Pierre Haton (ou Hatton, Atton), seigneur de La Mazure (ou La Masure) († après 7 août 1643), chevalier, est le fils de Jean Haton et de Renée du Tertre.

Il exerce d’abord la charge d’enseigne de la compagnie des gardes du corps de Marie de Médicis, qu’il commande à la bataille des Ponts-de-Cé le 7 août 1620. Il adresse à cette époque un billet à Richelieu, indiquant ainsi que les deux hommes ont alors noué a minima des contacts épistolaires¹. Il est par la suite promu lieutenant des cent gentilshommes gardes du corps de Marie de Médicis.

 Il a épousé, le 30 août 1623, Selvage Forsoni (ou Servage, Salvage Forzony) († avant août 1642), d’origine florentine, femme de chambre de la Reine mère, fille de Prudent Forsoni et de  Léonore Yzolany (veuve de Barthélemy Isoloni, ou Yzolani), petite-fille de Catherine Forsoni (sœur de lait et femme de chambre de Marie de Médicis)². Les témoins qui signent le contrat de mariage sont Marie de Médicis, Henriette-Marie de France, sœur de Louis XIII, Anne de Montafié, comtesse de Soissons, Marie-Félice des Ursins, duchesse de Montmorency, Richelieu, le marquis de Brézé, Claude Bouthillier, Monsieur de Bréauté, premier écuyer de la reine, le vicomte de Chamet et Madame de Montglat³.

C’est en compagnie de Monsieur de La Mazure, le 18 juillet 1631, que Marie de Médicis prend le chemin de l’exil, dissimulée dans le carrosse de l’une des dames de sa suite, Madame du Fresnoy.

La Mazure apparaît encore dans la correspondance de Richelieu, dans le cadre de la charge et de l’influence qu’il exerce auprès de la Reine mère, en 1632 et en 1634⁴. 

En juin 1640, il tente une première fois, en vain, de négocier, par le truchement du médecin de Marie de Médicis, Jean Riolan, du fils de ce dernier, Philippe Riolan, abbé de Flavigny, et du père dominicain Jean-Baptiste Carré, son retour en France en échange d’informations. Il souhaite en effet obtenir l’annulation du mariage contracté sans son consentement par sa fille, Élisabeth, avec un serviteur de la Reine mère, La Borde. Le père Carré, méfiant, reste dans l’expectative et Monsieur de La Mazure parvient à gagner Dieppe sans attendre davantage. Il est arrêté, sans passeport, par Guillaume II de Montigny, gouverneur de Dieppe, en juillet 1640, et implore à nouveau l’aide de Richelieu, par l’intermédiaire du père Carré. Ce dernier obtient sa libération.

La Mazure réitère sa demande de passeport, par l’intermédiaire des mêmes, en mai 1641, ayant suivi Marie de Médicis en Angleterre, où La Borde est incarcéré, à la tour de Londres. Partisan d’une réconciliation de Marie de Médicis avec Louis XIII, soucieux de donner des gages de sa bonne foi, il informe alors le père Carré, et Richelieu, des faits et gestes de la Reine mère. Le 28 février 1641, c’est lui qui informe le cardinal-ministre que Marie de Médicis renonce à revenir à France : ses agissements sont connus de l’entourage de la reine mère, d’où la demande formulée⁵. Il écrit pour ce faire à la nièce de Richelieu et au père Carré qui en informe Richelieu en ces termes : « le pauvre Monsieur de La Mazure, votre bon serviteur, est accablé par la puissance de Fabroni et de ses deux associés : il demande un passeport pour revenir en France ; il en écrit à Madame la Duchesse [Marie-Madeleine de Vignerot du Pont-de-Courlay, dame de Combalet, duchesse d’Aiguillon] et à moi »⁶.

Ses lettres ne sont pas chiffrées mais utilisent des sobriquets, dissimulant mal l’identité réelle des protagonistes. Lui-même se désigne sous le nom de « La Houssaye ».

Élisabeth Haton de La Mazure épouse ensuite Lancelot de Fontenaille, chevalier, seigneur de Surgoce⁷.

Les vastes recherches de Madame Odile Halbert ont montré que, veuf avant le mois d’avril 1642, il réside à cette date à Paris et sollicite les assignations de membres de sa famille maternelle (René Dutertre, écuyers, seigneur du Bois-Joullain, et Paul Dutertre, écuyer, seigneur du Tertre) afin de pouvoir régler la dot d’une autre de ses filles, Marie Haton, promise à Esprit Baudry, chevalier, seigneur Dasson⁸. Il a également une autre fille, Catherine, qui épouse Jacques Charles de Bezanne, seigneur de La Petitière, et un fils, comme lui prénommé Pierre, qui épouse Jeanne Cantariny (ou Cantarini). Son fils ou lui se porte acquéreur de terres à la Sézeulle, paroisse de Sainte-Gemmes, près de Segré⁹.

Voir aussi Sophie Guérinot-Nawrocki, Les réseaux d’information et la circulation des nouvelles autour de l’exil de Marie de Médicis (1631-1642), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV), dir. L. Bély, 2011, p. 209, p. 242 note 755, p. 283, 300, 410-412, 457-459, 469-470, 497. 

Texte 731,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Le billet a été publié par Denis-Louis-Martial Avenel – éd. –, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome I, p. 656. [↩]
2. Voir l’étude très fouillée que Madame Odile Halbert a consacrée à la famille Haton, disponible en ligne, p. 17 et p. 25, consultée le 28/01/2014. [↩]
3. Ibidem. [↩]
4. Voir le courrier que Jean de Guron, seigneur de Rechignevoisin, adresse à Richelieu, de Nancy, le 12 mai 1632, translation publiée en ligne, texte 731 ; un courrier de Le Verdier, peut-être adressé à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, de Bruxelles, le 6 mai 1634, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, tome 1, p. 453-456. [↩]
5. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome VII, p. 757 note. [↩]
6. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, ouvrage cité, tome VI, p. 779 note. [↩]
7. Étude de Madame Odile Halbert sur la famille Haton, citée ci-dessus, p. 24. [↩]
8. Voir le blog d’Odile Halbert, consulté le 28/01/2024, d’après les registres de tutelle conservés aux Archives Nationales, cote AN-Y9910B ; et l’étude consacrée par Odile Halbert à la famille Haton citée plus haut, consultée le 28/01/2014. [↩]
9. Voir l’inventaire en ligne des Archives départementales du Maine-et-Loire, cote E 2816, famille Haton, consulté en ligne le 28/01/2024. [↩]