 août 1636⁸. La duchesse de La Trémouille, née Marie de La Tour d’Auvergne, et Madame de Rambouillet, amie la plus proche de la princesse de Condé, mentionnent également cette passion contrariée devant Tallemant des Réaux⁹.

Il dirige ensuite l’armée du Roi en Picardie (1637), en Savoie, en Piémont (1638-1639), et en Italie (1639). Il obtient également en 1637 le transfert à Toul du parlement de Metz.

Voir les Mémoires de Louis de Nogaret, cardinal de La Valette, général des armées du Roi en Allemagne, en Lorraine, en Flandre et en Italie… Paris, imp. de P.-D. Pierres, 1772, 2 volumes, réunis par son secrétaire, Jacques Talon.

Textes 161, 257, 258, 301, 314, 467, 468, 476, 478, 480, 481, 490, 589, 590, 634, 635, 636, 650, 672, 676, 677, 678, 679, 680, 681, 690, 696, 711, 712, 713, 715, 716, 717, 718, 719, 720, 721, 723, 724, 768, 772, 785, 789, 798, 875, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 2, p. 1437 note. [↩]
2. Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 814, f° 108-109, translation publiée en ligne, texte 715. [↩]
3. Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 814, f° 89-91, translation publiée en ligne, texte 713 [↩]
4. Antoine Aubery, Mémoires pour l’histoire du cardinal-duc de Richelieu, Paris, chez Antoine Bertier, 1660, 2 volumes, tome premier, p. 475-478 [↩]
5. Pièce préparatoire aux Mémoires de Richelieu, conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 812, f° 401 ; dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. V, p. 383-384. [↩]
6. Lettre originale du 19 novembre 1635, conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 27, f° 100-101 [↩]
7. Original autographe conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 29, fol. 2-3, translation complète publiée en ligne, texte 257. [↩]
8. Lettres adressées à Chavigny, conservées au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, volume 29, f° 6-7, 52-53 (translation publiée en ligne, texte 681), 98-99 (translation publiée en ligne texte 677), 281-282, 304-305, 310-311, 437-438. [↩]
9. Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 74. Antoine Adam cite aussi une chanson consacrée à ces amours interdits, celui du cardinal de La Valette pour Madame la Princesse, et la liaison supposée de Richelieu avec sa nièce, t. 1, p. 982. [↩]