Lévis-Ventadour (François Christophe de, comte de Brion puis duc de Damville)

François Christophe de Lévis-Ventadour (1603-1661), comte de Brion puis duc de Damville (ou d’Amville, d’Anville, Dampville), est le quatrième fils d’Anne de Lévis, comte de La Voulte puis duc de Ventadour, et de Marguerite de Montmorency, demi-sœur du duc Henri II.

Il est aussi le frère d’Henri de Lévis (1596-1680), duc de Ventadour, fondateur de la Compagnie du Saint-Sacrement ; de Charles de Lévis (1600-1649), marquis d’Annonay puis duc de Ventadour, après la résignation du titre en sa faveur en 1631 ; d’Anne de Lévis-Ventadour (1605-1662), nommé archevêque de Bourges en 1649 ; et de Louis-Hercule de Lévis-Ventadour (1613-1679), nommé évêque de Mirepoix en 16551.

Il entre, dès l’adolescence, au service du duc d’Orléans. Proche des milieux dévots, et du comte de Chalais, volontiers mystique, il est aussi par la suite l’ami d’Henri Coëffier de Ruzé, marquis de Cinq-Mars2.

Premier écuyer du duc d’Orléans, il s’oppose en juin 1628 à Puylaurens, les deux hommes allant jusqu’au duel, sans conséquence3.

Le marquis de Châteauneuf signale qu’il n’a pas accompagné Monsieur en exil en 1631 puisqu’il se cache à Paris en avril et que Louis Testu, chevalier du guet, le surveille pour l’arrêter4. Il n’est cependant procédé à l’arrestation que d’un porteur de courriers du duc d’Orléans, un prêtre, nommé Jartir5. Le comte de Brion se trouve en revanche en Bourgogne au mois de juin suivant, et tente en vain, conjointement avec Puylaurens, d’obtenir l’adhésion au parti du duc d’Orléans de Charles de Damas, comte de Thianges, et de son neveu, François Léonor Palatin de Dyo (ou Dio), comte de Montpeyroux (ou Montperroux)6.

Jean de Rechignevoisin, seigneur de Guron, signale sa présence à Nancy en mai 16327, puis il est l’émissaire du duc d’Orléans en septembre 1632 pour solliciter du Roi la grâce du duc de Montmorency, son oncle maternel, après la bataille de Castelnaudary8.

Le 18 février 1635, au cours d’un ballet donné au Louvre, il remplace au pied levé Antoine de Puylaurens, arrêté sur ordre de Louis XIII.

Au cours de l’automne 1636, il prend part à la cabale ourdie par Louis de Bourbon, comte de Soissons, et par Claude de Bourdeille, comte de Montrésor, contre Richelieu9. Mais bénéficiant de la confiance du Roi, le comte de Brion est seul autorisé par Louis XIII, à se rendre, au nom de Monsieur, auprès du comte de Soissons, qui a trouvé refuge à Sedan, chez le duc de Bouillon, au début de l’année 163710.

Il est disgracié quelques jours par le frère du roi en mai 1639, en même temps que Jacques d’Espinay, seigneur de Vaux et de Mézières, premier veneur de Monsieur, coupable d’avoir séduit, Louison Roger, dont Monsieur s’était épris11.

Le comte de Brion accède en 1641 à la charge de premier écuyer de Monsieur. Il est encore l’émissaire du duc d’Orléans pour féliciter le Roi de la prise de Collioure et des succès remportés en Catalogne en avril 164212, et l’un des membres les plus actifs de la conspiration de Cinq-Mars : il doit prendre la fuite après l’exécution de Cinq-Mars et de Thou13. Le duc d’Orléans obtient cependant son pardon de Louis XIII, mourant, au printemps 164314.

Lieutenant général en Bas-Languedoc en septembre 1644, il est nommé vice-roi et lieutenant général de la Nouvelle-France en 164415.

Il accède au grade de maréchal de camp des armées du Roi le 20 septembre 1646, puis est fait duc de Damville et pair de France en novembre 1648, sans que les lettres soient enregistrées.

Il obtient les charges de gouverneur et de lieutenant général du Limousin à la mort de son frère Charles, en 1649, et de capitaine du château de Fontainebleau en 1653.

Il a épousé Anne Le Camus de Jambeville († 10 février 1651)16, marquise de Maillebois, et décède sans postérité en 1661. 

Voir aussi Pierre Gatulle, Gaston d’Orléans, entre mécénat et impatience du pouvoir, Seyssel, Champ Vallon, 2012, p. 150, 209-210, 378 ;

Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 564-565 et p. 968-969 ;

François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse… seconde édition, tome VIII, Paris, chez Antoine Boudet, 1774, p. 677.

Texte 731,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse… seconde édition, tome VIII, Paris, chez Antoine Boudet, 1774, p. 677. []
  2. Georges Dethan, La vie de Gaston d’Orléans, Paris, Éditions de Fallois, 1992, p. 123 ; Jean-Marie-Constant, Gaston d’Orléans, prince de la liberté, Paris, Perrin, 2013, p. 176-177. []
  3. Marie de Médicis sollicite l’indulgence de Louis XIII, dans un courrier qu’elle adresse au Roi, de Paris, le 14 juin 1628, voir Pierre Grillon – éd. –, Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome III : 1628, Paris, éditions A. Pédone, 1979, p. 337-338 ; Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome III, p. 116. []
  4. Notes du marquis de Châteauneuf à Richelieu, 5 et 15 avril 1631, dans Pierre Grillon -éd. -, Les papiers de Richelieu : section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome VI : 1931, Paris, A. Pédone, 1985, p. 215-216 et p. 236. []
  5. Note du marquis de Châteauneuf à Richelieu, 24 avril 1631, dans Pierre Grillon – éd. -, ouvrage cité, tome VI, p. 248-249. []
  6. « Procès-verbaux de M. Hay du Châtelet sur diverses menées et entreprises faites au nom de Monsieur en Bourgogne », Avallon, 23 juin 1631, dans Pierre Grillon – éd. -, ouvrage cité, tome VI, p. 375-377. []
  7. Jean de Rechignevoisin, seigneur de Guron, à Richelieu, Nancy, 12 mai 1632, translation publiée en ligne, texte 731. []
  8. Georges Dethan, La vie de Gaston d’Orléans, ouvrage cité, p. 96. []
  9. Georges Dethan, ouvrage cité, p. 123. []
  10. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome V, p. 751, 1015 et 1018. []
  11. Jean-Marie Constant, Gaston d’Orléans…, ouvrage cité, p. 224-225 ; Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 1027. []
  12. Richelieu à Louis XIII, de Narbonne, le 23 avril 1642, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome VI, p. 904. []
  13. Jean-Marie Constant, ouvrage cité, p. 274 ; Georges Dethan, ouvrage cité, p. 198 et 206. []
  14. Georges Dethan, ouvrage cité, p. 214. []
  15. Ses lettres de provisions sont datées de 1655 et sont enregistrées au Parlement le 21 janvier 1658. []
  16. Antoine Adam – éd. -, ouvrage cité, tome I, p. 1163. []

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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (24 janvier 2024). Lévis-Ventadour (François Christophe de, comte de Brion puis duc de Damville). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 8 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/vnzx


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