Abraham II Fabert (v. 1599-1662), marquis d’Esternay, est le fils cadet d’Abraham Fabert († 1638), seigneur des Moulins, non loin de Metz, imprimeur juré ordinaire de Metz, attaché au service du duc d’Épernon dès 1583, élu à cinq reprises maître-échevin de la ville (pour la première fois en 1610), et d’Anne des Bernards. 

Il est le frère de François Fabert († 1664), seigneur des Moulins, maître-échevin de Metz de 1659 à 1662, lieutenant de l’artillerie, et celui et d’Anne Fabert, qui épouse un secrétaire du duc d’Épernon, Nicolas du Jardin¹.

Officier de fortune par excellence (par opposition au grade militaire donné dans l’immense majorité des cas par la naissance), il embrasse très jeune la carrière des armes et entre, à treize ans et demi, au service du duc d’Épernon, comme cadet dans une compagnie des gardes françaises installée à Metz (1613). Il gagne aussitôt la faveur du gouverneur de Metz et obtient, en 1618, grâce à son protecteur, qui est aussi colonel général de l’infanterie du roi de France, la charge d’enseigne au régiment de Piémont.

Il demeure, au cours de la décennie suivante, au service de la famille de Nogaret de La Valette puisqu’en 1632 il apparaît comme « créature de Monsieur de La Valette »².

Il est major du régiment de Rambures au siège de La Rochelle en 1628, puis au Pas-de-Suze en 1629.

Louis XIII le charge, à l’automne 1634, d’aller relever le plan de Thionville. Le gouverneur de la place, Jean de Wiltz, le fait arrêter quelques jours plus tard. Au début du mois de novembre, Louis XIII et Richelieu, par l’intermédiaire du comte de Chavigny, réclament sa liberté au Cardinal-infant³. L’élargissement – selon le vocable de l’époque – d’Abraham Fabert, contre celui de don Juan de Menessès, général du comté du Roussillon pour le roi d’Espagne, gouverneur militaire de la ville et du château « major » de Perpignan, arrêté sans passeport sur le territoire français dans la nuit du 9 au 10 septembre 1634, alors qu’il venait reconnaître le passage de Malpas, est annoncé par La Gazette du 13 janvier 1635.

Au cours de la même année, Abraham II Fabert sert dans l’armée du roi de France en Allemagne, en qualité d’aide de camp. Il s’illustre lors de la retraite de Mayence, participe au ravitaillement d’Haguenau, puis aux sièges de Saverne, Landrecies et La Capelle en 1636.

En 1637, il exerce brièvement les fonctions de commandant pour le Roi à Metz, et passe en Piémont, sous les ordres du cardinal de La Valette. Il prend part au siège de Chivas, au secours de Casal, puis combat près de Quiers en 1639.

Après la mort du cardinal de La Valette, il s’intègre à la clientèle de Richelieu, qui lui offre une compagnie au régiment des Gardes françaises et le renvoie en Piémont, comme maréchal de bataille, sous les ordres du comte d’Harcourt. Il s’illustre alors au siège de Turin.

À son retour en France, il participe au siège d’Arras (1640), puis à la bataille de La Marfée en 1641. La même année, il est gratifié du gouvernement de Sedan et de Raucourt. 

Il prend part aux sièges de Collioure et de Perpignan en 1642.

À la fin de l’année 1643, il trouve un accord avec le gouverneur du Luxembourg, Jean Beck, garantissant des courses des gens de guerre les territoires placés sous leur autorité.

Il retourne en Italie en 1646, avec le grade de maréchal de camp, et contribue à la prise de Piombino puis à celle de Portolongone. 

Promu lieutenant général en 1650, il bénéficie aussi, avec ses enfants, de l’érection de ses terres de Larrey, de Cevilly etc. en marquisat. Il prend vers la même époque le commandement de troupes destinées à épauler l’électeur de Cologne et contribue à la conclusion du traité de Tirlemont en 1653.

Il dirige encore victorieusement le siège de Stenay en 1654.

Durant la Fronde, il est l’un des soutiens les plus fermes de Mazarin, et met à disposition de ce dernier, en 1651, son gouvernement de Sedan où le ministre d’Anne d’Autriche, et sa fortune, trouvent refuge⁴. Le cardinal, comme l’avait fait avant lui Richelieu, envoie Abraham Fabert à Thionville, en 1655, pour y apaiser les soldats de la garnison, entrés en rébellion au décès du gouverneur de la place, le marquis de Marolles.

Louis XIV le fait maréchal de France en 1658, puis chevalier de ses ordres en décembre 1661.

Il décède à Sedan le 17 mai 1662, des suites de maladie.

Abraham II Fabert a épousé, le 13 novembre 1631, Claude Richard de Clévant (ou Clevant) († 1661), fille de Dominique Patton Richard, seigneur de Clévant, et d’Anne Maillet.

Le couple a six enfants : Louis (1651-1669), marquis de Fabert, qui reçoit le gouvernement de Sedan en survivance et décède prématurément lors du siège de Candie à peine âgé de 18 ans ; Nicolas, mort en bas âge en 1656 ; Anne-Abraham-Louis Fabert, né en 1659 ; Anne-Dieudonnée Fabert, qui épouse en premières noces, en 1657, Louis de Comminges, marquis de Vervins († 1663), puis, en secondes noces, en 1677, Claude-François de Mérode, marquis de Trélon, en Flandre ; Claude Fabert (v. 1646-1728), qui épouse, en 1663, Charles-Henri de Tubières de Grimoard-Pestels de Lévis, marquis de Caylus (ou Callus) († 1679), et Angélique Fabert qui épouse en premières noces Claude Brulart, marquis de Genlis, puis en secondes noces, François III de Harcpurt, marquis de Beuvron.

Gratien de Courtilz de Sandras fait paraître, en 1697, à Amsterdam (chez H. Desbordes), une Histoire du maréchal de Fabert ((Père Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France…, troisième édition, Paris, par la Compagnie des Libraires associés, 1726-1733, 9 volumes, tome huitième, p. 591.)).

Voir aussi Martial Gantelet, L’absolutisme au miroir de la guerre : le roi et Metz (1552-1661), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 114, 360, 374 ;

Fadi El Hage, Abraham Fabert, du clientélisme au maréchalat (1599-1662), Paris, éditions L’Harmattan, 2016, passim ;

Ernest de Bouteiller, Le maréchal Fabert d’après ses mémoires et sa correspondance, deuxième édition, Tours, Alfred Mame et fils, 1880, p. 295-296 ;

Père Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France…, troisième édition, tome septième, Paris, par la Compagnie des libraires associés, 1733, p. 591-592.

Texte 731,

1. Martial Gantelet, L’absolutisme au miroir de la guerre : le roi et Metz (1552-1661), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 81 et p. 122. [↩]
2. Dans un courrier que Jean de Rechignevoisin, seigneur de Guron, adresse à Richelieu, de Nancy, le 12 mai 1632, translation publiée en ligne, texte 731. [↩]
3. Richelieu à Léon Bouthillier de Chavigny, Rueil, 5 novembre 1634, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 640. [↩]
4. Martial Gantelet, ouvrage cité, p. 122. [↩]

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