Charles de L’Aubespine, marquis de Châteauneuf, à Richelieu, 13 mai 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 805, f^° 227. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 211-212.

Je viens de recevoir ces deux lettres de Flandres, que j’estime vous devoir envoyer, non pour penser à aucun accommodement – je n’en juge pas ces Messieurs capables : il faut qu’ils sentent leur faiblesse davantage qu’ils ne font – mais c’est afin que le Roi sache qu’ils se préparent de sortir en campagne, puisque M. d’Elbeuf s’est déjà avancé.

Il serait bon de commander à M. de Châtillon de s’en aller vers Orléans, dont j’ai avis qu’il s’y fait des pratiques, comme je ne doute point qu’il ne se fasse dedans toutes les autres provinces. Il serait à propos que M. le Prince [de Condé] fût en Bourgogne, car ils ne peuvent entreprendre qu’en Champagne ou Bourgogne.

Le Roi n’a besoin que d’être fort de cavalerie et tenir ses places bien garnies, car s’ils s’engagent dedans la France, ils se ruineront d’eux-mêmes.

Je mande à Berruyer qu’il rompît toute négociation et s’en revînt au plus tôt.

Je ne sais si le Roi, sur ces avis, ne changera point Châlons au lieu d’Amiens, où j’estimerais sa présence plus nécessaire.

Je partirai d’ici le plus tôt que je pourrai, où se trouvent tant d’affaires, pour faciliter aux traitants¹  les moyens de fournir argent que je ne puis dire le jour.

Ce 13, à 8 heures du soir

1. Les traitants tirent leur appellation du traité de finances qu’ils souscrivent au conseil du Roi. Collectivement, ils s’engagent par contrat, et par l’intermédiaire d’un prête-nom, à prendre en charge une affaire donnée, le contrat spécifiant le montant financier espéré et son mode de versement. Les traitants s’organisent ensuite à leur guise et recourent à divers emprunts pour mener à terme l’opération dont ils ont été chargés. [↩]

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