Claude de Mallier du Houssay à Richelieu, Châlons-en-Champagne, 25 août 1635.

Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 28, f° 190-191. Original autographe. Suscription au f° 191 v° : « à Monseigneur, Monseigneur l’éminentissime cardinal duc de Richelieu ».

Monseigneur,

Le convoi partit hier de cette ville et de Vitry[-le-François] avec toutes les troupes que Monseigneur le Comte [de Soissons] a ordonnées, comme vous me commandiez par votre lettre du 21^e, que M. de Mayola m’a apportée. Je crois qu’il est bien de six à sept cents charrois et de trois cents cinquante muids de blé pour le moins, ne le vous pouvant pas encore mander certainement, d’autant qu’il y en a qui ont manqué, ce sera pour le premier jour. Je les y accompagne de trente charrois de munitions de guerre et d’armes, quoique je vous eusse mandé ne le pouvoir faire.

Puisque l’état des affaires veut que l’on prenne quelque nombre de charrois pour servir à l’armée, j’ai mandé à Messieurs les généraux qu’ils fassent ce qu’il leur plaira, mais que c’est la ruine du pays et des convois. Et puis, ils ne serviront pas huit jours qu’ils ne soient ruinés. C’est un grand soulagement pour cette province que les cent cinquante chariots que vous me mandez qui doivent partir jeudi, et mille bénédictions de ce pauvre peuple qui est bien ruiné des passages de gens de guerre sur le Roi et sur Votre Éminence. Ces charrois serviront à faire des voitures dorénavant jusqu’à la fin de septembre ou d’octobre avec ceux que je pourrai encore lever s’il se peut, et fais état de préparer un second convoi pour le huit ou dixième septembre que le second corps doit passer, et continuer le plus grand que je pourrai avec les escortes que mandez de deux régiments de dragons des compagnies de cavalerie de Marolles, Amanty¹, et autres qui ne sont point encore en cette province, pourvu que Monseigneur le Comte juge qu’elles soient suffisantes comme je le crois et que le duc s’enfuira belle <…> quand il verra tant de troupes à ses trousses.

L’extrait de la lettre qu’il a plu à Votre Éminence m’envoyer m’avertit de ce qu’il lui plaît que je fasse, sans qu’elle [ne] m’en mande rien. J’espère que je donnerai tout contentement sans lui en rien mander davantage.

Je viens de recevoir mes arrêts pour faire cotiser la ville de Châlons à <XV^M> <…> de blé et celle de Vitry à <V^M> <…> que mande à Messeigneurs les surintendants [Claude Bouthillier et Claude de Bullion], que je sursoirai jusqu’à ce qu’ils me fassent encore savoir de leurs nouvelles sur l’arrêt que je leur envoyai hier et que je leur envoie encore quasi semblable à ceux qu’ils ont envoyés, et sur mon avis qu’il en faudrait prendre plus grande quantité, sur quoi j’attendrai aussi les commandements de Son Éminence.

Je n’avais mandé de faire prendre des blés à Langres et à Chaumont que pour soulager ces élections des charrois principalement. Mais puisque Votre Éminence en envoie, j’estime que sa résolution est très bonne de garder les blés de ce pays-là pour les troupes qui y pourront passer, mais il faudrait les assurer comme on fait ici, où je demeurerai et partout ailleurs, le reste de ma vie, Monseigneur, de Votre Éminence, très humble, très obéissant et très obligé serviteur,

Houssay

À Châlons, le 25^e août

1. La compagnie de Marolles est celle de Joachim de Lenoncourt, baron de Marolles. La compagnie de cavalerie « d’Amanty » est, quant à elle, levée soit par Claude II de Verrière, seigneur d’Amanty, soit par son gendre Jacques du Brouillard, seigneur de Saint-Cyr, le premier s’étant démis, précisément à cette époque, de sa compagnie de chevau-légers en faveur du second. [↩]

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